En réalisant le grand dôme de l'Hôtel-Dieu, Jacques-Germain Soufflot a signé une architecture néo-classique qui amalgame les prescriptions de la légèreté gothique à la magnificence antique. Un chef- d'oeuvre qui raconte la grande et les petites histoires de Lyon. Et c'est en libre accès.
"The jewel in the crown" (le joyau de la couronne) selon le magazine économique américain Forbes. "Breathtaking" (à couper le souffle) selon un tour-opérateur asiatique. "An icon" dixit Mary Gostelow, vénérée comme la gourou internationale des voyages de luxe. "La pièce de résistance" (sic) du "palatial" édifice emblématique de Lyon selon l'éditeur new-yorkais Condé Nast.
Le grand dôme du Grand Hôtel-Dieu serait-il plus connu des étrangers que des Lyonnais ? Malgré les 2 000 personnes (chiffres de la direction de l'hôtel InterContinental) qui ont défilé chaque jour cet été goûter au chef-d'oeuvre de l'architecte bourguignon Jaques-Germain Soufflot, toujours est-il que très peu de Lyonnais savent que le grand dôme est libre d'accès.
Oculus
Le cœur du bâtiment historique est aujourd'hui le centre névralgique de l'hôtel quintuplement étoilé InterContinental. Il accueille Le Dôme, un bar unique au monde, aux volumes et à l'architecture à couper le souffle (on y revient en détail plus loin ; mais un peu d'histoire permet de se faire une idée de la monumentalité et de la palatialité des lieux).
Une surface au sol, dallée de marbre noir et blanc (travail du marbrier suisse Henry Doret), de 500 mètres carrés, une hauteur de 32 mètres avec un oculus sommital hypnotique, deux tribunes et un étage avec fenêtres qui apportent de la lumière, des caissons à rosaces feuillagées en taille décroissante sur la clef de voûte, des angelots, des guirlandes de raisins, d'acanthes, de fruits et de bleuets à godrons entourant les arcades et des chapiteaux de pilastre, œuvres en calcaire taillé des sculpteurs Dessard et Clément Hayet (lire l'une des factures plus bas). Achevé en 1761, le grand dôme constitue l’élément architectural fort de la composition de Jacques-Germain Soufflot, un architecte d'origine bourguignonne qui a marqué la France de son empreinte : une architecture néo-classique qui amalgame les prescriptions de la légèreté gothique à la magnificence antique.
"Contrefaçon"
En 1741, les recteurs de l'Hôtel-Dieu signent une convention de huit ans avec Soufflot pour la construction d'une façade monumentale aux allures palatiales sur le Rhône, "avec arcades formant boutiques à louer au rez-de-chaussée, ainsi que toute une série de bâtiments sur l’arrière, dont trente loges pour les fous" (in "Dictionnaire historique de Lyon"). Le chantier commence un an plus tard mais est rapidement arrêté faute d'argent. Une éclaircie économique permet aux travaux de redémarrer en 1754. Soufflot ayant entre temps quitté Lyon pour Rome, la direction est confiée à deux de ses élèves, Toussaint Loyer et Melchior Munet. Ils élèvent notamment le grand dôme qui doit permettre d'évacuer les miasmes des nouvelles chambres des malades, situées en face. La coupole majestueuse est achevée en 1761. Aussitôt, une polémique naît autour du profil qui aurait été dénaturé. Soufflot, qui estime que son dessin originel a été altéré proteste vivement. Chacun se renvoie l'ascenseur : Loyer accuse Munet. Munet assure avoir agi avec les recteurs de l’hôpital et les recteurs jurent sur leur bonne foi qu'ils ont respecté les plans de Soufflot.
Flammes
Début 1900, le maire Victor Augagneur, favorable à la désaffection de l'édifice, charge Tony Garnier, tout juste en charge de l'Hôtel-Dieu au sein du service architecture des Hospices civils de Lyon, d'imaginer un avenir pour l’hôpital. En 1905, l'architecte dessine "une perspective des bâtiments vue depuis la place de la République, projetant un nouveau quartier à l’emplacement de l’hôtel-Dieu. Tony Garnier conserve le dôme de Soufflot et une partie de la grande aile de ce dernier ; il aère le claustral par de puissantes percées (...)" (Véronique Belle, "La notion de patrimoine à travers trois liasses du fonds des Hospices civils de Lyon : la bataille de l’hôtel-Dieu", In Situ, 2017). Le maire suivant, Édouard Herriot, est également contre une protection patrimoniale de l'Hôtel-Dieu. Auguste Lumière, dans un rapport de 1908 sur le sujet, abonde : "le désir de leur conservation relève plutôt du snobisme de l’antiquaire que de la préoccupation esthétique de l’artiste".
Heureusement, la palatiale façade de 350 mètres de long et son grand dôme perdurent.
Le 4 septembre 1944, au lendemain du dynamitage des ponts de la ville par les Allemands (dont le souffle a pulvérisé les vitraux), un échange de tirs met le feu au grand dôme. La façade restera amputée de son grand dôme jusqu'en 1967, date à laquelle les travaux débutent, selon les plans initiaux de Soufflot.
Effet wow !
