Ce mardi, les élèves du lycée Saint-Just à Lyon organisaient une table ronde sur "L’identité migratoire en territoire AURA". L’occasion pour les intervenants de débattre sur l’identité, les mémoires et l’intégration des populations immigrées, ainsi que sur la crise migratoire en Europe.
Présentée au sein du lycée Saint-Just ce mardi, la table ronde est l’aboutissement d’une réflexion sur l’immigration menée par deux classes de 1re, avec leur professeur d’histoire-géographie, depuis la rentrée.
Les invités, Abdellatif Chaouite anthropologue et rédacteur en chef de la revue Écarts d’identité, Jean-François Ploquin président de l’association Forum réfugié, Béatrice Debell, directrice artistique de Grand ensemble et Anne Lorne conseillère régionale LR se sont donc prêtés à l’exercice, devant un public de lycéens, mais aussi de parents et de professeurs.
L’immigration, une histoire française
Gérée par les lycéens, la discussion a eu pour point de départ l’histoire migratoire de France et en région Auvergne-Rhône-Alpes. "Il est anormal de raconter l’histoire de France sans raconter l’histoire de l’immigration", a déclaré l’anthropologue Abdellatif Chaouite. Les participants sont ensuite rapidement passés au sujet de l’intégration.
Anne Lorne, élue régionale LR, considère que « le travail est un vecteur d’intégration », en référence à l’immigration économique italienne et espagnole du début du XXe siècle. Ce qu’Abdellatif Chaouite approuve, en précisant que l’intégration des populations immigrées ne dépend pas de la proximité culturelle avec le pays d’accueil, mais du contexte qui permet ou non aux immigrés de se construire une place dans la société d’accueil.
Le débat a ensuite glissé vers le sujet de l’enseignement des mémoires, la guerre d’Algérie étant trop peu étudiée selon les lycéens. Béatrice Dubell, qui a réalisé des documentaires sur les mémoires de la guerre d’Algérie, répond aux élèves que si la société française a du mal à traiter de la question algérienne, c’est parce que "ce n’est pas une histoire glorieuse". Pourtant, selon elle, "les élèves n’ont pas besoin qu’on leur fasse la morale, mais qu’on leur raconte l’histoire",
Anne Lorne, quant à elle, regrette que les programmes d’histoire commencent à la Révolution française. Elle réclame également un enseignement chronologique de l’histoire afin que les élèves puissent "faire corps avec l’identité française".
Abdellatif Chaouite s’est d’ailleurs opposé à la conseillère régionale sur la question de l’identité. Si pour l’anthropologue à la double nationalité française et marocaine, l’identité peut être plurielle, Anne Lorne, candidate LR aux élections législatives, défend une identité française singulière et universelle, avec laquelle "tout français, quel que soit son origine, doit faire corps". "On a tous des identités plurielles comme on a des idées différentes, c’est ça la diversité", lui a répondu une élève.
Enfin, aux lycéens d’en venir à la question de la crise migratoire en Europe. Interrogée sur la position du conseil régional en matière d’immigration, Anne Lorne s’est défendue d’être "la porte-parole de Laurent Wauquiez", celui-ci s’étant opposé à l’accueil de réfugiés. "À titre personnel, accueillir des réfugiés est un devoir moral, je plaide pour défendre la dignité. Mais je suis une politique et il faut une vision des réfugiés à long terme, pour le bien-être de la nation. Les frontières d’un État doivent être contrôlées, il faut pouvoir fermer Schengen", a poursuivi Anne Lorne, qui préfère privilégier les Français face à la crise économique.
Éduquer à l’engagement citoyen
Lycéens et professeurs ont été enchantés de la prestation, malgré le temps trop court. Si Nine, élève de 1er L, a trouvé les propos des intervenants intéressants, elle regrette cependant qu’il n’y ait pas eu "un réel débat". "Les idées n’ont pas pu être confrontées" estime-t-elle.
Nadia Biskri, professeur d’histoire-géographie à l’initiative du projet, avait voulu partir de l’histoire familiale de ses élèves. En parallèle de la table ronde, les élèves ont donc réalisé une exposition "Portraits d’immigrés d’Auvergne-Rhône-Alpes", qui présente leur histoire familiale. Le but de l’exercice était aussi d’initier les élèves à l’exercice de leur citoyenneté, "ce qui passe par le fait de se forger une opinion sur les questions de société civile", a déclaré Nadia Biskri.