Le tribunal de grande instance de Lyon a été saisi vendredi dernier par l’association "Les amis du Bon Pasteur et de Saint-Bernard", qui refusent l’idée que l’église désaffectée soit transformée en centre d’affaires par la Ville de Lyon.
Cette église, datant de la moitié du XIXe siècle, construite au-dessus des célèbres souterrains "arrêtes de poisson", va-t-elle trouver sa vocation initiale ? Selon une information de 20Minutes, la décision appartient désormais au Tribunal de grande instance de Lyon, saisi vendredi dernier par l’association "Les amis du Bon Pasteur et de Saint-Bernard". Ce groupe de catholiques traditionalistes, qui gardent un oeil sur l’église depuis 2003, s’opposent à la reconversion de l’édifice en centre d’affaires par la Ville de Lyon. L’obtention du permis de construire était prévu début 2018 et la Ville espérait obtenir l’ouverture du site pour l’année 2019.
Fermée au public depuis 1999 et désacralisée par Mgr Philippe Barbarin en juin 2016, l’édifice situé dans le 1er arrondissement, montée Saint-Sébastien, n’a jamais vraiment servi. Et pour cause, sa construction, entre 1857 et 1866 par l’architecte Tony Desjardins, est restée inachevée (il manque le clocher et le parvis), faute de moyens financiers suffisants. L’église, connue aussi sous le nom de Saint-Bernard des Canuts, avait été initialement prévue pour ces ouvriers de la soie comme paroisse supplémentaire en plus de celle de Saint-Polycarpe, devenue trop petite.
Le projet de reconversion de l’édifice contesté
"A son arrivée en 2002, Mgr Barbarin a accepté la réaffection de l’église qui n’était déjà plus utilisée depuis fort longtemps", rapporte à La Croix, Amaury Dewarin, économe du diocèse de Lyon. Dès lors, la Ville de Lyon a entrepris l’idée de transformer l’église en centre d’affaires pour l’année 2019, avec des bureaux, un restaurant et des jardins en terrasse. "Cette évolution inéluctable est l'occasion de sauvegarder un patrimoine menacé", était-il indiqué dans le dossier de presse de la Ville de Lyon sur ce projet de reconversion de l’église. Un projet qui, d’ailleurs, est loin de plaire aux traditionalistes, bien décidés à ce qu’il n’aboutisse jamais.
L’association considère en effet que la Ville de Lyon ne respecte par les volontés testamentaires du propriétaire qui avait cédé le terrain pour la construction de l’église dans les années 1850. Auprès de nos confrères du 20 Minutes, Nicole Hugon, présidente de l’association, rappelle que le donateur "avait ajouté une clause dans son testament obligeant la Ville à y célébrer des messes à perpétuité pour lui et pour les membres de sa famille". "Aujourd’hui, la Ville ne peut pas entraver ce testament", estime-t-elle.
"Décharger la municipalité de Lyon de gros travaux"
Toujours selon Nicole Hugon, l’association a effectué, entre 2004 et 2016, vingt-cinq demandes de rachat ou demandes de bail emphytéotique* auprès de la municipalité pour une communauté de fidèles traditionalistes chrétiens, la Fraternité sacerdotale Pie-X. Des demandes qui ont toutes été refusées par la Ville. Sur son site, l'association "Les amis du Bon Pasteur et de Saint-Bernard" indique que si la Fraternité sacerdotale Pie-X a proposé de "restaurer l’édifice à sa charge", c’était aussi pour "décharger la municipalité de Lyon de gros travaux". Néanmoins, en le cédant à un promoteur immobilier, Carré d'or, la Ville de Lyon ne comptait pas financer quoi qu'il arrive.
* Le bail emphytéotique est un bail de très longue durée qui confère au locataire un statut très proche de celui du propriétaire, lui donnant ainsi le droit de disposer du lieu comme il l’entend.