Georges Képénékian
Georges Képénékian

"Lyon est un peu sous l'étouffoir" regrette Georges Képénékian

Georges Képénékian, conseiller municipal et candidat aux municipales à Lyon en 2026, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

L'ancien maire de Lyon aspire à le redevenir. Début février, Georges Képénékian, maire de Lyon par intérim de l'été 2017 à l'automne 2018, s'est officiellement déclaré candidat aux élections municipales lyonnaises de 2026. "Cette ville est un foisonnement de beaucoup de choses et qu'on a l'impression qu'elle est un peu sous l'étouffoir depuis quelques années, voire même une ébauche de déclins tant sur le plan économique que son rayonnement, l'attractivité est devenue un gros mot. Donc l'idée de relancer une dynamique dans cette ville en s'appuyant sur des hommes et des femmes qui ont envie de s'occuper de leur ville et évidemment de travailler avec une partie des gens qui ont déjà de l'expérience", justifie-t-il.

S'il partage l'objectif de Grégory Doucet de s'adapter aux enjeux du réchauffement climatique, il déplore un problème de méthode : "Grégory Doucet incarne une vision de sauver la planète, ce dont je suis bien entendu parfaitement d'accord, mais si on sauve la planète sans les hommes et les femmes, ça va poser un problème. Et la rapidité, la contrainte qui est posée au nom de ce principe brusque un peu les Lyonnais et les Lyonnaises".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Georges Képénékian

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons Georges Képénékian. Vous êtes conseiller municipal à Lyon, vous êtes aussi ancien maire de Lyon et vous aspirez à le redevenir puisque vous avez annoncé la semaine dernière votre candidature, votre entrée en campagne. Qu'est-ce qui vous a décidé à repartir ? Vous aviez déjà été candidat en 2020 sans succès, qu'est-ce qui vous fait dire que cette année, enfin l'an prochain plutôt, ça pourrait être la bonne, qu'est-ce qui vous a poussé à être candidat ?

D'abord c'est un appel qui a été lancé au nom de notre association qui s'appelle Lyon Quelle Énergie, c'est une manière de dire que cette ville est un foisonnement de beaucoup de choses et qu'on a l'impression qu'elle est un peu sous l'étouffoir depuis quelques années, voire même une ébauche de déclins tant sur le plan économique que son rayonnement, l'attractivité est devenue un gros mot. Donc l'idée de relancer une dynamique dans cette ville en s'appuyant sur des hommes et des femmes qui ont envie de s'occuper de leur ville et évidemment de travailler avec une partie des gens qui ont déjà de l'expérience, donc c'est cette idée-là qui m'a poussé à porter candidature, au demeurant quelques expériences professionnelles, j'ai été médecin, responsable de stratégie hospitalière et puis adjoint à la culture, et puis premier adjoint et puis maire, donc je fais partie de ceux qui pensent que le métier entre guillemets de maire ne peut pas s'improviser, donc il faut aujourd'hui peut-être un peu d'expérience pour le faire.

Quand vous dites qu'il y a des énergies qui sont étouffées, vous pensez à quoi ? Qu'est-ce que vous voyez concrètement qui vous fait dire la ville de Lyon va dans la mauvaise direction ?

Alors, je n'ai pas parlé de direction, j'ai parlé plutôt d'un repli sur soi. On voit bien qu'entrepreneuriat est devenu un mot pas très chaleureux, attractivité et rayonnement de la ville. Lyon est une ville qui depuis la nuit des temps s'ouvre au monde et on pourrait citer beaucoup d'exemples dont les frères Lumière qui envoyaient dès 1896 des opérateurs pour ramener à Lyon des images de Chicago, du Caire. Donc Lyon s'inscrit toujours dans l'histoire du monde, dans l'histoire des civilisations et à la rencontre des autres. Donc attractivité est devenue un mot pas très bien et on voit bien le commerce, les modes de déplacement dans cette ville, on n'a jamais aussi peu construit dans cette ville et la population stagne. Alors, ce n'est pas encore dramatique mais vous voyez aujourd'hui en moins de 10 ans, Lyon qui était troisième ville, on aimait dire qu'on était la deuxième en oubliant un peu que Marseille était plus nombreux que nous, mais là on va être quatrième parce que Toulouse va passer devant nous. Donc ce n'est pas un problème de chiffre, c'est quelque chose dans ce qui se passe dans cette ville qui cherche plutôt au repli sur soi.

