Le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale a participé hier à Lyon à l'inauguration de l'institut français de civilisation musulmane au côté de Christophe Castaner et de nombreux élus lyonnais et députés. Une présence qui fait polémique depuis le début de semaine en France.
La présence ce jeudi lors de l'inauguration de l'Institut français de civilisation musulmane dans le cadre d'une tournée de plusieurs jours en France, de Mohamed Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale (LIM), fait polémique. Une controverse qui a débuté en début de semaine quand l'ancien ministre de la Justice saoudienne s'est rendu à La Conférence internationale de Paris pour la paix et la solidarité. Emmanuel Macron devait être présent lors de cet événement réunissant de hauts responsables juifs, chrétiens et musulmans. Finalement le président de la République a annulé sa participation sans plus de précisions. La cause, selon Médiapart, serait pourtant la présence du secrétaire général de la LIM, bras armé de la diplomatie saoudienne.
Hier à Lyon, Christophe Castaner et de nombreux élus lyonnais étaient présents au côté de Mohamed Al-Issa lors de l'ouverture de l'IFCM. Contactés, plusieurs élus ont refusé de faire de commentaires, expliquant ne pas “avoir géré les invitations” ou encore avoir “appris cette présence sur place”. Si cette présence gène, c’est qu’en tant qu'ancien ministre de la Justice, il avait permis en 2012 la condamnation à 1000 coups de fouet et 10 ans de prison de Raif Badawi, défenseur des droits de l'homme et blogueur saoudien, toujours incarcéré aujourd'hui.
Contacté, Kamel Kabtane n'a pas souhaité “polémiquer” : “Ça s'est bien passé les propos qu'il a tenus ont été intéressants. J'ai invité tout le monde, les élus de la région, j'ai même invité les membres du RN de la ville de Lyon et de la métropole. Il est le secrétaire d'une institution. Je n'ai rien à dire de plus. Un proverbe arabe dit : les chiens aboient, et la caravane passe.”
Selon Ghaleb Bencheikh, le responsable de la Fondation de l’islam de France, interrogé par Mediapart : “Mohamed Al-Issa a tenu des propos sans équivoque condamnant notamment le terrorisme et toutes formes de violence au nom de Dieu. Il a changé et reconnaît ses erreurs du passé.” À l’inverse, Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris et président par intérim du CFCM a affirmé, dans un texte que “l’instrumentalisation du dialogue interreligieux dans notre pays par des organisations étrangères est un fait assez grave pour le dénoncer”.
La LIM finance à hauteur de 1,5 million d'euros le nouveau lieu culturel lyonnais installé à côté de la mosquée de Lyon. Un financement “sans condition” a assuré Kamel Kabtane, qui avait fait changer les statuts de l'IFCM en 2016 pour assurer son indépendance après une polémique sur l'arrivée de fonds étrangers pour édifier cette institution.
Lyon : l'IFCM veut faire communier islam de France et République