Suite à l'agression de trois gardiens à la prison de Vendin-le-Viel dans le Pas-de-Calais, les syndicats Ufap-Unsa Justice et la CGT pénitentiaire ont appelé à un "blocage total de l'institution" ce lundi. Un mouvement qui devrait être suivi par solidarité par les établissements de la région, dans lesquelles l'insécurité est parfois devenue un sentiment quotidien.
L'agression par un détenu islamiste dans la prison de Vendin-le-Viel ne passe pas. Ce jeudi, Christian Ganczarski, incarcéré pour son rôle dans l'attentat commis dans une synagogue de Djerba en 2002, a violemment agressé trois gardiens à l'aide d'un ciseau à bout rond et d'un couteau trafiqués. Le lendemain, les surveillants de l'établissement ont refusé de venir travailler et ont dénoncé devant l'établissement le manque de moyens ainsi que la décision de la direction de la prison. Alors que le détenu avait été placé en cellule d'isolement, le directeur aurait levé cette mesure quelques jours avant l'agression. Et tandis que la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, doit effectuer une visite à Vendin-le-Viel ce lundi, les syndicats Ufap-Unsa Justice et CGT pénitentiaire ont appelé à un "blocage total de l'institution".
"Ce qui prime avant tout, c'est notre vie et celle de nos concitoyens"
En cause notamment, la gestion des détenus inculpés pour terrorisme. "Ce qui prime avant tout pour nous, ce n'est pas de demander plus de personnel, même si c'est le dernier volet des revendications, mais c'est notre vie et celle de nos concitoyens. En France, il n'y aucun établissement dédié et on observe que même si les détenus qui relèvent de l'intégrisme islamiste sont à l'écart dans un étage ou un bâtiment isolé, il suffit de crier par la fenêtre pour que la communication et le prosélytisme aillent bon train", indique Bruno Luchini, référent CGT pénitentiaire de la section de Lyon. "Nous voulons l'adoption d'une réelle politique et non pas de paroles, car il ne s'agit pas de dire que l'on va traiter le problème du terrorisme en faisant des quartiers dédiés" ajoute-t-il. À l'intérieur des prisons de la région, Bruno Luchini précise que le service de repas et de sortie sera assuré. "Toutes les prisons ne peuvent pas appliquer le blocage total qui a des implications certaines et graves. Mais le ras-le-bol des collègues est très présent donc on peut s'attendre à des mouvements plus ou moins dures devant certaines prisons, en particulier celles directement concernées par la gestion de cas difficiles".
"Des agressions physiques, on n'en a pas tous les jours, mais presque..."
La solidarité envers les gardiens agressés est d'autant plus forte que l'insécurité des personnels pénitentiaires, tout comme celle des détenus entre eux, est criante depuis de nombreuses années. "La semaine dernière à Villefranche, une jeune surveillante stagiaire s'est fait étrangler et à pris des coups sur le visage", rappelle Dominique Verrière, secrétaire régional de l'UFAP-UNSA. "Des agressions physiques, on en a pas tous les jours, mais presque, et elles ne viennent pas forcément de détenus terroristes. Et les agressions verbales, on ne les comptabilise même plus. Cela ne sert plus à rien de déposer plainte car elles ne sont pas poursuivies par les parquets" ajoute-t-il. Un climat délétère qui entache d'autant plus un recrutement de personnel déjà difficile. L'année dernière, environ 13 000 dossiers ont été enregistrés pour le concours de surveillant pénitentiaire sur une visée de 30 000. Et lorsque les postulants réussissent le concours, le taux de démission serait de 30% dans les trois premières années. "Il faut que l'on arrive à instaurer un peu d'apaisement et du respect dans les établissements pénitentiaires. Ce n'est déjà pas un métier qui a une bonne connotation sociale et qui soit attractif. Si en plus on se fait taper sur la gueule sans arrêt et que nous n'avons rien le droit de dire, ça ne va pas s'améliorer", considère Dominique Verrière, qui espère que ce mouvement permettra au nouveau gouvernement de comprendre la nécessité de prendre en compte la réalité vécue sur le terrain pour agir.