Le calcio storico est intimement lié à l'histoire de Florence. Pourtant, la citation qui introduit le documentaire de Netflix consacré à ce sport de ballon le plus violent au monde ne puise pas ses racines en Italie, mais en France, à Lyon.
Mélange de football, rugby, handball, lutte et boxe sans gant... le calcio storico est un sport traditionnel lié à l'histoire de Florence. Chaque année, le 24 juin, les quartiers de la ville s'affrontent dans ce qui est considéré comme le sport de ballon le plus violent au monde. De chaque côté du terrain, 27 joueurs se livrent à des joutes sans pitié où personne ne retient ses coups. Tout joueur à terre n'a pas le droit de se relever tant qu'aucun but n'est pas marqué.
Inspiré du sport antique de l'Harpastum, le calcio storico rythme la vie de Florence depuis le 17 février 1530. Assiégés par les armées de Charles Quint, les habitants de la nouvelle république proclamée décident de s'offrir une ultime bravade en organisant un match de calcio storico, sans vainqueur désigné, si ce n'est une ville qui refuse d'abdiquer. En août de la même année, elle devra s'y résigner, mais le calcio storico va s'imposer comme un événement incontournable capable de traverser les âges, sans pourtant s'exporter en dehors de l'Italie, pourtant Lyon va faire exception.
Un match en honneur d'Henri III
En 1574, les marchands florentins, largement implantés à Lyon décident d'organiser un match dans cette capitale européenne de la renaissance en l'honneur du roi de France Henri III. Ce dernier est présent en ville avec sa cour après un voyage en revenant de Pologne via l'Italie. Face au spectacle qu'on lui présente et qu'il n'aurait pas apprécié, il déclare : "trop petit pour qu’on l’appelle la guerre, trop cruel pour qu’on l’appelle un jeu".
Le couperet tombe, les marchands ne réorganiseront pas de match de calcio storico à Lyon, même si cet événement va laisser un souvenir qui s'invitera à nouveau dans l'histoire de la ville.
Le match de 1998
En 1998, à l'occasion de la coupe du monde du football, Lyon décide d'organiser une reconstitution de calcio storico. Une équipe est montée pour affronter une délégation de Florence. Le Parisien consacre un article à ce qui est présenté comme "Les ratés de la fête du Mondial à Lyon" et résume le match qui a "rapidement tourné au pugilat entre les deux équipes. Et la rencontre amicale a dû être purement et simplement annulée".
La manifestation qui devait se tenir devant 5 000 spectateurs coûte plus de 2,7 millions de francs, dont 1 million octroyé par la ville. Des chiffres élevés pour l'époque qui déclenchent la polémique. Fin de partie pour le calcio storico à Lyon.
En 2020, Netflix consacre une série de documentaire sur les "Sports d'ailleurs" avec un premier épisode sur le calcio storico. Pour résumer ce sport, l'introduction débute sur la citation d'Henry III après le match de Lyon "trop petit pour qu’on l’appelle la guerre, trop cruel pour qu’on l’appelle un jeu".