Lyon : l'opposition alerte sur les liens entre les Ecologistes et une banque à dérives sectaires, la ville et la Nef répondent

Lundi 7 novembre, le groupe d'opposition "Pour Lyon" a interpellé le gouvernement concernant les liens entre la majorité écologiste et la Nef, une banque pointée du doigt par le dernier rapport de la Miviludes pour des dérives sectaires.

Le groupe d'opposition "Pour Lyon", dans lequel figure notamment Yann Cucherat a envoyé une lettre à la secrétaire d'Etat en charge de la Citoyenneté, Sonia Backès, laquelle prépare un arsenal législatif visant l'emprise mentale. La raison : des soupçons de dérives sectaires pesant sur une banque proche des Verts, la Nef. Le dernier rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a établi un lien entre cette banque et l'anthroposophie, un mouvement ésotérique qui "adopte des méthodes dangereuses" notamment en médecine.

A lire sur le sujet : Dérives sectaires : le rapport annuel de la Miviludes est tombé, quel impact dans le Rhône ?

C'est faux. Lisez la réponse de la NEF:https://t.co/P6nf7gr7PO
C'est par ailleurs la seule banque dont tous les financements sont publiés! Impossible de faire plus transparent.

— Audrey Hénocque (@AudreyHenocque) October 17, 2022

Dans le rapport d'activité de la Miviludes, il est écrit : "Le groupe (la Société anthroposophique universelle, NdlR) exerce une influence prépondérante sur certains établissements bancaires "éthiques" au pouvoir financier extrêmement important comme [...] la Nouvelle économie fraternelle (Nef)." Le groupe d'opposition pointe ainsi du doigt les liens existants entre cette banque et la municipalité écologiste.

"Nous n'avons financé que deux écoles Steiner sur nos 2 000 derniers financements."
Ivan Chaleil, directeur commercial de la Nef

La Gonette adossée à la Nef

"La Nef est désormais créancière de la Ville de Lyon à hauteur de 3 millions d’euros", relèvent ainsi les élus d'opposition. Le fonctionnement de la monnaie locale lyonnaise, La Gonette est quant à lui adossé à l'établissement bancaire. Chaque euro converti en Gonette est déposé à la Nef. Ainsi, dans sa lettre adressé à Sonia Backès, le groupe dénonce notamment l'invitation dont a bénéficié la Nef lors du forum de la finance éthique organisé mardi 8 novembre à l'Hôtel de Ville.

La réponse de la Ville et de la Nef

Mardi 8 novembre, la Ville de Lyon a répondu à ces accusations. Elle rappelle à Lyon Capitale que "La Nef avait fait l’objet d’un signalement au début des années 2000 pour lien avec l’anthroposophie : [elle] avait attaqué pour diffamation et obtenu gain de cause. Dans la foulée, en 2003, un rapport de la Commission Bancaire, en mission dans les locaux de la Nef durant plusieurs mois a confirmé cette erreur de jugement en soulignant "sa totale autonomie financière ainsi qu’une grande transparence tant en interne qu’avec l’extérieur traduisent son indépendance politique, sociale, religieuse et philosophique"".

"La Nef avait fait l’objet d’un signalement au début des années 2000 pour lien avec l’anthroposophie : [elle] avait attaqué pour diffamation et obtenu gain de cause."
Ville de Lyon

En 2012, la Nef finançait… Gérard Collomb

De son côté le directeur commercial de la Nef reconnaît "des liens dans les années 70 avec l'anthroposophie, mais depuis notre banque a bien changé". Ivan Chaleil rappelle également que le lien entre la Nef et ces groupes continue d'être fait depuis des années à la Miviludes et remet en question les observations du rapport. "Une influence exercée sur notre banque devrait se traduire sur notre argent. Or, nous n'avons financé que deux écoles Steiner sur nos 2 000 derniers financements, détaille-t-il. Cela veut dire que d'autres banques ont financé ces écoles mais, elles, ne publient pas leur investissements."

La Ville, (tout comme Lyon Capitale) a par ailleurs contacté le président de la Miviludes pour avoir de plus amples informations. Enfin, la collectivité a tenu à rappeler qu'en 2012 et 2014, c'est bien le Grand Lyon qui, le premier, a contracté avec la Nef pour un montant total de 3,3 millions d'euros. A l'époque, des accusations de ce type visaient déjà la banque, Gérard Collomb présidait le Grand Lyon, le même Gérard Collomb, aujourd'hui membre du groupe "Pour Lyon".