Lyon pompiers noyade
Image d’illustration @WilliamPham

Lyon : hausse des noyades dans le Rhône, les plans d’eau en milieu naturel principalement concernés

Entre les mois de mai et août 2021, les sapeurs-pompiers du Rhône sont intervenus à 63 reprises pour des noyades dans le département et la Métropole de Lyon. Des incidents en augmentation et qui surviennent principalement dans les plans d’eau en milieu naturel, comme le lac de Miribel Jonage, ou dans le Rhône, notamment  au bord du parc de la Feyssine. 

Le 15 août, en moins de deux heures, les sapeurs-pompiers sont intervenus à deux reprises pour des noyades dans le Rhône, au parc de la Feyssine, à Villeurbanne, et sur la commune de Givors. Avalées par les eaux du fleuve, les deux victimes n’ont pas pu être sauvées, malgré d'importants dispositifs de recherche déployés par les pompiers. Les corps ne sont remontés à la surface que trois jours plus tard. 

Avec l’arrivée des beaux jours, ces accidents sont malheureusement fréquents dans le département et la Métropole de Lyon, même si dans la majorité des cas les noyades ne se révèlent pas fatales. Entre les mois de mai et août 2021, le SDMIS est intervenu à 63 reprises dans le Rhône pour des noyades, qui ont finalement coûté la vie à quatre personnes. Aux deux noyés du 15 août, vient s’ajouter le décès d’un homme à Oullins, le 10 août, alors qu’il tentait de sauver son neveu de la noyade, ainsi que celui d’un jeune de 28 ans poussé du pont de la Guillotière et repêché le 16 juin.

EDIT 24/08 à 10h30 : Lundi 23 août, un jeune homme a trouvé la mort dans le lac du parc de Miribel-Jonage, portant le bilan des décès par noyade à cinq personnes dans le Rhône.

Des noyades en augmentation 

Globalement, sur les quatre dernières années le nombre d’interventions des pompiers pour des noyades est en augmentation dans le département. Bien que plus fréquentes depuis une vingtaine d’années, en raison de la démocratisation de l’équipement, les interventions dans les piscines particulières, ne représentent finalement que 14 incidents dans les chiffres du SDMIS, de mai à août, et aucun des décès évoqués précédemment. Toutefois, selon le lieutenant David, il faut prendre ce nombre avec des pincettes, ce type de noyade n’étant pas toujours enregistré sous cette appellation. 

En revanche, le chiffre qu’il avance avec certitude est celui des interventions, en milieu naturel, "il n’y a que nous qui nous déplaçons pour ça", explique-t-il. Selon ce conseiller technique nautique du SDMIS, les noyades en milieu naturel, comme celles qui surviennent au lac de Miribel Jonage ou dans le Rhône, en bordure du parc de la Feyssine par exemple, représentent la majorité des interventions des plongeurs et sauveteurs aquatiques, 49 sur 63 ces derniers mois.

De très nombreuses noyades dans les plans d'eau

Un phénomène qu’il attribue souvent à un manque de surveillance, mais aussi au fait que de nombreuses personnes ne savent pas, ou mal, nager. Un problème exacerbé par la fermeture des piscines en raison de la crise sanitaire, liée au Covid-19, et qui faisait craindre aux sauveteurs une saison 2021 particulièrement compliquée. "Au début de l’été, on était inquiets en raison du fait que de nombreux jeunes en âge d’apprendre à nager en 2020 n'ont pas pu le faire. Sur l’agglomération de Lyon, il y a beaucoup d’enfants de familles moins aisées, qui, en temps normal, apprennent à nager dans le cursus scolaire", souligne le lieutenant David. Selon lui, s’ils ne sont pas formés au travers de l’école, ils découvriront les rudiments de la natation "sur le tas à Miribel, et c’est là que les accidents interviennent. Heureusement, la météo au mois de juillet a été très mauvaise", souffle-t-il.

Outre les interventions au lac de Miribel Jonage, les pompiers se déplacent régulièrement pour secourir des personnes dans le Rhône, un fleuve où la baignade est pourtant proscrite, comme dans la Saône, depuis de nombreuses années. "Autant, dans les années 60 et 70 il y avait des endroits qui étaient autorisés et même aménagés pour ça, mais c’est terminé aujourd’hui", explique Luc David.  En effet, "depuis août 1975 un arrêté préfectoral interdit la baignade dans le Rhône", en raison notamment de son débit très important, environ 800 m3/s, et des nombreux éléments qu’il charrie. Au fil des années, les municipalités qu’il longe ont également pris des arrêtés allant dans ce sens, comme à Caluire-et-Cuire, Lyon ou encore Villeurbanne.

Grand Parc de Miribel-Jonage
Les pompiers du Rhône interviennent fréquemment pour des noyades au lac du Grand Parc de Miribel-Jonage, un lieu prisé des Grand Lyonnais. C.Belsoeur / Lyon Capitale

Le parc de la Feyssine un lieu à haut risque

Toutefois, à l’approche de l’été, les habitants de la Métropole sont régulièrement attirés par les eaux du Rhône, si proches, mais si dangereuses. Très prisé des Grands Lyonnais et Lyonnaises, le parc de la Feyssine, qui se situe au bord du Rhône, au carrefour entre Caluire-et-Cuire, Vaulx-en-Velin et Villeurbanne, est ainsi régulièrement le théâtre d’accidents dramatiques. "Tous les ans, il y a des morts la semaine du 15 août, déplore le lieutenant David. C’est un lieu qui est très attirant, mais ce n’est pas pour rien qu’il est interdit à la baignade. Le courant y est très fort et le sol est instable."

Composé de petits cailloux, le sol qui borde les eaux du Rhône à cet endroit a, en effet, rapidement tendance à se dérober sous les pieds des baigneurs, notamment lorsqu’ils cherchent à sortir de l’eau."Même si l’on se rafraîchit seulement jusqu’aux genoux ou au bassin, un accident est vite arrivé. L’année dernière, une jeune fille est décédée alors qu’elle jouait au bord de l’eau. Le tas de cailloux sur lequel elle se trouvait a glissé et elle s’est noyée", explique le lieutenant du SDMIS.


"La principale chose à faire reste d’appeler au plus vite les secours et de localiser l’endroit où la personne a disparu. Plus le témoignage de départ est précis, plus on trouvera la personne rapidement ", lieutenant David du SDMIS.


Bien que la fin de l’été soit proche, le risque de noyade est encore bien d’actualité alors que les beaux jours ne sont pas terminés. Aux éventuels témoins de ce genre d’incidents, Luc David livre donc ce conseil : "Si vous êtes un nageur hors pair, vous pouvez aller porter assistance à la victime, mais il ne faut pas vous mettre en danger. Néanmoins, la principale chose à faire reste d’appeler au plus vite les secours et de localiser l’endroit où la personne a disparu. Plus le témoignage de départ est précis, plus on trouvera la personne rapidement et plus les chances de la sauver seront grandes. C’est capital ! ".

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