Bousculés par l’obligation d’assurer des cours à distance, les enseignants sont en train d’entrer, par la force des choses, dans l’ère numérique. Une évolution qui pourrait s’installer durablement et modifier l’organisation physique et pédagogique de l’école.
C’est une institution que l’on pensait rétive aux changements. L’épidémie de coronavirus a fait jaillir une nouvelle facette de l’Éducation nationale. Contraints de s’adapter à un enseignement à distance qui n’était pas dans leurs matrices, les professeurs et les instituteurs ont revu leur copie et inventé une nouvelle manière de faire classe. “On peut leur tirer un coup de chapeau. C’est presque un autre métier qu’ils ont dû apprendre. Ils ont fait de gros efforts. Ils ont été créatifs”, relève Valérie Gassman, responsable départementale de la FCPE du Rhône. Une révolution, à distance et par écrans interposés, qui s’est parfois faite dans la douleur. “La première consigne a été de passer par le CNED (Centre national d’enseignement à distance), mais leurs serveurs ont explosé. Rien n’était prêt. Heureusement que j’avais réussi à donner des travaux à mes élèves juste avant le confinement. Après on a été dans la débrouille. J’ai fait des choses que l’on ne fait jamais, comme appeler avec mon téléphone personnel des enfants ou des parents. J’ai créé une discussion Discord (une plateforme de messagerie instantanée) avec mes élèves. Je reçois parfois des mails à 1 h du matin ou le week-end. Les enfants ont un rythme différent en ce moment. C’est le système D”, raconte Samuel Delor, professeur en lycée professionnel et secrétaire départemental de la CGT Educ’action. En primaire et en maternelle, les enseignants ont souvent déposé les activités pédagogiques sur des supports numériques en s’affranchissant des barrières horaires habituelles : tôt le matin ou le week-end. Les journées se font au rythme des visioconférences pour les professeurs. Avec parfois des surprises. “Un jour, j’avais 30 participants à l’un de mes cours en vidéo alors que je n’ai que 24 élèves. Sur les forums d’adolescents, ils s’échangent les liens des visioconférences. Ce jour-là, quatre personnes s’étaient invitées sous le pseudo Emmanuel Macron”, s’amuse Samuel Delor. “Les équipes pédagogiques ont fait un travail incroyable et ont été créatives. Des enseignants qui étaient rétifs à la chose informatique s’y sont mis”, souligne Gilles de Bailliencourt, directeur de l’enseignement catholique du diocèse de Lyon. L’école à distance a toutefois révélé une fracture générationnelle.Il vous reste 70 % de l'article à lire.
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