Entretien avec Stéphane Frioux, historien. Où la longue histoire des projets de transition environnementale dans l’agglomération lyonnaise durant la seconde moitié du XXe siècle et le paradoxe qui les fait coïncider avec des innovations destructrices pour les écosystèmes.
Stéphane Frioux est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Lumière Lyon 2 et chercheur au Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (Larhra). Il a dirigé l’ouvrage "Une France en transition" (Champ Vallon), enquête collective et pluridisciplinaire au long cours qui met en lumière la longue histoire des projets de transition environnementale dans l’agglomération lyonnaise durant la seconde moitié du XXe siècle et le paradoxe qui les fait coïncider avec des innovations destructrices pour les écosystèmes. "Dans notre XXIe siècle, nous expérimentons au quotidien le caractère contrasté du tableau des pratiques et politiques environnementales." @Antoine Merlet Lyon Capitale : Près de 500 pages, quasiment quatre ans d’enquête, dix chercheurs. Qu’est-ce qui a conduit à l’écriture de cet ouvrage ? Stéphane Frioux : Cet ouvrage est une aventure collective qui part d’abord d’un programme de recherche financé par l’Agence nationale de la recherche depuis novembre 2016. L’ambition était de proposer un cadre solidement documenté de compréhension de la place occupée par les villes françaises, notamment Lyon et Grenoble, dans l’institutionnalisation des politiques environnementales. L’idée était de montrer comment l’agglomération lyonnaise, avec l’étalement urbain, portait en elle des enjeux environnementaux : ici, des espaces verts menacés, là-bas, une rocade routière contestée. On a voulu essayer de comprendre ce qui s’était joué depuis cinquante ans. Les autoroutes urbaines, la marée pavillonnaire, les grands ensembles aux abords des agglomérations… Oui, c’est cela. C’est l’ère de la grande accélération urbaine et de la transformation technologique rapide, appuyées sur un mode de vie fortement consommateur d’espace et de ressources. On a essayé de comprendre comment se sont construites, progressivement, les politiques publiques environnementales. Le livre a pour but de mieux cerner le rôle des acteurs locaux à l’œuvre dans la construction de l’environnement comme catégorie politique. Cet ouvrage, expliquez-vous, a pour but de "mettre en lumière la longue histoire des projets de transition environnementale" notamment à Lyon. Quelles sont les grandes périodes qu’il faut retenir ? On peut en retenir deux : le tournant environnemental des années 1970 et la fin des années 80-début des années 90. Notre enquête fait la part belle aux années 1970, qui sont au cœur du long moment déterminé par les historiens comme "les années 68". C’est la période de genèse de bien des innovations politiques et sociales en termes environnementaux. À cette époque, l’apparition du mot “environnement” engendre immédiatement une mobilisation sociale dans la région lyonnaise, notamment avec de grands projets contestés et une nouvelle vie associative."Louis Pradel est un personnage plus complexe que ce qu’on a bien voulu dire en forçant le trait. Il est devenu le défenseur des monts d’Or alors qu’était prévue une rocade, projet enterré en 1977"
Il vous reste 77 % de l'article à lire.
Article réservé à nos abonnés.