On a publié récemment un sondage où 56% des Lyonnais estimaient que la ville évoluait mal, 58% se déclaraient mécontents de l'action de Grégory Doucet. C'est un problème d'incarnation ou c'est un problème de politique ? Vous sentez un rejet de Grégory Doucet ou un rejet de ses politiques, voire les deux ?

Je pense que oui, c'est toujours pareil, on incarne une politique et Grégory Doucet incarne une vision de sauver la planète, ce dont je suis bien entendu parfaitement d'accord, mais si on sauve la planète sans les hommes et les femmes, ça va poser un problème. Et la rapidité, la contrainte qui est posée au nom de ce principe brusque un peu les Lyonnais et les Lyonnaises. Tout le monde a compris les questions du climat, tout le monde est au courant de ça, je pense que très peu à Lyon se sentent anti-écologistes. Par contre, la manière de presser les gens au quotidien n'est pas tous de la même manière. Vous savez, une ville, c'est une mixité. Il faut qu'il y ait des gens aisés et des gens moins aisés. Il faut que tous les métiers qui sont nécessaires à la prise en charge de tas de gens, l'hôpital, les aides-soignantes, les instituteurs, les boulangers qui commencent tôt le matin, ont besoin de pouvoir arriver à Lyon. Si on peut plus se loger à Lyon, tous ces métiers qu'on disait invisibles au moment du Covid vont disparaître. Donc, cohésion, rassemblement des Lyonnais et des Lyonnaises, et une ville qui retrouve sa mixité, son histoire de confluence, de convergence des idées.

Vous parlez de convergence, il faudra un moment qu'il y ait des convergences pour devenir maire de Lyon. Vous partez là plutôt sans étiquette, au nom de la société civile, vous les cornaquez à un groupe de Lyonnais impliqués. C'est une candidature hors des partis, au-delà des partis, comment vous la qualiférez ? Est-ce que vous cherchez aussi une investiture ? Est-ce que, par exemple, vous voudriez être le candidat de renaissance ? Vous avez gardé des relations plutôt personnelles avec Emmanuel Macron. Est-ce que vous espérez être le candidat de cette famille politique-là ?

Alors deux choses. D'abord, cornaquer est sûrement le plus mauvais mot. Je pense qu'aujourd'hui, il faut vraiment créer des espaces de dialogue, de débat, de reconnaissance de l'autre, et c'est ça qui manque aujourd'hui. Et vous comprenez que quand je dis ça, il devient difficile dans l'état des partis, des organisations politiques que vous citez, il est difficile aujourd'hui. Il y a trois ans, probablement, que je n'aurais pas dit la même chose. Je pouvais encore penser que les partis étaient en mesure de retrouver un espace d'échange avec les habitants. Mais aujourd'hui, être d'un parti, c'est devenu une contrainte. Ça vous enferme. Et quand vous êtes d'un parti, vous ne pouvez pas parler facilement avec les autres. Or, la gestion de la ville exige la convergence, la fédération des idées. Plus personne ne peut avoir seul une bonne idée. Donc, il faut créer un espace. J'aime bien ce terme des Québécois qui disent débatons jusqu'à ce qu'on trouve des accommodements raisonnables. Je pense qu'on est dans ce temps-là et que c'est ça que l'on fait. Alors, pas au-dessus, pas en dehors, au milieu. Bien entendu qu'il faut discuter avec tout le monde. Et ce que je me propose, c'est de créer une espèce d'alliance, j'allais dire, de l'intérêt général de cette ville en évitant d'être prisonnier d'une vision partisane.

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