L'intersyndicale TCL est vent debout contre le projet d'allotissement dans les TCL. Un appel à la grève a été lancé pour la journée du mercredi 9 février. Il devrait être très suivi. Le Sytral a tenté de dissiper les doutes. En vain pour le moment. Décryptage.
"Il y aura beaucoup de grévistes" le mercredi 9 février prochain dans les TCL, à Lyon, selon plusieurs sources. "Une journée noire" dans les TCL.
Pourquoi cette grève ? L'ensemble des syndicats dans les TCL sont furieux contre le projet d'allotissement. Pour résumer, depuis 1993, et au moins jusqu'à mi-2024, le Sytral délègue à un seul et même opérateur l’exploitation de tout le réseau TCL, à travers une délégation de service public (DSP). Cet opérateur, c'est Keolis. Keolis Lyon, une entreprise privée de 4500 personnes.
Pour le prochain appel d'offres, le Sytral souhaite ouvrir la possibilité à un projet d'allotissement (le fait de grouper des "marchandises" en lots), un projet qui pourrait répartir les modes de transports selon plusieurs lots (par exemple un lot "métro", un lot "bus" etc..) avec ainsi l'arrivée possible de plusieurs opérateurs selon le mode de transport (métros, bus, trams etc...). "La réflexion sur l’opportunité d’un allotissement pour le réseau TCL se traduira par une décision lors du conseil d’administration du 10 mars prochain (en 2022)", expliquait ce mercredi 2 février le Sytral.
"La majorité EELV veut éclater ce patrimoine lyonnais pour de simples considérations mercantiles", intersyndicale des TCL
Le Sytral a réagi cette semaine car l’intersyndicale TCL est vent debout contre ce projet d'allotissement. Tous les syndicats. "Notre entreprise est en danger ! Nous ne parlons pas de Keolis Lyon, mais bien des TCL tel que nous connaissons !", expliquaient notamment en début de semaine, le lundi 31 janvier, la CGT TCL, FO ou encore la CFDT. "La majorité d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) a décidé que le service public devait non pas servir les usagers et l’intérêt général mais les appétits des multinationales du transport (Keolis, Transdev, RATP Dev, ...). Une fois de plus, ils ne jurent que par leurs tableaux Excel et les résultats financiers. Le seul problème et de taille, c’est que nous ne sommes pas de simples chiffres faciles à faire disparaitre en appuyant sur la touche « Suppr » de leurs claviers d’ordinateurs", écrivaient-ils de concert il y a quelques jours, le 31 janvier.
"Notre réseau n’a cessé de progresser depuis sa création en 1837 et fait preuve d’excellence par le professionnalisme et le savoir des salariés reconnus par de multiples récompenses nationales et européennes. Cette réussite est en grande partie dû à l’existence d’une seule entreprise sur un réseau unique ! Aujourd’hui, et en quelques mois, la majorité d’EELV veut éclater ce patrimoine lyonnais pour de simples considérations mercantiles", ajoutaient les syndicats.
Le Sytral propose un "socle social" mais...
Face aux (vives) inquiétudes, le Sytral, présidé par l'écologiste Bruno Bernard, également président de la Métropole de Lyon, a donc réagi le 2 février. "Alerté par les exemples des villes françaises ou européennes dans lesquelles la concurrence effrénée a généré des situations de recul sur les acquis sociaux", le Sytral "entend proposer une réponse à la hauteur des enjeux : un socle social qui garantira à tous les salariés la continuité de tous leurs acquis et droits sociaux". "Les élus du SYTRAL sont déterminés à protéger les salariés du réseau face à toute remise en question de leurs droits", ajoute le Sytral. Bruno Bernard, le président du Sytral et de la Métropole de Lyon, ajoute que "dans le cadre du futur appel d’offre, la concurrence doit s’exercer mais elle ne se fera pas au détriment des salariés. Les rémunérations, acquis, usages doivent être garantis"
Ce socle social, concrètement, c'est quoi ? "Pour mettre en place concrètement ce socle social, le Sytral exigera que les entreprises qui répondent aux futures consultations s’engagent sur la préservation des acquis pendant toute la durée du contrat par la conclusion d’accords collectifs de substitution avec les partenaires sociaux, qui devront reprendre au minimum les dispositions du socle social. Au-delà du maintien des rémunérations et conditions de travail individuelles, ce socle social prévoira également la contribution de l’entreprise au budget des œuvres sociales et culturelles pour que les prestations du Comité Social et Economique puissent à minima être similaires à celles d’aujourd’hui. Le dispositif actuel en matière de mutuelle et de prévoyance, y compris pour les retraités, sera maintenu. Le niveau de cotisation de l’employeur aux retraites complémentaires sera conservé. Les conditions d’attribution et d’utilisation des cartes de circulation sur le réseau TCL seront maintenues. Enfin, les futurs contrats veilleront à favoriser la mobilité professionnelle", expliquait le Sytral ce 2 février.
Le socle social ? "On n'y croit absolument pas"
Thierry Pécoud, secrétaire du syndicat CGT TCL
Suffisant pour calmer la fronde ? Absolument pas. Interrogé ce jeudi 3 février par Lyon Capitale, Thierry Pécoud, secrétaire du syndicat CGT TCL déplore "une réaction (du Sytral) qu'ils ont eu par rapport au mouvement qu'on a déclenché. Pourquoi attendre que toutes les organisations syndicales se mettent toutes ensemble pour dire "là il va passer quelque chose de grave" pour nous dire : non mais nous ne risquez absolument rien. Ils auraient très bien pu le dire avant".
Et sur le fond, le "socle social", qu'en pensent-ils ? "On n'y croit absolument pas"? souligne Thierry Pécoud, secrétaire du syndicat CGT TCL. "Juridiquement, je ne vois pas comment ils vont faire pour imposer ça aux entreprises repreneuses. Il n'y a absolument rien dans les textes qui promet ce genre de chose. Ca n'existe pas dans les textes", ajoute-t-il, déplorant "un discours très joli, un discours politicien. Nous, on ne peut pas se contenter de ça".
"On est contre l'allotissement, complètement contre"
L'intersyndicale ne veut pas entendre parler de ce projet. "On est contre l'allotissement, complètement contre. On ne voit pas pourquoi on allotirait un réseau historique comme les TCL, pour ne rien gagner", ajoute-Thierry Pécoud.
Un rassemblement est prévu devant le Sytral, à la Part-Dieu, à Lyon, le mercredi 9 février vers 14h. Les syndicats étant unanimes contre ce projet d'allotissement, de nombreux grévistes sont attendus mercredi 9 février sur l'ensemble du réseau TCL, à Lyon.
On est dans les meme délire de B. BERNARD que pour le téléphérique.
Il veut faire des cadeaux à ses copains et tant pis pour les salariés et les usagers.
Concrètement quels avantages à allotir le réseau de transport en commun de Lyon ?
Techniquement est-ce possible de le faire sachant que la plupart de ses structures de gestion RH, services, chaîne horaire, informatique ...etc ont été conçues dans un réseau unifié ? Pour ce faire des modifications importantes devront être apportées pour permettre l'allotissement, lesquelles engendreront des dépenses supplémentaires et conséquentes.
Quid des reports modaux lors des arrêts d'exploitation (métro, tram) pour la mise en place des transports de substitution ?
Le fonctionnement optimum du réseau de Lyon ne risque t'il pas d'être fragilisé par un allotissement ?
Est-ce que pour le client l'allotissement sera bénéfique ?
Là et la question, qui plus est dans une période où la mobilité est un véritable problème de société.