Un nouveau système de tarification pour le stationnement a été mis en place par la Ville de Lyon le 1er janvier dernier. Cette modification provoque l'ire des professionnels de santé qui délivrent des soins à domiciles.
En novembre dernier, la Ville de Lyon fait passer un arrêté modifiant les conditions de stationnement des professionnels. Plombiers, électriciens, chauffagistes sont visés… En bas de la liste, les professionnels de la santé sont eux aussi informés de la fin de la gratuité des stationnements sur les emplacements payants. La municipalité souhaitant qu’ils s’acquittent d’un abonnement équivalent à celui des résidents.
En effet, la mairie de Lyon a mis en place un système d'abonnement (240 euros par véhicule) pour les professionnels. Ce système, qui s'applique depuis le 1er janvier, estaccessible par l’intermédiaire d’une application pour smartphone à activer à chaque déplacement et prévoit une heure de stationnement gratuite puis le paiement à la minute.
“Cette mesure revient à payer pour travailler”
Mais la proposition de la mairie a du mal à passer. La gronde s’élève de plus en plus chez l’ensemble des professionnels de santé qui interviennent à domicile. “Les autres professionnels peuvent répercuter le coût de leur stationnement sur le prix de leur intervention. À l’inverse, les professionnels de santé sont soumis à un tarif d’autorité. Cette mesure revient à payer pour travailler”, proteste Marcel Garrigou-Grandchamp, élu à la Fédération des médecins de France. “Le coût annuel de cette mesure peut varier entre 1 000 et 2 500 euros par an selon les professionnels de santé”, ajoute-t-il.
Outre l’aspect pécuniaire, le docteur Garrigou-Grandchamp dénonce les conséquences chronophages de cette mesure : “Les infirmiers travaillent sur des territoires restreints, c’est-à-dire qu’ils laissent leur voiture sur une place de stationnement pour se rendre à pied chez plusieurs patients. S'il faut désormais surveiller son smartphone et re-payer régulièrement, c’est une perte de temps pour eux qui se répercute sur les patients”, explique-t-il.
Vers un désengagement des personnels de santé à domicile ?
L’élu de la MFM craint que les décisions de la municipalité viennent décourager les professionnels de santé à domicile et entraîne un désengagement de leur part. “De nombreux médecins ne souhaitent plus faire de visites à domicile face à ces nouvelles contraintes”, explique-t-il. Selon lui, la Ville de Lyon mène une politique paradoxale et contraire aux politiques de santé nationale : “Avec des raisons liées à de nouvelles contraintes budgétaire, l’assurance-maladie fait en sorte que les patients sortent le plus rapidement possible des hôpitaux. De ce fait, les patients ont besoin de professionnels qui viennent à domicile. Avec une telle mesure, les patients, qui ont déjà beaucoup de mal pour trouver un médecin traitant qui puisse venir à leur domicile, n’en trouveront plus."
Les solutions proposées par la mairie jugées insuffisantes
Si la mairie de Lyon a proposé d'abaisser l’abonnement annuel à 120 euros pour les professionnels de santé après plusieurs rencontres avec eux, les médecins demandent quant à eux la gratuité pour les déplacements professionnels. “Nous avons proposé un disque de stationnement pour montrer que nous ne tenions pas à mettre des voitures “ventouses” en ville. Nous tenons à différencier les véhicules des professionnels qui laissent leurs voitures stationnées car ils sont en visite chez un patient de ceux qui ne se déplacent pas de leur cabinet. Malgré ça, nous avons l’impression de ne pas être entendus.”
Si les solutions apportées par la mairie ne leur paraissent pas suffisantes, les professionnels de santé annoncent qu'ils organiseront des blocages et des opérations escargots dans les prochains jours.
Contacté par Lyon Capitale, Jean-Yves Sécheresse, président de la commission voirie à la Métropole de Lyon, a réagi concernant la fin du stationnement gratuit. Selon lui, cette nouvelle mesure vient répondre à de nombreuses protestations de Lyonnais qui dénonçaient “l'utilisation extrêmement abusive des caducées“. “Cette mesure répond aussi à la perspective de l'évolution des lois concernant le stationnement et de la place de la voiture en ville, mais vise aussi à proposer un système plus égalitaire“, explique-t-il. Niant avoir mis en place cette mesure pour une raison financière, Jean-Yves Sécheresse avoue sa volonté de trouver un compromis rapide avec les professionnels de santé. “Nous avons abaissé l'abonnement annuel à 120 euros pour tous les infirmiers qui font plus de 120 visites par an et nous avons aussi pris le soin de les entendre concernant l'application par smartphone qui ne leur plaisait pas. Désormais la balle est dans le camp de l'intersyndicale des médecins“, ajoute-t-il avant de conclure : “Je trouve que nous avons été extrêmement ouverts. J'espère qu'à Lyon la question sera vite réglée.“