Distribution paralysée en grande partie, marchands aux abois, difficultés chez les éditeurs, la presse traverse une crise sans précédent. Daniel Panetto, président de Culture Presse, l'organisation professionnelle des diffuseurs de presse etait aujourd'hui à Lyon, aux côtés d’Anthony Delahaye, kiosquier de la place Le Viste, pour faire un point sur la situation.
Depuis plus d'un mois, les quotidiens nationaux et la presse magazine sont absents des points de vente de presse en raison de la liquidation judiciaire sans continuation d'activité de la Société d'agences et de diffusion, filiale de Presstalis placée en redressement judiciaire. Parmi les 16 agences désormais fermées, celle de Lyon assurait la distribution sur une grande partie du Rhône, de la Loire et de l'Ain.
Si les titres locaux ont réussi à s'organiser dans l'urgence ou disposaient déjà d'une logistique propre, cette absence de l'essentiel des titres de presse met en peril des commerces déjà fragilisés par une longue période de grèves et manifestations diverses et par la crise sanitaire actuelle. Pour Daniel Panetto, président de Culture Presse, cette situation menace l'économie des diffuseurs de presse et précise qu'à Lyon, comme dans de nombreuses autres villes du Sud-est, une solution de reprise des livraisons doit être trouvée de façon urgente. Le réprésentant des diffuseurs de presse a sollicité une aide auprès du ministère de la Culture afin de soutenir les marchands de journaux dont la presse constitue l'essentiel de l'activité dans les zones touchées par ce blocage de la distribution mais également sur l'ensemble du territoire.
Dans de nombreuses villes concernées par l'arrêt brutal de la distribution, précise Daniel Panetto, des solutions ont pu être mise en place pour permettre au réseau de vente de reprendre normalement leur activité. Si Les Messageries Lyonnaises de Presse, qui représentent 25% du chiffre d'affaires de marchands sont parvenues à organiser une distribution à Lyon depuis quelques jours rien n'a encore été organisé pour les titres, dont les quotidiens, distribués par Presstalis à Lyon -et Marseille- où l'inquiétude grandit.
Daniel Panetto a demandé aux messageries et à l'autorité de régulation (ARCEP) que tout soit mis en oeuvre pour permettre une continuité du service de distribution qui prive une partie de la population d'accès à l'information. Il rappelle que la démocratie est aussi en danger car si la presse informe, elle permet surtout la réflexion et la libre analyse et demeure un produit culturel essentiel.
La crise de la presse imprimée, qui touche la profession depuis plusieurs années, a entraîné la disparition de nombreux points de vente en France et il est important, souligne Daniel Panetto, de stopper ce processus en soutenant le réseau de vente, rouage essentiel de l'ensemble de la filière. Alors que 579 points de vente, sur les 22 000 que compte la profession, ont fermé en 2019. Ce nombre dépasse les 700 pour les seuls 4 premiers mois de l'année 2020.
Malgré le soutien de l'Etat, qui a garanti le versement d'une partie des commisions du réseau vente dues par Presstalis, les diffuseurs de presse lyonnais attendent désormais une issue rapide à cette crise pour espérer, enfin, un avenir meilleur.
Anthony Delahaye, kiosquier place Le Viste et Daniel Panetto, président de Culture Presse