Illustration – Un hommage aux victimes du génocide arménien ©JONG ROCK PARK/WOSTOK PRESS

Lyon : malgré la reconnaissance du génocide arménien par les Etats-Unis, les inquiétudes demeurent

Le CCAF et la Ville de Lyon commémoreront le génocide arménien à 16h ce samedi.Raffi Tanzilli, le coprésident du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF), explique les enjeux de cette commémoration particulière après les heurts avec la communauté turque l'année précédente, et la reconnaissance en cours du génocide par les Etats-Unis.

La communauté arménienne, avec le CCAF et la Ville de Lyon, commémorent le génocide arménien de 1915. La commémoration part du Consulat turc ce samedi à 16h, pour relier la place Antonin Poncet où se déroulera un dépôt d'œillets. Raffi Tanzilli, le coprésident du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF), explique les enjeux de cet événement alors que la fin de l'année 2020, jusqu'à aujourd'hui, a été marquée par la guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, et des violences entre des arméniens et de militants turcs en France.

Lyon Capitale : Que représente la journée du 24 avril pour la communauté arménienne ?

Raffi Tanzilli : C'est d'abord une journée de commémoration en hommage aux 1 200 000 victimes du génocides en 1915 en Turquie. Pour nous c'est une déchirure dans l'Histoire de notre peuple et une déchirure qui continue jusqu'à nos jours. Ensuite c'est aussi un moment d'unité. La date a été choisie parce qu'elle correspond à des commémorations annulées dans les années 60. C'est un symbole de lutte.


"C'est d'abord une journée de commémoration en hommage aux 1 200 000 victimes du génocides "


Que ce soit en Arménie ou ailleurs, partout dans le monde les arméniens se rassemblent ce jour là. Les familles se retrouvent et perdurent la mémoire des victimes du génocide. À Lyon, nous allons faire demain une marche en partant à 16h du consulat de la Turquie, pour relier la place Antonin Poncet, près de Bellecour, où se trouve le mémorial arménien.

La jeunesse arménienne est-elle encore sensible à cette journée ?

Oui, elle est même très présente. Des associations de jeunes se mobilisent beaucoup pour ce genre d'événements qui rassemblent toutes les générations. Je croise toujours des adolescents et je vois le travail de mémoire qui est à l'œuvre. Je crois que la transmission de la mémoire du génocide arménien se passe bien.

L'actualité récente - guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, et des violences entre des arméniens et de militants turcs en France - donne-t-elle une tonalité particulière à la commémoration de demain ?

Pendant des années, nous avons alerté les autorités. Nous disions que tout peut recommencer, que les violences contre l'Arménie peuvent reprendre, car celles du passé n'ont pas été condamnées, n'ont pas été jugées véritablement.


"Aujourd'hui, nous voyons bien que la volonté génocidaire est encore présente en Turquie"


Aujourd'hui, nous voyons bien que la volonté génocidaire est encore présente en Turquie. Nous ne sommes pas dupes. Nous connaissons tout à fait les velléités d'Ankara, la capitale turque.

Êtes-vous inquiet pour l'avenir de la communauté arménienne à Lyon et en France ? 

Il y a, en effet, une inquiétude naissante. Nous voyons bien qu'on essaie de nous intimider. Nous savons bien que, même si les Loups Gris (mouvement ultra-nationaliste turc, NDLR) ont été dissous en France, ils continuent d'exister sur internet, alimenté par Ankara. C'est une inquiétude nouvelle, si on regarde l'histoire des cinquante dernières années. Pour moi, ça a débuté en 2006 à Lyon lors des manifestations turques quand on a érigé le monument de la place Antonin Poncet. C'est dommage car Lyon et sa région, sont des lieux importants pour la communauté. Nous avons toujours trouvé un soutien parmi les autorité en place.

Le président des Etats-Unis a annoncé hier, vouloir reconnaître le génocide des arméniens. Que vous inspire ce souhait ?

C'est un moment que j'attends depuis l'enfance. Je suis militant pour la reconnaissance du génocide depuis longtemps. On aurait aimé que cette reconnaissance américaine arrive plus tôt, mais aujourd'hui rien d'autre ne s'impose que de dire merci.


"On aurait aimé que cette reconnaissance américaine arrive plus tôt, mais aujourd'hui rien d'autre ne s'impose que de dire merci"


Les Etats-Unis sont la première puissance du monde, et ce changement pourra peut-être amener d'autres nations à reconnaître ce crime. Vous savez, je considère l'actuel gouvernement turque comme le plus virulent en termes de négationnisme. Il agit de manière perverse partout dans le monde pour alimenter l'idée qu'il ne s'est rien passé. Je ne pense pas qu'il bougera dans les prochaines années. C'est pourquoi la reconnaissance américaine, face à l'entêtement turc, est une victoire pour nous.

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