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Lyon piétonnisé, une méthode à se tirer une balle dans le pied

Edito. La parenthèse enchantée de l’été fermée, le pas de côté ouaté derrière nous, c’est l’heure de la reprise. Autre temporalité. Retour aux affaires lyonnaises.

Avec pour horizon, informulé, la bataille des municipales de 2026. Les législatives ont donné aux élus locaux un aperçu de l’humeur de leur population. En envoyant au palais Bourbon quatre députés du Nouveau Front populaire, l’équipe municipale de Grégory Doucet, composée de toutes les forces de gauche, sort confortée. Et plus que jamais confiante.

Les élections municipales n’ont rien à voir avec les élections nationales, balaie Pierre Oliver, le maire (Les Républicains) du 2e arrondissement, qui ne cache plus son intention de briguer la mairie de Lyon. “Dans les scrutins (nationaux), les gens votent d’abord pour des partis. Les municipales sont un référendum pour ou contre le maire sortant”, qui, il l’a martelé, “bien sûr”, se représentera.

La rentrée marque symboliquement la dernière ligne droite du mandat des Verts. Ce qui se jouera n’est pas tant l’inscription de Lyon parmi les cent villes européennes neutres du point de vue climatique à l’horizon 2030, objectif annoncé du maire de Lyon, que ce qu’il aura fait concrètement pour changer la ville.

Le projet phare de la majorité écologiste à la tête de la Ville de Lyon et de la Métropole – qui pilote le budget –, c’est l’“Apaisement de la Presqu’île”, premier axe de l’opération globale “Presqu’île à vivre” qui prévoit une piétonnisation d’une grande partie du cœur de Lyon, et le réaménagement de la rive droite du Rhône.

Oliver appelle à la sérénité. Doucet prône l’apaisement. Au-delà de cette longueur d’onde de façade, les deux ne pouvant pas se voir en peinture, une chose est sûre : jamais projet n’a suscité autant d’oppositions et une telle levée de boucliers.

“On joue un peu à l’apprenti sorcier”, va même jusqu’à regretter le président de la CCI, le patron des commerçants et chefs d’entreprise lyonnais, qui, sans être contre, souligne les “incohérences pratico-pratiques” et la trop grande “violence” de cette mutation urbaine.

Pour qu’un projet soit accepté par la population, il faut l’accompagner. Une telle transition ne peut se faire à marche forcée, par oukase ou mise en demeure. C’est ce que les experts appellent “l’économie des incitations”. On l’a vu à maintes reprises par le passé, les Verts sont victimes de leurs propres erreurs de communication. Ou de l’absence totale de plan com.

Et, histoire de se tirer une autre balle dans le pied, aucune étude d’impact n’a été conduite. Un recours pour excès de pouvoir est d’ailleurs toujours en cours d’instruction devant le tribunal administratif.

Mais qu’il s’agisse du projet de piétonnisation de la Presqu’île, grand dossier de ce numéro, ou du réaménagement de la rive droite du Rhône, que nous avions traité en une l’été dernier, tous deux s’inscrivent dans la continuité des années Collomb, tout en changeant de braquet.

Si les Verts peinent à séduire les Lyonnais, à tout le moins sur le projet phare de leur mandat, c’est en partie à cause de leur radicalité et de leur manque d’écoute. Les Lyonnais sont des progressistes. Le manichéisme, doublé de morale, ne passe pas.

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