E-velo’v à Lyon

Lyon : le mythe de Vélo'v gratuit grâce à la pub s'invite dans la campagne

Dans une campagne marquée par ses prédictions apocalyptiques en cas de victoire des Verts à Lyon, Gérard Collomb a brandi la menace de la disparition de Vélo'v en même temps que la publicité. Mais si le maire de Lyon a toujours contribué au mythe d'un Vélo'v financé par la pub, la réalité est autre.

"Les autres vont l’arrêter (Vélo'v), car ils ne veulent pas de publicité dans la ville. J’invite les utilisateurs de Vélo’V à bien réfléchir avant de mettre leur bulletin dans l’urne. Ça coûte cher de s’acheter un vélo", lors d'une conférence de presse où le maire de Lyon Gérard Collomb s'en est pris vivement aux Verts. Il a ressorti une nouvelle fois la carte d'un Vélo'v financé par la publicité (lire ici).

En parallèle, le candidat aux élections métropolitaines a sorti l'argument du prix d'achat d'un vélo pour un particulier, qui n'aurait pas d'autres choix avec la fin de Vélo'v, tout en faisant la promotion de la voiture individuelle à hydrogène. Un paradoxe qui n'a pas manqué de déclencher quelques petites moqueries tant les prix sont séparés par un gouffre (entre 60 000 et 100 000 euros pour une voiture de ce type, pour l'instant).

Le mythe de Vélo'v financé grâce à la publicité

Depuis le lancement de Vélo'v à Lyon en 2005 par JCDecaux, Gérard Collomb a toujours contribué au mythe d'un service financé par la publicité, au point que cela a pu parfois paraître comme "gratuit". Pourtant, Vélo'v ne l'est pas, bien au contraire. Il s'agit d'un service "premium" dont la force est d'être en capacité de proposer un rééquilibrage des stations pour faciliter le trajet "one way", "dans un sens", et l'obligation d'avoir une immense majorité de vélos en bon, voire très bon état (ce qui coûte cher).

Pour l'obtenir, le Grand Lyon a donc accepté de renoncer à percevoir une partie de la redevance qu'elle aurait dû toucher grâce à la publicité. Sur le premier contrat, la collectivité a ainsi accepté de s'offrir Vélo'v en renonçant à 50 millions d'euros sur la période 2005-2017, soit autour de 45 % de ce que représentait le coût annuel de Vélo'v (estimé à 8 millions d'euros par an). Le reste était à la charge de JCDecaux, autour de 2,6 millions d'euros et les usages (2 millions d'euros).

Ce premier contrat a été une bonne affaire pour le Grand Lyon, puisque JCDecaux n'avait pas encore le recul nécessaire lors de son élaboration, ignorait de nombreux paramètres qui sont ressortis à l'usage (comme la casse), et a commencé juste à se faire la main sur ce type de service.

Si le Grand Lyon avait choisi de percevoir les 50 millions d'euros pour les investir ailleurs, il aurait pu le faire (sans garantie d'avoir ce qui a été obtenu avec ce premier contrat). Du côté de JCDecaux, on a toujours milité pour un contrat unique, qui permet de se lier avec les collectivités sur des durées plus longues que des contrats allotis.

Un deuxième contrat plus équilibré pour Decaux

Lors du deuxième contrat signé en 2017 et cette fois-ci pour une durée de 15 ans, le prix de Vélo'v a été estimé à 164 millions d'euros par JCDecaux, selon les services de la métropole. Cette dernière a accepté de renoncer à 68 millions d'euros de redevance, le reste est couvert par les abonnements, dont le prix ont augmenté. Ce coût de 164 millions comprend la marge de JCDecaux qui est parvenu à obtenir un contrat plus équilibré par rapport à la première fois. L'avis des spécialistes du secteur était unanime : Lyon avait fait une bonne affaire en étant la première et se retrouve désormais à payer le service comme les autres grandes villes. À la fin de ce contrat, la métropole peut très bien choisir de séparer publicité et vélo si elle le souhaite (ou relancer des négociations avec JCDecaux pour réaliser d'éventuels avenants).

Paris avait choisi d'opter pour cette séparation, choisissant in fine Smoove à la place de Decaux (qui avait candidaté malgré l'allotissement et est donc en mesure de proposer un service de vélo sans pub). Si le service a depuis éprouvé de nombreuses difficultés, cela ne vient pas d'avoir retiré la publicité de l'équation, mais bien d'un acteur qui s'est retrouvé face à un chantier colossal, prenant la suite d'un autre qui avait su faire ses preuves. Le choix de lier ou non reste donc politique, tout comme le fait d'en assumer les conséquences, bonnes ou mauvaises. Vélo'v peut ainsi être financé par la publicité, l'impôt, l'abonnement, ou bien encore un péage urbain si l'idée s'invite à nouveau. Le service a un prix comme les autres.

Des vélos à assistance électriques, sans panneau numérique

Ainsi, la métropole de Lyon a fait un choix politique fin 2019, en décidant de débloquer directement une enveloppe de 1,2 million d'euros pour obtenir les Vélo'v à assistance électrique. Si dans un premier temps, l'idée de les voir financés par les redevances liées à l'installation de panneau numérique avait été abordée, le contrat ne conditionnait pas l’électrification aux écrans. Qu'il s'agisse de renoncer à percevoir une redevance, ou de payer directement, Vélo'v n'est donc pas gratuit. Aucune liste qui se présente aux élections métropolitaines n’a annoncé renoncer à ce service. Le symbole est trop fort et personne ne s'amuserait aujourd'hui à tuer Vélo'v.

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