Vendus comme remparts à des îlots de chaleur urbains devenus calvaires des épisodes de canicule, des programmes immobiliers végétalisés poussent un peu partout dans Lyon. Potagers sur toits, canopées sur balcons, parcs au cœur des résidences... Ces touches vertes bienvenues sur les plaquettes des promoteurs devront devenir plus qu’un argument marketing pour avoir un impact global et pérenne sur la qualité de vie en ville.
“On sort de la tendance des espaces minéralisés.” L’évolution dessinée par Michel Le Faou, le conseiller municipal et métropolitain en charge de l’urbanisme, n’a pas été décelée sous les fenêtres de l’hôtel de ville. Pour sa version 2019 de la place des Terreaux, Daniel Buren s’est enferré dans son “œuvre” aride, privant la principale place lyonnaise d’arbres pour les décennies à venir*. Non, la végétalisation urbaine, il faut davantage la chercher du côté de la rue Garibaldi ou des projets de la Zac des Girondins et du Bon Lait, à Gerland, voire de la rue Président-Édouard-Herriot et ses bacs de fleurs, transformés en énième casus belli printanier entre Gérard Collomb et David Kimelfeld. Le nouveau PLU-H accompagne le mouvement par une progression de la surface foncière dévolue à la végétalisation dite de “pleine terre”. “Sur la ville de Lyon, on passe de 124 à 178 hectares de surface végétalisée en pleine terre sur les secteurs d’habitat collectif, soit une progression de 44 %”, insiste Michel Le Faou. Lyon est une des premières métropoles françaises, avec Paris et Marseille, à avoir inscrit ces obligations dans le marbre.
Les arbres au secours des villes
L’impact de la végétalisation en ville est loin de se limiter à une esthétique pour urbains nostalgiques des champs. “Au parc de la Tête d’Or, la température au sol est de 15°C, quand sur le béton d’une zone commerciale d’Oullins elle monte à 52°C”, pointe Damien Beaufils, co-fondateur de la société Urban Project. “Les arbres procurent de l’ombre tandis que les plantes rafraîchissent l’air par évapotranspiration”, poursuit Mireille Vernerey, directrice générale logement chez Ogic. D’où l’intérêt de créer des îlots de fraîcheur, jusque sur les immeubles. “La végétalisation des toitures permet de donner une inertie aux bâtiments, grâce à une épaisseur de terre qui agit comme amortisseur thermique, limitant les pointes de température, chaudes comme froides”, explique Michel Le Faou. La Métropole a recensé 4 500 toitures à fort potentiel en plus des 950 déjà végétalisées. Si elles étaient toutes exploitées il y aurait 2 335 hectares de végétation sur les toits de Lyon. Sur les toits comme au sol, végétaliser la ville doit permettre de restaurer des corridors de biodiversité. “Ces petits coins de nature doivent amener un retour de la biodiversité en recréant les parcours nécessaires, explique Mireille Vernerey. Les abeilles sont ainsi ravies de vivre en ville parce que leurs plus grands ennemis, les pesticides, n’y sont pas présents.” Un écosystème qui doit aussi filtrer les particules et absorber le CO2, dans une ville où les pics de pollution se multiplient été comme hiver.
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