Les syndicats Jeunes agriculteurs 69 et FDSEA du Rhône ont confirmé la reprise de leur mouvement de contestation, lundi 18 novembre, en se rassemblant à Lyon. Devant plusieurs parlementaires, ils ont exposé leurs revendications... comme au printemps dernier.
Les images sont plus ou moins similaires qu'en janvier dernier. Des agriculteurs exposant leurs revendications, devant des parlementaires. A la différence près que, cette fois-ci, les agriculteurs ne sont plus mobilisés sur les routes. Après avoir retiré ou bâché de nombreux panneaux de communes dans le Rhône, la FNSEA 69 et les Jeunes agriculteurs du Rhône ont en effet envoyé une délégation dans le 2e arrondissement de Lyon, au pied du musée des Confluences, pour échanger de vive voix avec les parlementaires présents.
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Unanimité contre l'accord UE-Mercosur
"On est venu symboliquement au cœur de Lyon pour vous rencontrer, députés et sénateurs. On veut vous faire prendre conscience de l'importance de l'agriculture dans le département du Rhône", introduit Elise Michallet, président de la FDSEA Rhône. Des représentants des filières fruits, viticulture, bio animales et viande ont ensuite pris la parole. "Pendant les crises économiques, c'est souvent le panier de l'alimentation que les consommateurs ajustent. On les incite vraiment à regarder les étiquettes des produits pour promouvoir l'agriculture locale", rappelle Samuel Douville, agriculteur bio à Saint-Priest.
Comme ils l'avaient fait lors de leurs mobilisations au printemps dernier, les agriculteurs des différents secteurs ont plaidé pour une simplification des démarches administratives, le respect de la loi Egalim et la hausse des retraites, entre autres. Pour eux, les promesses faites par le gouvernement sont encore loin d'être toutes respectées. "On est dans une position intenable. Aujourd'hui, on est tous endettés, parce qu'on a mis énormément de mesures environnementales", lance Bruno Ferret, arboriculteur.
S'ajoute désormais le possible accord entre la Commission européenne et le Mercosur (Amérique du Sud) lors du sommet du G20, qui se déroule en ce moment-même au Brésil. "Une provocation" pour les deux syndicats, qui entraînerait l'entrée massive de produits agricoles étrangers (90 000 tonnes de viandes bovines, 180 000 tonnes de viandes de volaille, etc), où les lois environnementales notamment sont très différentes de l'UE.
Des actions encore prévues dans le Rhône
Les cinq députés (Jean-Luc Fugit, Boris Tavernier, Thomas Gassilloud, Sandrine Runel, Anaïs Belouassa-Cherifi) et deux sénateurs (Étienne Blanc et Thomas Dossus) présents se sont montrés unanimes, lors du temps d'échange avec les agriculteurs : ils refusent tous cet accord, auquel s'opposent la France, l'Autriche, l'Irlande ou encore les Pays-Bas. "Un scandale et un séisme démocratique" pour Étienne Blanc, "un accord inacceptable" pour Jean-Luc Fugit.
Les parlementaires et agriculteurs se sont déjà accordés pour une future rencontre, à Lyon ou ailleurs. L'objectif, définir plus précisément les moyens d'actions à l'Assemblée nationale et au Sénat. Malgré tout, le mouvement devrait s'intensifier dans le Rhône et partout en France. "Ce soir (lundi), nous allumerons les feux de la colère sur 11 points du département du Rhône (Mornant, ou Amplepuis notamment). Et puis nous monterons en puissance avec des actions, jusqu'à obtenir ce que nous souhaitons. C'est-à-dire, pouvoir travailler dignement de notre métier", précise Elise Michallet, insatisfaite du taux de présence des parlementaires ce lundi.
En raison du lancement des beaujolais nouveaux cette semaine, les agriculteurs du Rhône ne devraient pas engager de nouvelles actions avant la semaine prochaine. Jean-Luc Fugit, lui, invite également les producteurs à engager des discussions avec leurs "confrères allemands, italiens et espagnols pour un réel impact".
Le tout alors que le projet de Loi d'orientation agricole (LOA), retardée par la dissolution de l'Assemblée nationale, devrait être débattu en décembre. "On a perdu un an", regrette la présidente de la FDSEA du Rhône. Elle espère donc une mobilisation conséquente des députés et sénateurs en faveur des agriculteurs en colère. Comme cela avait été le cas au printemps dernier sur les routes de l'Hexagone... Avant le grand chamboulement politique et un retour en arrière.
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