Grégory Doucet et Bruno Bernard remettant la plaque en l’honneur de France Pejot à son fils, Jean-Michel Jarre, visiblement ému @WilliamPham

Lyon : inauguration du "passage France Pejot" à Perrache, résistante et mère de Jean-Michel Jarre

Le maire de Lyon et le président de la Métropole inauguraient ce lundi 12 juillet la voûte ouest sous Perrache, baptisée au nom de la résistante lyonnaise France Péjot. Un hommage lui a été rendu en présence de son fils Jean-Michel Jarre.

Ce lundi 12 juillet, à l'occasion de l'inauguration de la voute ouest piétonnisée sous Perrache, Grégory Doucet et Bruno Bernard ont rendu hommage à la résistante lyonnaise "Francette" Pejot. La cérémonie s'est faite en présence de son fils, le musicien Jean-Michel Jarre, ainsi que du président de la fondation de la Résistance et fils du résistant Jean-Pierre Levy, Gilles Pierre Levy.

Dévoilement de la plaque au nom de France Péjot par Grégory Doucet (au centre) et Bruno Bernard ( à droite). @WilliamPham

France Pejot, résistante lyonnaise

France Pejot, née en 1914 dans le 2e arrondissement de Lyon, rejoint en 1942 le mouvement de résistance Franc-Tireur dont elle devient vite l'un des pivots. Son appartement et la lingerie qu'elle tenait avec sa sœur et son père deviennent l'une des bases du réseau et elle devient elle-même la secrétaire d'un des chefs du mouvement, Jean-Pierre Levy.

Elle évite l'emprisonnement à ce dernier en détournant vers elle les soupçons de la police française, ce qui lui vaut d'être incarcérée entre octobre 1942 et février 1943 à la prison pour femmes Saint-Joseph de Lyon.

"Si elle n'avait pas été là, je ne serait sans doute pas là", avoue le fils de Jean-Pierre Levy. "J'ai une reconnaissance personnelle, considérable pour celle qui a été incontestablement une héroïne de la Résistance, une de celles à qui ont doit aujourd'hui de respirer l'air de la liberté".

A Gauche Jean-Michel Jarre (fils de France Péjot) puis à droite Grégory Doucet (maire de Lyon). @WilliamPham

En juin 1944 à Paris, elle est finalement arrêtée, puis déportée par le dernier convoi du 25 août vers le camp de concentration de Ravensbrück. Elle ne parvient à rejoindre la France qu'après l'évacuation du camp en avril 1945.

Après la guerre, de son union avec le compositeur de films Maurice Jarre, elle donne naissance au musicien Jean-Michel Jarre.

Décédée le 21 avril 2010 à l'âge de 95 ans, France Pejot avait été décorée officier de la légion d'honneur, et de la croix de guerre, et avait également reçu la médaille de la résistance.


"Elle fait désormais parti de notre identité commune" Grégory Doucet


France Pejot était "une femme de l'ombre qui a contribué par son engagement admirable et les valeurs qu'elle portait à ramener la lumière sur notre cité" déclare le maire de Lyon. Il s'agit d'"un symbole profond dont les usagers [de la voûte] pourront se sentir imprégnés".

Par cette plaque, "nous indiquons à toutes et à tous qu'elle fait désormais partie de notre identité commune", achève-t-il.


"De nous trois, c'est elle qui avait le moins de notoriété, mais elle aura eu la reconnaissance de la rue", Jean-Michel Jarre, à propos de sa mère


Jean-Michel Jarre, visiblement ému par cet hommage, a déclaré quant à lui : "On a beaucoup parlé des hommes de l'ombre, mais on a pas beaucoup parlé des femmes de l'ombre".

"C'est bien qu'elle soit à la lumière, dans la ville Lumière", ajoute-t-il. "De nous trois, avec mon père et moi, c'est elle qui avait le moins de notoriété, mais elle aura eu la reconnaissance de la rue"

Des "femmes de l'ombre" dans la lumière

En nommant ce passage d'après une femme, le président de la Métropole martèle : "il y a tant de femmes à mettre en avant. Il est temps de leur rendre toute leur place dans l'espace public".


"Les femmes courraient exactement les mêmes risques que les hommes dans la Résistance" Gilles Pierre Levy, président de la Fondation de la Résistance


Gilles Pierre Levy renchérit : "Les femmes n'ont pas été honorées comme il convenait dans la Résistance".  "Il doit y avoir aujourd'hui six femmes compagnons de la Libération sur un peu plus de mille, alors qu'il y a eu autant de femmes que d'hommes dans la Résistance, et alors que, contrairement aux guerres "classiques", où les hommes étaient au front, et les femmes à l'arrière, les femmes courraient ici exactement les mêmes risques que les hommes".

"Ouvrir Perrache", le nouveau visage du quartier

Cette inauguration était marquée par l'ouverture de la voûte ouest Perrache qui a pour but de relier pour les piétons et les cyclistes la place Carnot à la Place des archives et au reste de la presqu'île.

Le musicien a tenu, à ce propos, à remercier la ville de Lyon : "moi j'ai plutôt vécu le traumatisme, de l'autre côté, de fermer Perrache".

"Le maire Pradel était fier d'être la seule ville avec Los Angeles à avoir une autoroute à travers la ville. Ça a causé un traumatisme important pour tout le quartier, notamment pour mes grands-parents qui y habitaient".

"Je pense qu'ils en sont morts, indirectement", explique-t-il en décrivant cette "horreur qui a abimé le cour de Verdun" qu'il compare à une sorte de "mur de Berlin".


"Les Résistants étaient eux-mêmes des passeurs, entre la dictature, l'horreur, et la liberté",  Jean-Michel Jarre


"Je suis très touché que ce soit un passage qui porte le nom de ma mère plutôt qu'une rue ou une avenue", ajoute-t-il, "parce que c'était une passeuse de valeurs, de conviction". Une jolie évocation selon lui aux traboules -des "passages" de Lyon- utilisées par des résistants comme Francette Pejot pendant la guerre. "Les Résistants étaient eux-mêmes des passeurs, entre la dictature, l'horreur, et la liberté".

Discours de Jean-Michel Jarre lors de l'inauguration du "passage France Pejot" @WilliamPham

Un podcast (auquel on peut accéder gratuitement à l'aide d'un flash code disponible aux entrées du passage) a été réalisé pour l'occasion par le studio Nuits Noires avec la contribution de Jean-Michel Jarre. Il retrace notamment l'Histoire du quartier et rend également hommage à la vie et au combat de France Pejot et des résistants lyonnais.

Lire aussi : "Lyon : inauguration de la voûte piétonnisée sous Perrache, reportage de l'aménagement en photos"

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