Circulation à Lyon la nuit © Tim Douet
© Tim Douet

Lyon : l'Anneau des sciences rejeté par les Lyonnais selon un sondage

Si Gérard Collomb a fait de l'Anneau des sciences de Lyon le point central de sa campagne, un décalage semble se creuser avec les principales attentes des Lyonnais. Ce projet d'autoroute pour boucler le périphérique ne remporte pas l'adhésion selon un sondage.

"Ce que veulent les Lyonnais", nos confrères du magazine Nouveau Lyon publie ce vendredi un important sondage sur les principales attentes des habitants de la métropole. L'étude réalisée par Côté Clients / BVA se base sur un panel de 700 personnes, représentatif de la population du Grand Lyon. Une douzaine de questions sélectionnées par nos confrères ont ainsi été posées. La principale concerne les trois priorités du futur président de la Métropole selon les sondés.

En tête des attentes, on retrouve "l'amélioration de la qualité de l'air" à 39 %, "le renforcement de la sécurité des espaces publics et des transports en commun" (37 %) et enfin le "développement des transports en commun" (33 %). Tout aussi intéressant, les sujets les moins prioritaires sont "l’embellissement des espaces publics (rues, places...)" à 9 %, "le développement des infrastructures routières", lui aussi à 9 %, et enfin "la création d'hébergement d'urgence" (6 %).

L'Anneau des sciences, projet le moins prioritaire

En ce qui concerne les grands projets, l'étude montre que l'Anneau des sciences visant à boucler le périphérique de Lyon à l'ouest n'est pas connu par 45 % des sondés, le chiffre bondit à 59 % chez les moins de 35 ans (pour comprendre le projet, vous pouvez retrouver sa carte ici). Pour le RER à la lyonnaise, c'est pire, avec 56 % des sondés qui ne connaissent pas le projet. Le métro E entre Tassin et Part-Dieu, fait mieux, inconnu seulement pour 27 % des sondés.

Une fois les projets présentés aux personnes consultées, Nouveau Lyon leur a demandé quel était celui qui était prioritaire en matière de mobilité : "Le développement des zones piétonnes, des pistes cyclables et couloirs de bus" arrive en tête avec 33 %, suivi par le Métro E entre Tassin et Part-Dieu, le RER à la lyonnaise est à 18 %.

Enfin, projet le moins prioritaire : le bouclage du périphérique Anneau des sciences, seulement à 15 %. Si certains candidats aux élections municipales et métropolitaines se plaisent à penser qu'il y a une forte demande pour la construction d'une nouvelle autoroute urbaine à Lyon, ce n'est visiblement pas le cas à en croire ce sondage.

Déjà en 2013, les conclusions du débat public sur ce projet étaient sans équivoque : "la réalisation de l’infrastructure routière, très attendue par les élus et les entreprises, est vivement contestée par une part significative d’habitants (étalement urbain, nuisances importantes) en raison notamment des problèmes sanitaires et de la qualité de l’air aux abords des sorties de tunnels". Sept ans plus tard, à la lumière de l'étude du Nouveau Lyon, les attentes et craintes semblent n'avoir pas changé.

Une campagne en décalage avec les attentes ?

Depuis le début de cette campagne, l'Anneau des sciences monopolise une partie des débats, notamment à cause de son impact sur l'augmentation du trafic, la qualité de l'air, et désormais son financement qui reposera sur les seules épaules de la métropole, soit l'impôt et un péage (lire ici). Le projet est estimé au moins à 4 milliards d'euros sur 30 ans, échelle basse. Une enveloppe importante qui pourrait bloquer d'autres investissements, notamment ceux liés aux transports en commun.

De son côté, le maire de Lyon Gérard Collomb a fait de l'infrastructure le principal pilier de son programme, qualifiant l'Anneau des sciences "d'autoroute écologique" (ce qui est largement remis en question par la science). Avec cette étude de Nouveau Lyon, un décalage semble se creuser entre les attentes et certains programmes.

L'amélioration de la qualité de l'air est une priorité pour les sondés, quand la construction des infrastructures routières ne l'est clairement pas. Or, ce bouclage du périphérique est destiné aux voitures et ne réglera pas la question de la pollution. Même les voitures électriques et à hydrogène génèrent des émissions de particules fines non liées à la combustion (freins, routes, pneus... voir ici).

Péage urbain, et interdiction des véhicules les polluants

Autre point abordé par Nouveau Lyon, le rejet d'un péage urbain par 65 % des sondés. Seuls 7 % seraient prêts à voir un péage pour traverser Lyon payé par tous les automobilistes, 28 %, sont pour le paiement d'un péage, "sauf pour ceux qui habitent l'agglomération". A contrario, 85 % sont pour l'interdiction des véhicules les plus polluants dans le cœur de l'agglomération (39 % en permanence, 46 % lors des pics de pollution, 15 % contre dans tous les cas).

De son côté, l'Anneau des sciences repose également sur cette idée de péage de transit, pour détourner les véhicules qui traversent seulement la ville vers ce nouveau périphérique à l'ouest. Mais lui aussi étant payant, in fine, les véhicules pourraient le bouder et finir par passer à l'Est (lire ici).

Comme c'était déjà le cas lors de la transformation du Grand Hôtel Dieu en centre commercial et palace, Gérard Collomb se refuserait pour l'instant à toute idée de référendum local sur la question de l'Anneau des sciences. Le projet devrait pourtant continuer d'être de plus en plus clivant, encore plus s'il met en danger d'autres infrastructures plus attendues par les Lyonnais.

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