Le directeur du plus grand centre commercial de France s'est exprimé vendredi 16 juillet, en réaction à l'obligation du contrôle des pass sanitaires à l'entrée de la Part-Dieu. Des mesures qui doivent être effectives dès début août, comme l'a annoncé Emmanuel Macron lundi dernier.
Jean-Philippe Pelou-Daniel, directeur du centre commercial La Part-Dieu (3e) à Lyon, s'est exprimé au nom du groupe Unibail-Rodamco-Westfield au sujet des nouvelles restrictions sanitaires. La société, issue de la fusion de trois entreprises d'immobilier commercial et détenue à 15% par Xavier Niel, possède trente centres de shopping en France, dont celui-ci "Début août", le gouvernement a décidé d'imposer le contrôle du pass sanitaire à l'entrée de nombreuses infrastructures, notamment les centres commerciaux accueillant plus de 20 000 visiteurs.
La Part-Dieu est devenu récemment le premier centre de shopping de France, avec 161 000 m2 de superficie. Comme les autres complexes, il a été contraint de fermer ses portes durant une grande partie de l'année: "On a déjà fermé 107 jours ! On est en train de reprendre des forces, on a des chiffres très encourageants, et on apprend du jour au lendemain qu'on va devoir faire des contrôles systématiques !". Le directeur ne cache pas sa lassitude face à ces nouvelles restrictions, même s'il ne souhaite pas engager d'action quelconque contre les directives, et affirme vouloir continuer à travailler avec les autorités "en trouvant des solutions de bon sens".
"Il faudrait 510 agents supplémentaires, soit 3,3 millions d'euros par mois", Jean-Philippe Pelou-Daniel
Des mesures jugées loin de la réalité des commerces
Ces mesures, à prendre dans une quinzaine de jours, sont très contraignantes pour ces grands complexes. La société Unibail-Rodamco-Westfield a fait le calcul, explique Jean-Philippe Pelou-Daniel: pour l'ensemble des 18 centres commerciaux possédés par le groupe, "il faudrait 510 agents supplémentaires, soit 3,3 millions d'euros par mois". Une somme conséquente à dépenser, pour une économie durement touchée par la crise sanitaire.
Sur cette somme, les 305 commerces installés à la Part-Dieu vont devoir prendre en charge une partie, à travers les charges liées à leur emplacement. Le président de l'association des commerçants, Eric Amsellem, confie également son inquiétude à ce sujet. C'est le manque de clarté du gouvernement qu'il dénonce, puisque les détails de ces mesures n'ont pas encore été annoncés, deux semaines avant leur application. "Je ne vois pas comment on va pouvoir contrôler tous les gens qui sont dans le centre, ni comment chaque boutique va pouvoir contrôler ses clients".
Un procédé difficile à mettre en place
"Ce n'est pas possible en si peu de temps de nous organiser pour effectuer des contrôles systématiques d'ici le 1er août", indique Jean-Philippe Pelou-Daniel. Même si la somme avancée doit être déboursée d'ici quelques jours, la mise en pratique parait irréalisable aux dirigeants. Avec 3 à 4 agents supplémentaires par entrée, le groupe compte 30 secondes de contrôle par personne, en optimisant l'opération. Une durée qui, multipliée par le nombre de visiteurs quotidiens, s'étire rapidement dans le temps. Selon les calculs du groupe qui détient la Part-Dieu, plusieurs kilomètres de queue s'étendraient devant l'entrée principale du complexe, Vivier-Merle, et de la même manière à la sortie du métro B, très fréquenté, qui donne directement sur le centre.
"On a calculé: sur l'entrée Vivier-Merle, il y aurait précisément 17km de queue pour rentrer dans le centre commercial", Jean-Philippe Pelou-Daniel
C'est un "message de raison" que tente de faire passer le directeur. Les centres commerciaux ont déjà mis en place, comme les commerces particuliers, un certain nombre de mesures: le port du masque est obligatoire, des stands de gel hydroalcooliques ont été placés à chaque entrée, ainsi qu'à celles des magasins, il y a des sens de circulations. Mais le contrôle exigé en plus est une contrainte de taille.
