Ces biens exceptionnels, évalués à plus d’un million d’euros, s’arrachent de plus en plus. Qui sont les acheteurs ? Comment la crise sanitaire a-t-elle boosté les ventes ?
Non, vous ne rêvez pas. Vous n’êtes pas à Miami ou Dubaï… mais à Sainte-Foy-lès-Lyon. Ce penthouse (appartement-terrasse) a pourtant de quoi faire douter de la réalité. Avec sa vue à 360° de sa promenade dominant tout Lyon et la chaîne des Alpes, chaque lever de soleil a l’air d’un spectacle. Sans compter sa piscine à débordement – transparente – pour vraiment se déconnecter du monde. Un plaisir qui a un coût : 2,8 millions d’euros.
“Avec un prix moyen supérieur à 1 million d’euros, c’est notre meilleure année.”
Mais ces 380 m2 de terrasse ne sont qu’un exemple dans le secteur de l’immobilier de prestige à Lyon, à savoir ces grands espaces avec des prix à partir de 5 000 euros du mètre carré. Le marché lyonnais des résidences d’exception, même s’il est très discret, se porte bien.
La crise sanitaire, moteur du prestige
À l’image du marché lyonnais classique, les prix sont à la hausse. “Nous observons une vraie progression en 2021 avec 20 % de croissance et plus de 160 ventes conclues dans l’agglomération lyonnaise”, se félicite Thomas Vantorre, le président de l’agence de luxe Barnes Lyon. Il poursuit : “Avec un prix moyen supérieur à 1 million d’euros, c’est notre meilleure année.” La raison principale serait le besoin de davantage de confort dans le contexte de la crise sanitaire. Banal en somme. La Covid-19 aurait ainsi simplement accéléré le changement de perspectives pour les potentiels acheteurs de ces biens. Selon Thomas Vielliard, de l’équipe d’architectes Vielliard et Francheteau spécialisée dans les villas prestigieuses, “les gens recherchent des maisons haut de gamme non pas seulement afin d’en faire un lieu d’habitation mais aussi un objet de plaisir”.
"La crise sanitaire, en annulant la quasi-totalité des voyages des acheteurs, a augmenté leurs capacités financières.”
Il remarque néanmoins “une demande de plus en plus importante depuis deux ou trois ans”. Une tendance précédant donc les bouleversements liés à l’épidémie. “Mais c’est aussi parce que nos clients ont des liquidités plus importantes que d’habitude”, avance Thomas Vantorre. La crise sanitaire, en annulant la quasi-totalité des voyages des acheteurs, a augmenté leurs capacités financières.” Autrement dit, la période, propice à l’épargne, favorise l’investissement dans la pierre. Thibault de Saint Vincent, le président de Barnes, indique ainsi dans son classement annuel des villes les plus recherchées par les grandes fortunes : “Les biens immobiliers de luxe représentent 6,1 % du patrimoine des UHNWI et sont peut-être les plus petits composants de leur portefeuille d’actifs mais ils jouent un rôle important dans leur vie.”
Le profil des acheteurs : des industriels
Par “UHNWI” ou “HNWI”, entendez “Ultra High-Net-Worth Individuals” ou “High-Net-Worth Individuals”. Un vocable pour distinguer les grosses fortunes et… les très grosses fortunes. Pour être éligible à l’une ou l’autre de ces deux catégories, il faut disposer d’un patrimoine compris entre 1 et 30 millions de dollars (ou au-delà). “Le profil type est un industriel, souvent en provenance de Paris, ou bien un investisseur étranger”, constate Thomas Vielliard. Plusieurs agents immobiliers du secteur précisent que ces acheteurs n’ont pas besoin de financement par l’emprunt. “Bien que ce soit une clientèle rare, il est possible d’en rencontrer à Lyon”, assure Thomas Vantorre. L’Insee précise que 9 % des plus hauts revenus de France habitent dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, dont 1,3 % dans la métropole de Lyon. Une population parmi les plus riches du Rhône qui souhaite ainsi acheter un domicile en toute discrétion. “Une partie du marché est en off-market, donc sans communication ni annonce”, explique le dirigeant de Barnes Lyon. Son agence déclare ainsi avoir vendu plus de 20 biens à plus de deux millions d’euros en 2021.
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