Détail d’un dessin de Kanellos Cob pour Lyon Capitale
© Kanellos Cob (détail)
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Lyon est-elle une capitale européenne ?

Dans la liste des ingrédients du succès du modèle lyonnais, l’apport européen est rarement mis en avant. Il va pourtant de pair avec la dynamique économique et culturelle de Lyon. Dans la culture, avec Arty Farty, comme sur le plan institutionnel, Lyon tente de développer son propre réseau européen : celui des capitales économiques à défaut d’être des capitales nationales.

L’Europe peine à s’incarner politiquement, comme vont sans doute le rappeler les élections du 26 mai où l’abstention risque, une fois de plus, d’être le premier parti de France. L’Union européenne souffre aussi de son côté immatériel. En dehors de Bruxelles et Strasbourg, elle n’a pas de réalité concrète. Elle s’est dissoute dans les grandes villes du continent, devenues empiriquement des sortes d’appartements témoins. Mais ils ont été construits de manière un peu anarchique, sur le modèle de l’auberge espagnole, sans bâtiment totem. Lyon émerge sur la carte européenne dans tous les secteurs : l’économie, la santé, le sport, ou encore la culture. Le dynamisme économique du territoire carbure aux effets positifs de la mondialisation et indirectement à ceux de l’Union européenne : la libre circulation des biens et des personnes. Économiquement, Lyon abrite des géants dans de nombreux secteurs : la chimie, avec Solvay (un géant né de l’acquisition de Rhodia par la société belge) ou Bayer, l’industrie pharmaceutique avec Sanofi et Mérieux, l’événementiel avec GL Events. Tous sont des leaders européens dans leurs domaines respectifs.

Ville ouverte

Institutionnellement, la métropole de Lyon tisse sa toile européenne. “Lyon a noué des liens avec de très nombreuses villes étrangères, que ce soit dans le monde économique, universitaire ou culturel. Mais l’influence de l’Europe ne saute pas aux yeux. Surtout, nous avons en France une fâcheuse tendance à expliquer nos réussites par les politiques locales ou nationales, mais jamais par celle de l’Union européenne”, peste Alain Réguillon, le président de la Maison des Européens, une association qui tente de faire la pédagogie de la construction communautaire. “Lyon et la région Auvergne-Rhône-Alpes ont véritablement acquis une dimension européenne, selon lui, mais elle n’est pas assez mise en avant.” Il n’est désormais plus rare d’entendre parler une langue étrangère dans la rue. La ville s’est ouverte aux touristes, mais pas seulement. Les entreprises s’internationalisent et Lyon avec. Elle renoue avec son histoire. “Historiquement, la ville est ouverte. Chaque fois que l’Europe a été forte, Lyon en a profité. En France, le pouvoir étant très centralisé, l’Union européenne permet à Lyon de s’affirmer”, souligne Jacques Fayette, un universitaire lyonnais qui a longtemps présidé la Maison des Européens. Une vision partagée par François Turcas, le président de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) : “L’Europe donne à nos entreprises une ouverture mondiale que nous ne pourrions pas avoir dans une construction nationale.” Lyon s’imagine d’ailleurs un avenir européen qui l’émanciperait des contingences parisiennes. “Lyon a renforcé sa place ces dernières années en se positionnant dans le réseau des villes qui feront l’Europe de demain, avec Barcelone, Amsterdam ou Milan, qui sont des places économiques majeures. Les discussions entre États membres sont plus difficiles, elles s’affaiblissent. Au sein d’un réseau de villes, nous pouvons créer un espace commun”, estime Karine Dognin-Sauze, l’adjointe au maire de Lyon chargée des relations internationales.

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