Le service d'autopartage de la Métropole de Lyon, Citiz peine à décoller, déficitaire malgré une accélération de son déploiement. L'objectif affiché par l'exécutif de 3 600 véhicules d'ici 2030 semble pour l'heure bien loin.
Les 3 600 véhicules visés à horizon 2030 sont encore difficile à imaginer. Mardi 3 décembre, le président écologiste la Métropole de Lyon, Bruno Bernard et Fabien Bagnon, vice-président en charge de la voirie et des mobilités actives ont présenté un rapide bilan du service d'autopartage Citiz, porté par la Métropole de Lyon via la Société publique Locale des Mobilités, Lyon parc auto (LPA).
Un déficit de 3 millions d'euros par an
"Un outil important pour lutter contre l'autosolisme (désigne le fait de se déplacer seul dans une voiture, Ndlr) et permettre à des habitants du coeur de l'agglomération d'abandonner leur véhicule personnel", estime Bruno Bernard. Selon la métropole de Lyon, un tiers des habitants de l'agglomération aurait renoncé à posséder une voiture.
Lancé en 2008, le service a bien grandi, connaissant une nette accélération depuis l'arrivée au pouvoir d'un exécutif écologiste. Entre 2019 et 2024, le nombre de véhicules a été multiplié par six pour atteindre aujourd'hui près de 600, répartis entre 220 stations situées dans 34 communes de l'agglomération lyonnaise. Le nombre d'abonnés au service est passé quant à lui de 5 000 à 14 000. Des chiffres insuffisants pour permettre à Citiz d'atteindre l'équilibre financier, en déficit de 3 millions d'euros par an, avec 8 millions de dépenses pour seulement 5 millions de recettes.
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Atteindre 3 600 véhicules en 2030 ? "Il va falloir accélérer", reconnaît la Métropole de Lyon
"Le service va tendre vers l'équilibre économique. Nous allons lancer un plan de conquête de nouveaux usagers début 2025", indique Fabien Bagnon qui souhaite également aller "conquérir le public associatif qui investit parfois dans des véhicules alors que l'autopartage peut répondre à leurs besoins". La Métropole et LPA vont avoir besoin de nouveaux abonnés, et beaucoup, pour financer leur "service public de l'autopartage", dont le plan directeur a été adopté en conseil métropolitain en décembre 2023. D'ici 2030, ce sont entre 3 400 et 3 600 véhicules qui doivent être déployés sur l'ensemble du territoire. L'objectif affiché à l'époque était d'atteindre un maillage de stations de trois véhicules, distanciées d'en moyenne 330 mètres.
Mais en 2024, seuls 200 nouveaux véhicules et 70 nouvelles stations sont venus enrichir l'offre Citiz. Pour atteindre son objectif, la Métropole doit passer à 600 nouveaux véhicules par an entre 2025 et 2030. "Il va falloir accélérer" reconnaît Fabien Bagnon qui indique néanmoins qu'une station Citiz a d'ores et déjà été proposée à chaque commune du territoire. "Toutes ne se sont pas montrées intéressées", précise-t-il. Aussi, pour aller chercher les plus précaires, la Métropole de Lyon indiquait en décembre 2023 vouloir mettre en place une tarification solidaire. Pour l'heure, la situation financière de Citiz, de LPA, mais également de la Métropole de Lyon (contrainte de couper dans les budgets de ses délégations) ne semble pas dessiner une dynamique favorable à la mise en œuvre d'une telle tarification, alors même que l'exécutif cherche à augmenter les recettes générées par le service.
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Quelle place pour les opérateurs privés ?
Lors du vote de décembre dernier, la droite avait déploré une forme de "nationalisation" à grands frais d'un service assuré par des opérateurs privés, en l'occurrence : Leo&Go, Drivalia et Bolt. Fabien Bagnon lui assure de la "complémentarité" des deux services, les opérateurs privés ne développant pas leur offre en dehors du coeur de l'agglomération par souci de rentabilité. Mais à terme, les opérateurs privés en free-floating (trajets d'un point A à un point B) pourraient pâtir d'un développement à grande échelle de Citiz.
Pour l'heure, "le problème est le stationnement", indiquait à Lyon Capitale, Vincent Frey, général manager chez Leo&Go. Et d'ajouter :"Nous payons une redevance à la Ville pour ce droit au stationnement. Or, nos usagers perdent du temps à essayer de se garer et ce temps leur est facturé. Nous aimerions donc obtenir des places réservées." "Des discussions sont en cours", indique de son côté Fabien Bagnon.