Les éboueurs de la société Pizzorno sont en grève depuis onze jours à Lyon. Où en est le mouvement ? Une issue rapide est-elle possible ?
Les ordures s'entassent depuis plusieurs jours dans les 3e, 6e et 8e arrondissement de Lyon, mais aussi à Villeurbanne, Bron et Vaulx-en-Velin. Les éboueurs de la société Pizzorno sont en grève depuis le 2 avril. Ils s'étaient mobilisés alors que les agents de la métropole avaient eux aussi cessé le travail. Depuis, ces derniers ont repris le ramassage des ordures, parvenant à trouver un accord, tandis que les salariés de Pizzorno continuent leur mouvement. Ils demandent une revalorisation salariale ainsi que l'amélioration de leurs conditions de travail.
Un piquet de grève quotidien à Vénissieux
Tous les matins, ils se rendent devant le dépôt de l'entreprise à Vénissieux d'où sortent des camions pour effectuer des tournées. Face à la grève, Pizzorno a fait appel à des salariés et intérimaires d'autres villes pour tenter de réaliser des ramassages. Néanmoins, ils ne sont assurés qu'à 50 % des capacités normales, ce qui entraînent des amoncellements d'ordures dans les rues. La métropole a invité les habitants à sortir leurs poubelles à l'extérieur des immeubles "dans le cas où celles-ci n’auraient pas été sorties depuis plusieurs jours, afin de faciliter le ramassage". Une décision critiquée par certains éboueurs qui accusent la métropole de faire le jeu de Pizzorno. "Si les gens doivent sortir les poubelles et que les salariés et intérimaires de Pizzorno ne vont plus les chercher à l'intérieur des résidences, le contrat avec la métropole n'est pas respecté", critiquait un éboueur jeudi soir devant le siège de la métropole.
Des négociations au point mort
Pour l'instant, les négociations sont au point mort entre Pizzorno et les grévistes qui jeudi soir se disaient prêts à continuer "autant de temps qu'il faudra". "Nous sommes les oubliés de la société, les gens commencent à se rendre compte de notre utilité seulement quand on arrête de travailler", se désole un éboueur. Ce même jeudi, ils ont interpellé le président de la métropole David Kimelfeld qui est venu à leur rencontre, promettant de faire "le nécessaire" et "d'appeler la direction de Pizzorno". Les déclarations ont été accueillies par des applaudissements, avec l'espoir qu'une "médiation" soit mise en place dans un contexte où le dialogue semble rompu entre l'entreprise et les grévistes. Une nouvelle manifestation devant l'hôtel de métropole est d'ores et déjà prévue ce lundi à 11 heures. Dans un communiqué, cette même métropole de Lyon se dit "très attentive à la situation et n’exclut pas – dans le cadre strict du contrat de marché public signé entre l’entreprise et la collectivité – d’intervenir si la situation sanitaire et sécuritaire des territoires concernés venait à se dégrader". Ainsi, après onze jours de conflit social, une issue rapide semble peu probable. La grève des agents de la métropole avait duré, pour sa part, dix sept jours.