Le Dôme donc. Ce bar incomparable et unique au monde. "One of the most impressive bars in the world" (un des bars les plus impressionnants du monde) écrit Traveller Made, 1er réseau européen de voyages haut de gamme. Il a même été très récemment primé dans la catégorie "Effet WOW" comme "le bar le plus époustouflant où vous ayez jamais eu le plaisir de siroter un cocktail" aux World Wide Hospitaly Awards, la compétition la plus importante pour l'hôtellerie. La décoration intérieure a été confiée à Jean-Philippe Nuel, l'une des pointures internationales de la décoration d'intérieur : peintures de pigments noirs et feuilles d'or de Manuel Paul-Cavallier, larges écrans muraux font office de rempart acoustique pour éviter les échos dans cet espace de dimension incroyable (systèmes de sonorisation connectés dans les fauteuils), banquette en tissus noir, gris, bronze et or, en cuir anthracite, structures finition laiton, lampes en aluminum noir anodisé. Et le grand bar en albâtre et inox poli noir. Olympien et majestueux.
Comment y accède-t-on ? Par un ascenseur, qu'on prend dans le le lobby de l'hôtel InterContinental, quelques mètres avant l'entrée du restaurant Epona.
Lire : Epona, grâce sous le grand dôme.
Q'y boit-on ? Des cocktails aux signatures internationales où s'invitent des produits régionaux : "Wasabi peas" : gin Monkey 47, sorbet wasabi, citron bergamote, sirop de citronnelle; "Rosemary Tarragon" : chartreuse jaune, chartreuse verte, citron jaune, romarin, absinthe, kiwi jaune et vert; "Le Dôme" : vodka Elyx, citron jaune, sirop de praline rose, champagne rosé ou le "Zombie Tiki" : rhum Appleton Estate, rhum Wray& Nephew 63°, citron vert, pamplemousse, cannelle, grenade, falernum, Peychaud’s Bitter, fruits de saison, absinthe. Mais aussi une sélection de bières locales Ninkasi et un grand choix de champagnes (dont un Dom Pérignon vintage 2008, au verre). Et quelques chocolats chauds signés de la maison lyonnaise Jeanne-Antoinette aidé d'un chef pâtissier Meilleur ouvrier de France qui a sélectionné les meilleurs chocolats issus de cacaos grands crus.
Chers angelots
La facture du sculpteur Jayet pour la décoration intérieure du grand dôme du Grand Hôtel-Dieu.
"Premièrement avoir fait le modelle en terre d´une tette d´ange coiffé de grande masse de cheveux, orné de ses ailes qui porte sa naissance au claviculle ; ensuite avoir exécuté le dit model en grand sur chaque arcade de l´intérieure de la chapelle d´où part de chaque cotté des guirlandes de bled et raisins. Les têtes ont avec leurs hailes près de quatre pieds de hauteur et de largeur pour chaque tette, dont le nombre se monte à six...
Plus avoir fait au dehors sur la face au-dessus des yeux de boeuf 4 têtes de lyon de dix huit pouces de proportion sur le model que j´ay fait en terre avec tous les soins et études que l´art exige pour chaque tête...
Plus avoir fait plusieurs modelles sur la nature pour 4 draperies placées au dessous des yeux de boeuf et avoir exécuté les dits modelles en pierre sur la place, dont chaque draperie a près de 11 pieds de long sur près de 4 pieds d´hauteur...
Plus avoir fait les modelles de deux lyons en terre d´une grandeur convenable pour l´exécution de ses maurceaux considérable et étudié avec soin pour le point d´oblique que l´élévation demande où je les ay travallié en pierre de 8 pieds de proportion en longeure et de 5 pieds d´hauteur, tous les deux isolés...
Total 5 000 livres
Solde le 29 décembre 1762"
In "Mémoire des ouvrages de sculpture faits par Clément Jayet, sculpteur de l´Académie de St Luc de Paris".
vous indiquez que l'accès en est gratuit même si on n'a pas les moyens de même y consommer une eau minérale certainement très chère ?
Voyons Vieux Caladois, l'usage de la monnaie serait donc un outil d'exclusion ? Oh, mais vous avez fait une découverte ! 🙂 C'est vrai qu'à l'école de la république on apprend que l'outil monnaie est un outil d'échange, mais pas que c'est un outil d'exclusion et qu'il génère la raréfaction artificielle... Courage. 😀
ce n'est pas une nouveauté pour moi car cela fait des années que je me bats contre cela et que je le professe partout
et j'ajoute que, impliqué dans la Solidarité active, j'ai assisté aux premiers pas du S.E.L. de la Croix-Rousse en 1995 puis à ceux de celui de Villefranche
abo est sortie de la zonzon de Vinatier ? et sans ses petiys cachets.
Toujours de bien beaux arguments ou contre-argument Monsieur Galapiat. 🙂
Mais ici vous n'êtes pas comme sur un autre site internet de Lyon bien connu pour laisser se déverser les pires commentaires anonymement. Ici vous êtes relié à un mail qui laisse des traces informatiques.
si vous en parlez si bien c'est que vous le fréquentez assidument...
Ah ? Vous trouvez que je le connais si bien ? 😀
Chacun son job. 😉
tous les messages sont pistés par l'adresse IP du site qui les envoient, mais s'agissant d'un constat d'un comportement vérifiable !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
je me sers en effet de ce système IP pour situer géographiquement certains visiteurs de mes deux blogs (215 000 cumulés depuis 2012 venus du monde entier hors des réseaux dits sociaux)...par contre le système IP manque de précisions quant à la localisation exacte