David Kimelfeld à l’hôtel de ville © Tim Douet

Lyon : Kimelfeld veut piétonniser, borner la Presqu'île et bouger les bacs

Interview - Aux problèmes d'incivilités et de sécurités la nuit rue Edouard Herriot à Lyon, s'ajoutent aujourd'hui ceux des bacs à fleurs sur les voies de bus et vélo. Le président de la métropole de Lyon, David Kimelfeld, propose à Gérard Collomb une solution pour sortir vers le haut.

La piétonnisation d'une partie de la Presqu'île serait-elle le dénominateur commun parfait pour régler les problèmes rencontrés rue Edouard Herriot ? Depuis plusieurs mois, les habitants vivent l'enfer les nuits de week-ends avec des incivilités qui tendent vers l'insécurité. Rodéos, concerts de klaxons, cris... les nuisances rencontrées ne sont pas rares.

En parallèle, la ville de Lyon a lancé une opération de végétalisation visant à remplacer les voies de bus et vélo par des bacs à fleurs. Cette expérimentation, qui soulève déjà de fortes critiques, est devenue le symbole d'un marketing pensé sans les usages. Cyclistes, bus, camions, voitures... se retrouvent tous dans 3,5 mètres de chaussée. L'endroit est désormais vu comme potentiellement dangereux et les bacs à fleurs ont même créé des espaces facilitant le stationnement sauvage.

La prochaine étape commence à se faire ressentir avec des cyclistes qui préfèrent rouler rue de la République, au milieu des piétons, plutôt que de se risquer rue Edouard Herriot. Régulièrement interrogé sur l'ensemble de la situation par les citoyens, le président de la métropole David Kimelfeld propose aujourd'hui "une sortie par le haut".

Lyon Capitale : Quelles solutions pourraient-être mises en place en Presqu'île face à l'ensemble des problèmes rencontrés ?

David Kimelfeld : La piétonnisation est une solution qui permettrait de sortir par le haut. Sécurité, incivilité, végétalisation, piétonnisation, tout est lié. Je ne souhaite en aucune façon polémiquer sur la situation actuelle. Il faut qu'on resserre les rangs, qu'on travaille tout ça ensemble, car la situation est préoccupante. Je pense que tous les acteurs, ville, préfecture ou métropole peuvent être constructifs et travailler ensemble. Nous avons tous des rôles importants. Je sais que le maire de Lyon est dans le même esprit que moi et cherche des solutions. Une réunion est prévue vendredi avec toutes les parties prenantes.

Concrètement, que proposez-vous ? 

Nous avons réalisé des études pour "borner" le haut de la Presqu'île permettant de limiter la circulation sur un secteur proche de celui où l'on va organiser les expérimentations de piétonnisation les samedis. Ça permettrait d'allier l'utile à l'agréable, même si je n'aime pas ce mot, car il y a aussi des enjeux de qualité de l'air et de mieux vivre derrière tout ça. Il y a un double effet, vous pouvez sortir ces bornes quand cela est nécessaire pour des journées piétonnes, des grands événements comme la fête des Lumières, ou le soir en fonction des besoins. Nous avons des citoyens qui nous demandent de plus en plus de pouvoir piétonniser des rues en fin de journée par exemple, à partir de 16 heures. On peut donc faire une pierre deux coups. Je crois aussi beaucoup à la piétonnisation comme solution pérenne, donc on peut opter pour des solutions qui s'inscrivent dans le temps dès maintenant.

Quel serait le budget d'une telle opération pour installer des bornes rétractables ? 

On a estimé le coût à cinq millions d'euros, le jeu en vaut la chandelle, surtout lorsqu'on rapporte cela au 900 millions de la PPI ville de Lyon (Programmation pluriannuelle des investissements). La ville voudra peut-être contribuer à cet investissement, mais la métropole s'engagera, elle peut supporter le coût tout comme celui de fonctionnement. Ainsi, il faudra recruter des personnes en plus pour gérer le fonctionnement des bornes à distance.

Combien de postes de bornes rétractables faudra-t-il ? 

Neutraliser Herriot (la rue Edouard-Herriot) demande l'installation de 18 postes de bornes, car il faut aussi prévoir d'équiper les rues adjacentes. Si on fait (les rues) Brest et Chenavard, nous montons à 29 sites à équiper. Ces bornes rétractables sont un moyen efficace de préparer une piétonnisation pérenne. Le seul problème, c'est qu'il faut 18 mois en tout pour arriver à ce résultat, on ne peut pas tout déployer à la minute. Il ne faut pas perdre de temps, lancer les choses maintenant, mais aussi se demander qu'est ce qu'on peut faire dans l'intervalle de temps pour répondre à l'urgence.

Que prévoyez-vous pour répondre à l'urgence sans attendre 18 mois ? 

Il n'y a aucune fatalité, on peut travailler avec les services sur des solutions, mais je sais que le maire a repris le dossier, je ne veux pas le déstabiliser. On sait qu'il y a des systèmes de plots en bétons qu'on peut enlever ou mettre selon la demande, on peut présenter en commun des choses, accompagner la ville. Il faut que tout le monde se mette autour de la table.

La végétalisation sur les voies de bus et vélos déclenche de nombreuses critiques, que proposez-vous ? 

Tout le monde est d'accord pour dire que l'idée de base de végétaliser est bonne, mais la réalisation pose des difficultés. Il ne faut pas amener de troubles pour les cyclistes et transports en commun. Là encore la piétonnisation permettrait de sortir par le haut, de repenser l'implantation des bacs. Il faut les changer de places. Il n'y a aucune honte à dire qu'on a essayé et qu'on peut faire les choses différemment. La ville va être de plus en plus végétalisée, on peut imaginer des endroits sanctuarisés. Quand on parle végétalisation, on entend de l'ombre. Or, avec les bacs, c'est limité. Je n'ai aucun tabou avec l'idée d'avoir des arbres en pleine terre. Si on peut, on doit y aller. Je le dis à la ville, saisissons l'opportunité, il y a une forte attente.

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