Le centre commercial demande un report du délai, "à mi-septembre", mais également une autre modification par rapport aux annonces de lundi 12 juillet: que les contrôles ne soient pas systématiques mais aléatoires, et "qu'ils soient effectués par les forces de l'ordre, qui sont habilités à faire des contrôles d'identité et à mettre des contraventions, alors que nous ne le sommes pas". En effet, le gouvernement ne s'est pas encore prononcé sur les autorisations à effectuer des contrôles et à sanctionner les visiteurs aux pass non-conformes.
Pour rappel, le pass sanitaire peut être obtenu de trois manières différentes: en ayant complété le schéma de vaccination, avec un test antagonique ou PCR négatif de moins de 48h, ou avec une attestation de rétablissement du Covid datant de moins de 6 mois. Le contrôle du pass doit être fait à la fois par un contrôle d'identité et par celui du QR code correspondant à l'un des trois documents.
Pour autant, le directeur de la Part-Dieu ne se positionne pas contre les mesures prises par le gouvernement: "Le pass sanitaire, c'est sans doute la solution, mais nous en faisons partie aussi", explique-t-il. À la tête du centre commercial depuis trois ans, Jean-Philippe Pelou-Daniel déclare vouloir plus de considération de la part de l'Etat, qui semble être "déconnecté des réalités du terrain".
"La Part-Dieu, c'est 1,43% des commerces de la métropole", Jean-Philippe Pelou-Daniel
Les restrictions pénalisent spécifiquement les centres commerciaux
"On a des commerces essentiels aussi !", proteste-t-il. Le groupe Unibail-Rodamco-Wetfield dénonce une décision "discriminante et sans fondement sanitaire". Les cafés, restaurants, et d'autres sont concernés, mais pas l'ensemble des commerces du même type que ceux présents dans la Part-Dieu. "On pèse 1,43% des commerces de la métropole de Lyon", rappelle Jean-Philippe Pelou-Daniel.
Éric Amsellem, le président de l'association des commerçants, dénonce le "manque d'équité et de justice" de ces mesures, à travers la comparaison à des magasins situés en dehors du centre. "Vous voulez prendre un t-shirt ! Quand ils vont mettre les mesures en place, vous devrez faire la queue pour rentrer ! Si demain vous allez acheter le même t-shirt dans le même magasin, rue Grolée, est-ce que quelqu'un va vous demander votre pass sanitaire ? Non !" Le commerçant en appelle à une politique commune pour tous les établissement recevant du public, contrairement aux mesures annoncées, qui réservent le contrôle du pass sanitaire dans les autres magasins à fin août.
Oh, les pauvres !
Dépôts de bilan, chômage, dette..
Pass-sanitaire ou pas,
ce qui est drôle c'est que cette société commerciale n'est pas "contente" uniquement pour faire pression pour que l'Etat leur accorde des subventions ! 😀
Mettre des vigiles pour vérifier que les visiteurs mettent un masque et se mettent du gel sur les mains, ça a duré combien de temps durant les épisodes précédents ? On entrait comme dans un moulin. 😀
C'est un coût qu'ils ne veulent pas assumer, comme pour le nombre de lits d'hôpitaux qui continuent à être supprimés même pendant la pandémie. "Déséquilibrer le marché en étant toujours plus gros", avoir des "bons contacts" pour le faire, et ensuite avoir des bénéfices énormes, ça, ça ne leur pose pas de problème, mais justifier le prix des loyers élevés en investissant dans le personnel... apparemment ça pose problème ! 😀
Quelle réponse !
3,3 millions par mois pour 18 centres commerciaux donc 183 333€ par centre commercial et par mois.
305 commerces à la part dieu, donc 601,09€ par commerce et par mois
25 jours d'ouvertures en moyenne par mois donc 24,04€ par commerce et par jour.
Où est le problème ? Les commerces ne peuvent pas investir moins de 25€/ jour pour garantir la sécurité des clients ?
J'espère que l'état ne va pas plier face à ces exigences.
Ces centres ont le devoir et les moyens de faire respecter ces préoccupations sanitaires.
L'ordre économique monétaire est supérieur à tout 🙂
une-lyonnaise-placée-en-detention-provisoire-dans-une-affaire-de-trafic-de-faux-certificats-de-vaccination.