Une trentaine de livreurs d’Uber et Deliveroo se sont réunis ce matin devant les bureaux d’Uber à Lyon. Ils souhaitent une meilleure rémunération et des conditions de travail plus acceptables.
Le début d’un bras de fer. Ce matin, vers 10h, les coursiers lyonnais étaient une trentaine, mobilisés devant les locaux d’Uber dans le 3e arrondissement pour tenter d’obtenir une entrevue avec la direction. Au milieu des drapeaux de la CGT et des casques de scooters, des tracts aux revendications claires : l’augmentation de la rémunération horaire à 10 €, une prime de 5 € pour chaque récupération de commande, une autre à 1€ par kilomètre parcouru et l’assurance de deux commandes par heure. "Cela fait plusieurs jours que l’on cherche à avoir une réunion", explique Mary Icard, ancienne livreuse et membre de la section Privés d’emplois et précaires de la CGT. Depuis un mois, elle et d’autres membres du syndicat tentent d’organiser localement les coursiers autour de revendications communes. Deux semaines auparavant, ils se sont tous réunis en assemblée générale pour peser collectivement face à la multinationale. "Les conditions de travail se dégradent de plus en plus, poursuit Mary. On est payés au lance-pierre, on n’a pas congés payés et la rémunération diminue constamment."
"On nous prend la moitié de notre salaire"
Un sentiment partagé par Bilel. Son autocollant "Coursiers en lutte" placardé sur le blouson, le jeune livreur dénonce des conditions de travail de plus en plus compliquées. "Vous voulez prendre en photo mon téléphone ?", demande-t-il. Sur l’écran, l’application Uber affiche un montant de 292,79 € pour 62 courses et 45h travaillées. "C’est pas normal, martèle-t-il. J’en connais même qui font entre 12 et 15h par jour pour à peine 400 ou 500 euros, et quand on sait que Uber nous prend 25 % et l’Urssaf 23 %, ça fait la moitié de notre salaire". Pour Rym Saker, responsable de la communication d’Uber jointe par Lyon Capitale, ce cas n’est pas représentatif. Elle évoque par ailleurs une rémunération nette oscillant entre 10€ de 15 €/h. "Les livreurs partenaires d'Uber Eats sont des indépendants qui choisissent notre application pour la flexibilité qu'elle leur offre, précise-t-elle. Nous sommes à l'écoute des coursiers pour continuer à innover et leur offrir la meilleure expérience."
« Un rapport de forces s’installe »
Au bout d’une heure et demi, des représentants d’Uber ont finalement accepté de discuter avec les livreurs. Un premier dialogue qui ne mènera à rien sur le perron de l’entreprise avant qu'une réunion d’une heure ne se tienne l’après-midi dans les locaux. "Ils ont écouté et gratté quelques notes mais ils n’ont rien dit, détaille, dépité, Ludovic Rioux, membre de la CGT et organisateur de la manifestation. C’est toujours la même chose, ils expliquent qu’ils vont remonter au niveau national parce que ce n’est pas de leur ressort. Mais ils ont conscience qu’un rapport de force s’installe." Le prochain rendez-vous, c’est déjà mercredi, devant le McDonald’s de Bellecour, avec cette fois-ci dans le viseur Deliveroo. Le mouvement espère prendre de l’ampleur. "A Lyon c’est très récent, développe Mary Icard. Mais les livreurs commencent à nous connaître et à se joindre petit à petit. On va essayer de coordonner ça au niveau national." La CGT n’exclut d’ailleurs pas, en cas d’impasse, la possibilité d’une grève.