Dans un communiqué, l’Union Nationale des Étudiants de France (UNEF) sonne l’alarme. À la suite de problèmes d’insalubrité dans la résidence Croix du Sud (8e arr.), le syndicat étudiant demande une rénovation totale et le relogement des étudiants.
Moisissures, punaises de lit, problèmes d’électricité ou encore coupures d’eau chaude, les conditions de vie à la résidence du Crous (centre régional des œuvres universitaires et scolaires) Croix du Sud sont inquiétantes. Construite en 1993, la résidence possède aujourd’hui 197 appartements. Seulement voilà, depuis la rentrée scolaire 2023, 34 logements étudiants ont déjà été fermés pour des problèmes d’insalubrité. "Dans certains appartements, il y a de la moisissure, pas d’eau chaude depuis cet été, il y a même un étudiant à qui on a proposé une nouvelle housse de lit alors que son matelas est pourri ", explique Manon Moret, présidente de l’UNEF Lyon.
"Dans certains appartements, il y a de la moisissure, pas d’eau chaude depuis cet été, il y a même un étudiant à qui on a proposé une nouvelle housse de lit alors que son matelas est pourri"
Manon Moret, Présidente l'UNEF Lyon
Mais les problèmes d’insalubrité ne touchent pas seulement les chambres, les parties communes de la résidence sont également concernées. "On parle d’une porte cassée au huitième étage avec du verre coupant, ce qui entraîne aussi des problèmes d’isolation, de tuyaux de chaufferie qui sont réparés avec du scotch, on parle même de souris", continue Manon Moret. Mais ce n’est pas tout. Pendant plusieurs jours, les poubelles de la résidence n’auraient pas été ramassées. "C’est au moment où BFM est venu faire un reportage que les poubelles ont été ramassées", s’indigne la présidente de l’UNEF. Informé il y a deux semaines de ces problèmes, le syndicat demande dans son communiqué "à rénover de manière urgente ce bâtiment", et appelle le Crous de Lyon "à prendre ses responsabilités et à reloger immédiatement les étudiant.e.s de la Croix du Sud."
Les problèmes d’insalubrité ne concerneraient pas seulement la résidence de la Croix du Sud. Récemment, des travaux ont été effectués à la résidence Saint-Exupéry (8e arr.) pour les mêmes raisons. Selon Manon Moret, la résidence serait aux normes aujourd’hui.
Ishak a été un des premiers à dénoncer ses conditions de vie
Arrivé le 28 août à la résidence Croix du Sud, Ishak, jeune étudiant en BTS de 17 ans a vite déchanté. Au départ, "l’appartement semblait bien, excepté le meuble sous ma kitchenette qui était abîmé, mais tout semblait plutôt propre", explique-t-il. Mais très vite, les problèmes s’accumulent. Le seul volet du studio se casse, il est impossible de l’ouvrir, il reste donc dans le noir toute la journée. Ishak trouve des punaises de lit, deux cafards et le robinet de sa salle d’eau est complètement cassé. Rapidement, le jeune homme alerte le responsable de la résidence et le Crous, mais ses plaintes restent sans réponse. Aucun problème n’est sérieusement pris en charge. Ishak a dû lui-même acheter les produits pour lutter contre les punaises de lit, sans que rien ne lui soit remboursé. "On ne demande pas du luxe, mais on veut vivre décemment", continue Ishak.
La seule solution à ses yeux pour se faire entendre a été de contacter l’UNEF et les médias. "On se sent démunis", déplore-t-il. Hier, jeudi 21 septembre, Ishak a passé plus de trois heures dans les bureaux du Crous dans le 8e arrondissement. "Ils m’ont répondu qu’il fallait attendre la fin de la procédure, qui dure environ trois semaines, mais honnêtement, j’ai très peu d’espoir", conclut le jeune homme.
Le Crous se défend
Interrogée, la direction du Crous ne souhaite pas faire plus de commentaire et renvoie à sa prise de parole pour France 3 Auvergne-Rhône Alpes du 8 septembre dernier. "On est vraiment dans une résidence vieillissante et pour laquelle on a de sérieux problèmes avec le bailleur social en termes d'entretien du bâtiment", avouait donc Stéphanie Thomas, Directrice de la vie étudiante au Crous de Lyon il y a deux semaines. C’est GrandLyon Habitat qui est l'actuel propriétaire de la résidence. En ce qui concerne le relogement des étudiants, "on va s'atteler à chaque situation", répondait toujours Stéphanie Thomas à nos confrères.
"On est vraiment dans une résidence vieillissante et pour laquelle on a de sérieux problèmes avec le bailleur social en termes d'entretien du bâtiment."
Stéphanie Thomas, Directrice de la vie étudiante au Crous de Lyon
Quant à la Métropole de Lyon, Manon Moret espérait que le communiqué serait l’occasion d’organiser une rencontre très prochainement. C'est chose faite, du moins entre la Métropole et GrandLyon Habitat. Sur son compte X, Renaud Payre, vice-président de la Métropole de Lyon délégué au logement et à la politique de la ville, annonçait mercredi avoir eu une réunion avec GrandLyon Habitat. À l'issu de cet échange, "des engagements réciproques" auraient été pris concernant "des travaux et une réhabilitation dans un délai rapide", déclarait-il sur le réseau social.
Contacté, GrandLyon Habitat ajoute que « chacun des organismes s’est engagé à mettre en oeuvre les travaux nécessaires relevant de sa responsabilité, afin de remédier aux dysfonctionnements constatés. » Enfin, une équipe de maîtrise d’oeuvre, désignée par GrandLyon Habitat, débutera « un diagnostic thermique et technique » dès le mois d’octobre. Des études complémentaires se dérouleront début 2024 afin d’établir « un programme et un planning de réhabilitation. »
Manque de places et expulsions à répétition
L'autre problématique à laquelle font face les étudiants est le manque de logements à Lyon. Depuis cette rentrée 2023, La ville accueille environ 180 000 étudiants en études supérieures, dont 48 815 boursiers sur toute l'Académie de Lyon. Un nombre d'étudiants croissant chaque année qui met encore davantage en évidence la tension immobilière sur le sujet. Aujourd’hui, "le Crous de Lyon dispose d’environ 9 000 lits, explique Manon Moret, mais seulement 5,5 % des étudiants qui ont le droit à ces lits sont logés dans ces résidences." En conséquence, les refus s’enchaînent pour les boursiers, ou bien leur renouvellement de logement est rejeté. Depuis le début de l’année, "une vingtaine d’étudiants" aurait contacté l’UNEF pour des cas d’expulsion. Soit une augmentation "deux à trois fois plus forte que l’année dernière", continue la présidente du syndicat.
Parmi les revendications formulées, le syndicat demande "la construction de 150 000 logements" au niveau national. "C’est avant tout un choix politique, mais c’est un choix qu’il faut faire", conclut Manon Moret. L'UNEF s'est rendue à la résidence Croix du Sud pour réaffirmer son soutien aux étudiants. Une pétition a également été lancée pour recenser les cas d'insalubrité et afin de reloger les étudiants dans le besoin.
Les coulisses de la vie d'étudiant.e loin des 30 glorieuses.. saut dans le 21° siècle et sa réalité. Les rois à Versailles et les scribouillards au pilori !
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