Place Gabriel Péri à la Guillotière. (Photo Hadrien Jame)

Lyon : "épuisé", le collectif la Guillotière en Colère "tire sa révérence" 

Après trois années passées à dénoncer les "problématiques de délinquance, drogues, insalubrités et violences" du quartier, le collectif Guillotière en Colère a décidé de jeter l’éponge au terme d’un "épuisement général". 

Très actifs sur les réseaux sociaux, souvent acerbes vis-à-vis des autorités, parfois à l’excès pour les mettre face à leurs responsabilités envers les habitants du quartier de la Guillotière, les membres de l’association ont décidé de jeter l’éponge. Intitulé "Il est temps de tirer notre révérence…" le 7 272 tweet posté sur le compte Twitter de la Guillotière en Colère retrace les combats menés depuis septembre 2019 par le collectif de riverains excédés par les conditions de vie dans leur quartier. 

Interrogée, la présidente de l’association, Nathalie Balmat, confie que "cela faisait un petit moment que cela couvait". À l’entendre, cette décision découle "d’un épuisement général. Cela fait trois ans que l’on se bat et nous voyons que cela n’avance pas suffisamment". 

Trois ans d'actions

Au-delà des publications caricaturales des élus de la majorité écologiste et des dizaines de photos publiées chaque semaine pour moquer les changements apportés dans le quartier par la mairie et la Métropole, ou simplement mettre en lumière l’insalubrité de cette partie des 3e et 7e arrondissements, le groupe de riverains estime avoir été "instigateur d’un changement qui est amené à se prolonger et à durer. À la Guillotière, personne ne disait rien, tout était caché et nous avons mis le doigt sur les problèmes. Nous avons toujours dit que nous étions des lanceurs d’alertes". 

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Alors que la Maison des Projets vantée par la mairie pour renouer le dialogue avec le quartier a ouvert ses portes en fin de semaine, que quelques aménagements légers ont eu lieu dans le secteur de Gabriel Péri, avec l’installation d’une "nouvelle traversée piétonne" du cours Gambetta ou encore d’urinoirs mobiles, et qu’un travail social est conduit auprès des occupants de la place du Pont, les grands changements se font attendre. Un an après la grande réunion publique organisée avec les habitants, le maire de Lyon confiait lors du dernier conseil municipal que ces derniers seraient arrêtés et dévoilés à l’automne, sans donner plus de détails. 

De quoi justifier l’abandon du combat par la Guillotière en Colère ? "Pas du tout", selon Nathalie Balmat. "Mon ton peut paraître défaitiste, mais on reste optimiste parce que des choses ont été mises en place. La BST [une unité de police spécialisée déployée il y a quelques mois par l’État dans le quartier, NDLR] fait du bien, elle apaise. On a mis des choses en place, rencontré des personnes impliquées, des habitants que l’on ne connaissait pas, ça a vraiment été une aventure humaine assez incroyable", assure-t-elle.

Une rancoeur vis à vis des pouvoirs publics

Sans doute, le collectif en colère le plus actif de Lyon, l’association, comme d’autres avant elle, à l’instar de Presqu’île en colère, a fini par "s’essouffler". Ce dont sont pour partie responsables la mairie et la Métropole estime Mme Balmat. "C’est la faute de la mairie et de la Métropole si nous disparaissons. Au début on était vraiment dans un dialogue et une construction. Je pense que si nous avions eu des rendez-vous de travail réguliers avec la mairie, la Métropole et la préfecture peut être que nous existerions encore et qu’on ne s’appellerait pas la Guillotière en Colère". À l’origine, le nom de l’association était effectivement "Riverains de la Guillotière". 


"On a porté quelques chose et cela s’arrête parce qu’on en a marre et que l’on s'essouffle un peu aussi, c’est terrible", Nathalie Balmat, présidente de la Guillotière en Colère


À la question de savoir si d’autres reprendront le flambeau, celle qui a pris la lumière médiatique pendant de nombreux au travers de ses prises de parole sur le quartier, et qui semble soulager de retourner à sa vie personnelle, doute que quelqu’un "reprenne à ce niveau". Pour autant, elle appelle chacun des habitants à "prendre sa vie en main et agir si des choses ne leur plaisent pas" et peut-être "qu’au lieu d’avoir un interlocuteur pour la Guillotière, la mairie, la Métropole et la préfecture en auront 50…".

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