Métro de Lyon, la station Bellecour – Mars 2019 © Antoine Merlet
© Antoine Merlet

Lyon : Kimelfeld veut prolonger les métros et trams, même vers l’aéroport

Après avoir annoncé l’abandon de l’Anneau des sciences en exclusivité sur Lyon Capitale, le candidat à la métropole de Lyon, David Kimelfeld, dévoile un “plan Marshall” de la mobilité. Il souhaite ainsi passer des TCL, transports en commun lyonnais, aux TCM, transports en commun métropolitains et propose de prolonger toutes les lignes de métro et de tramway, y compris vers l’aéroport Lyon Saint-Exupéry.

La campagne pour les élections municipales et métropolitaines est bien lancée à Lyon. Vendredi, le candidat David Kimelfeld annonçait à Lyon Capitale qu'il renonçait à faire construire le projet d'autoroute urbaine de l'Anneau des Sciences (lire ici). Au passage, il dévoilait quelques alternatives en matière de transports en commun, de covoiturage ou de transports fluviaux, sans donner tous les détails. En effet, il les réservait pour une conférence de presse qui se tenait ce lundi 2 décembre.

À cette occasion, le candidat à la présidence de la métropole de Lyon a précisé ses projets en termes de mobilité, imaginant faire évoluer les TCL (transports en commun lyonnais) vers des TCM, transports en commun métropolitains.

“Avant même le souci écologique, c'est celui de l'efficacité qui prime pour les habitants. Quand on se lève le matin, on n'a pas forcément le nombre de kilos de CO2 utilisés à l'esprit, mais quel est le mode le plus fiable pour aller d'un point A à un point B”, a expliqué David Kimelfeld.

Confirmant une nouvelle fois qu'il abandonnait l'Anneau des Sciences, il en a profité pour glisser un tacle à Gérard Collomb : “Ceux qui promettent de grandes infrastructures ne seront plus là pour constater quand elles seront terminées.” “Nous avons choisi de répondre aux besoins en mobilité à trois, cinq, dix et quinze ans, avec un plan réalisable sur trois mandats, même si ça ne veut pas dire que j'en ferai trois”, s'est amusé le candidat.

Faire passer le réseau métro de 33,2 à 75 km

L'objectif affiché est de faire passer le réseau métro de 33,2 à 75 kilomètres. Ainsi, pour la ligne A, David Kimelfeld propose d'aller jusqu'à Meyzieu, soit un prolongement de 6 kilomètres, qui passerait par le pôle sportif de Décines (version diplomatique pour dire Parc OL) et promet une capacité augmentée de 30 % grâce à l'automatisation. Budget prévisionnel : 1,2 milliard d'euros.

Du côté de la ligne B, au nord, David Kimelfeld imagine un prolongement jusqu'à Rillieux-la-Pape pour 900 millions d'euros, et au sud jusqu'à Feyzin depuis Saint-Genis-Laval pour 1,4 milliard d'euros.

Selon le candidat, la ligne C pourrait aller jusqu'à Caluire/Foch pour 250 millions d'euros avec une correspondance avec la ligne B prolongée.

La ligne D serait également prolongée à ses deux extrémités, vers Limonest pour 1,2 milliard d'euros, et vers Porte-des-Alpes pour 250 millions d'euros.

Enfin, la ligne E, actuellement à l'étude, est prévue jusqu'à la Part-Dieu et Craponne à l'est pour 1,7 milliard (deux hypothèses, déjà prévues par le Sytral, qui font actuellement l'objet d'études).

Du côté des tramways, le T1 serait prolongé jusqu'à Vaulx/La Soie en passant par le Mas-du-Taureau et Vaulx Centre (soit 250 millions d'euros), le T4 jusqu'à Feyzin en correspondance avec le projet de ligne B prolongée (100 millions d'euros).

Alors que le contrat Rhônexpress est en cours de renégociation entre le concessionnaire, la métropole et le Sytral, David Kimelfeld imagine une ligne T5 qui desservirait l'aéroport Saint-Exupéry (pour un budget de 400 millions d'euros).

Enfin, le T6 irait jusqu'à la Doua pour 140 millions d'euros, confirmant le prolongement sur lequel travaille déjà le Sytral. David Kimelfeld propose également une nouvelle ligne T7 entre Gare-de-Vénissieux et Gerland, une rocade pour relier les lignes de métro B et D. Coût : 290 millions d'euros pour 7 kilomètres.

Parking-relais, lignes express de bus...

Ce projet de TCM est associé au déploiement d'un important réseau de parcs-relais, afin de passer de “7 500 à 20 000 places”, associés à des bus express à haut niveau de service, dont la création de la ligne sur la M6/M7 dès mars 2020 et d'autres sur l'A450 depuis Sept-Chemins par exemple, l'A46, l'ex-RN86, l’ex-RN6 et l'A6/A7.

David Kimelfeld promet également la création d'un service express ferroviaire, avec un renforcement du réseau tram-train à l'ouest, la transformation de l'ensemble des gares en pôles multimodaux et un abonnement TCL/TER unifié et simplifié. Comme annoncé à Lyon Capitale, il souhaite la mise en place de navettes fluviales, le renfort du covoiturage, un réseau express pour les cyclistes, mais aussi 2 500 places vélos sécurisées sur les lignes fortes de transport en commun (ce qui pour le coup est peu ambitieux : à raison de 50 parkings de 50 places, ils risquent d'être rapidement saturés tant la demande est forte).

La question du financement

Reste la question du financement, évalué à 10 milliards d'euros sur trois mandats pour l'ensemble du projet. Pour Michel Le Faou, cela est “atteignable et réalisable”. “Le Sytral est dans une situation financière très bonne et désendetté, estime le vice-président métropolitain à l’urbanisme, membre du Sytral. Nous irons chercher des financements auprès de l'État, de l'Europe, il y a des budgets sur la question de transition énergétique. L'augmentation de la taille du réseau engendrera des recettes supplémentaires.” Mais aussi des coûts de fonctionnement...

Du côté de l'équipe de David Kimelfeld, on précise que le plan “se financera dans l'état actuel avec un versement transports qui ne bouge pas et avec des prix pour les abonnements qui restent à ceux actuels. Au regard de l'augmentation très significative du réseau et de ses performances, les clients s’y retrouveront”.

En abandonnant le projet d’Anneau des Sciences, dont le coût est estimé entre 3 et 5 milliards d'euros (voire 7 pour les plus pessimistes), David Kimelfeld se retrouve à miser sur ses transports en commun métropolitains. Parallèlement, il coupe l'herbe sous le pied des candidats qui soutiendraient l'Anneau des Sciences, qui ne pourront pas lui reprocher de dépenser sans compter pour les transports en commun.

Le métro ne s’est pas construit en une nuit

Quant au calendrier de tous ces prolongements, il faudra encore attendre. “Nous donnerons des dates très prochainement”, promet-on. Le plan est ambitieux, mais un métro ou un tramway ne se construit pas en une nuit.

Si David Kimelfeld imagine la mobilité à Lyon dans trois, cinq, quinze ou vingt ans, pour l'urgence actuelle (lire ici) les propositions se font plus rares. “Nous ferons d'autres annonces prochainement, notamment sur le vélo, rétorque David Kimelfeld. Les bus express peuvent être mis en place rapidement, tout comme certains parcs-relais ou services de covoiturage.”

Sur le papier, le projet est alléchant, reste à voir si les autres candidats joueront la surenchère ou la retenue. Quoi qu'il arrive, la mobilité devrait être le sujet majeur de la campagne avec un besoin de voir des choses déployées le plus rapidement possible.

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