En marge d'une conférence de presse sur les mobilités dans la métropole de Lyon, essentiellement tournée autour de l'autoroute urbaine de l'Anneau des sciences, Gérard Collomb a également présenté son plan "mobilités douces". À l'intérieur se mélangent marche à pied, vélo, navettes fluviales et navettes autonomes.
"Faire de la Métropole de Lyon la capitale des mobilités douces", c'est ainsi que le candidat Gérard Collomb a présenté son volet modes doux au sein d'une conférence dédiée à la mobilité. Un temps largement monopolisé par son projet d'autoroute urbaine de l'Anneau des sciences (lire ici).
Ce nouveau plan modes doux se base sur quatre points : déployer des navettes fluviales sur la Saône jusqu'à Collonges et sur le Rhône de l'Hôtel-Dieu et la Cité Internationale (deux hypothèses déjà étudiées au Sytral qui pointait des limites sur l'usage), proposer des navettes autonomes Navya pour desservir le dernier kilomètre, multiplier par deux le nombre de pistes cyclables et établir la continuité de ces liaisons, et enfin embellir la ville pour inciter à la marche.
Un petit projet vélo
Si le candidat promet de faire de Lyon "la capitale du vélo", le projet présenté est pour l'instant l'un des moins ambitieux de la campagne. Il propose de faire quatre axes rapides "autoroutes à vélo", sans employer le terme REV (lire ici) : un de Techlid à Perrache jusqu'au Campus de Bron en passant par Berthelot et Mermoz, un autre de Caluire à Oullins en requalifiant l'axe Nord-Sud sur la rive droite du Rhône, un de Saint-Priest à Corbas avec un rabattement sur la ligne D à Parilly et enfin, un dernier du boulevard Stalingrad au boulevard du 11 novembre à Villeurbanne pour relier le campus Lyon I, le parc de la tête d'or...
Le candidat souhaite également "amorcer le début d'un périphérique à vélo" en requalifiant le boulevard Pinel pour créer un axe entre Techlid et le Campus de Bron, mais aussi finir les aménagements de la rue Garibaldi et créer une continuité cyclable depuis le tube modes doux jusqu'au Parc de la Tête d'Or par la rue Duquesne. S'il promet une Via Saône en aménageant le quai Jean-Jacques Rousseau à la Mulatière et le val de Saône, il avance aussi qu'il achèvera la Via Rhôna entre Lyon et Givors... projet que terminent déjà la région Auvergne-Rhône-Alpes et la métropole de Lyon.
Mauvais tempo
La question du stationnement sécurisé n'aura pas été abordée, pourtant au cœur des usages. Même constant sur l'absence d'ambition pour développer l’écosystème vélo dans la métropole, ou de plan de conquête du dernier kilomètre par ce mode, ses possibilités de rabattement et de logistique (rabattement également à la question du stationnement sécurisé pour poser son vélo et prendre d'autres modes).
Les associations vélo du territoire avaient proposé une boite à outils pour les candidats (lire ici), Gérard Collomb ne s'en est pas emparé. Le tempo est d'autant plus mauvais que ce mardi, un classement montre que les promesses faites pour le plan mode doux 2009 - 2020 n'ont pas été tenues (lire ici).
Par ailleurs, jeudi soir, la FUB dévoilera son baromètre des villes cyclables qui devrait être attentivement scruté à travers tout l'hexagone. Lyon sera-t-elle pénalisée par l'affaire des bacs à fleurs rue Édouard Herriot où pistes cyclables et voies de bus ont été supprimées ? Cette dernière tentative "d'embellir la ville pour inciter à la marche" sans toucher à la place de la voiture, est aujourd'hui considérée comme une référence nationale en terme de verdissement (greenwashing) et de déni d'usages pour les cyclistes et les voyageurs des bus TCL désormais coincés dans les bouchons (lire ici).
Le rabattement par les navettes...
Dans la conquête du dernier kilomètre pour les particuliers, ce n'est donc pas le vélo qui aurait été mis en avant par le candidat, mais les navettes autonomes Navya. Elles circulent pour l'instant à Confluence et au Parc OL. Fouziya Bouzerda, présidente du Sytral, candidate auprès de Gérard Collomb, a ainsi expliqué que ces navettes autonomes permettront demain de proposer du transport à la demande.
Néanmoins, ces navettes autonomes soulèvent de plus en plus de critiques, roulant essentiellement à vide sans voyageur (avec la présence d'un opérateur en attendant l'évolution de la législation). La première reste leur vitesse moyenne, inférieure à celle d'un Vélo'v, voire d'une marche rapide dans certains cas.
... mais des navettes pour l'instant sans usage
À Confluence, elles peinent à trouver leurs usages, les visiteurs préférant marcher (tout en étant plus rapides). Au Parc OL, là encore, leur vitesse est aussi pointée du doigt. Les salariés du stade ont préféré d'autres solutions de rabattement comme le vélo, la trottinette, la marche, quand ce n'est pas tout simplement la voiture.
Enfin, il y a leur coût, actuellement autour de 250 000 euros pièce, sans compter l'aménagement de voiries et de signalisation, des sommes qui pourraient être employées pour des solutions moins technologies, mais plus efficaces. L’avènement de la voiture autonome sans conducteur, capable de rouler à vide, laisse craindre la possibilité de voir la moyenne d’humains à l’intérieur
d’un véhicule en ville passer sous la barre symbolique de un, sans limiter l'occupation de l'espace public.
"Capitale des mobilités douces", "capitale du vélo", "navette autonome"... en filigrane Gérard Collomb a dévoilé une nouvelle fois un pan "modes doux", où le rayonnement semblait être davantage aux cœurs des enjeux que les usages du quotidien. Paradoxalement, les solutions présentées sont insuffisantes pour rayonner.