Sous un soleil ardent, 3200 manifestants ont défilé contre la Loi Travail à Lyon, selon les chiffres de la police. S'il y a eu des moments de tension et une tentative de casse, des membres de la CGT se sont activés pour détendre l'atmosphère.
"Il n'y avait pas le nombre, mais il y avait la qualité", conclut un
, assis sur un banc de la place du Maréchal Lyautey après avoir battu le pavé depuis la Manufacture des Tabacs. "J'attends maintenant d'avoir des informations sur ce qu'il se passe à Paris, à Nantes et dans toutes les autres villes de France. Martinez a dit, c'est parti pour juillet et au-delà ! Alors ce sera le cas pour moi aussi" clame-t-il avant de raconter l'époque des votes communistes de Villeurbanne en 1936. Parmi la foule d'un peu plus de 3000 personnes, la majorité est jeune, mais il y a aussi des familles et des personnes plus âgées. Différents drapeaux se mêlent dans le cortège, les drapeaux rouges de la CGT, les roses de Solidarités, les noirs de la Coordination des groupes anarchistes ou les bleus et blancs, pour l'association étudiante de l'UNEF. Mathieu et Gaëlle sont étudiants à Lyon 2 et à Lyon 1 et marchent aux couleurs de l'UNEF. Tous deux répondent présents depuis le début des manifestations : "il n'y a eu aucun problème et une bonne ambiance aujourd'hui. Il y a toujours autant de monde, voir plus" affirme Gaëlle. Selon Mathieu,"il faut une action du gouvernement". Gaëlle poursuit "nous voulons le retrait de la loi travail. On attend que ça !"
"La CGT a fait des efforts pour calmer les choses"
Derrière le petit kiosque des "Trois couleurs" de la place du Maréchal Lyautey, trois hommes viennent échanger leurs t-shirts noirs par des chemisettes plus passe-partout. Les foulards noirs portés sur le bas du visage sont rangés dans les sacs à dos. Ils repartent tout sourire, une canette à la main. Sur les pelouses de la place, les manifestants s'installent dans l'herbe et tentent de se rafraichir à l'ombre. Habituellement, les manifestations lyonnaises virent à gauche sur le cours Gambetta pour rejoindre la place Bellecour. Aujourd'hui, fan zone oblige, le trajet a été modifié pour que la manifestation soit dirigée vers le 6ème arrondissement. C'est précisément au moment de continuer sur l'avenue de Saxe plutôt que de tourner à gauche que la tension monte d'un cran. Depuis le départ du cortège, un groupe d'une vingtaine de manifestants a pris la tête du mouvement et semble vouloir muscler la démonstration. Un responsable de la police explique : "des non-institutionnels ont provoqué la police. La CGT a fait des efforts pour calmer les esprits. Il y a eu également une tentative de manifestation sauvage au niveau du cours Lafayette, les gendarmes se sont opposés et des individus ont cherché à forcer le barrage de boucliers. Nous avons du recourir à l'utilisation de gazeuse à main", précise-t-il. Désormais, des policiers sont équipés de caméras pour filmer les manifestations. Sur le cours Gambetta, la banque d'investissement "Valority" est ciblée par un groupe de jeunes aux foulards noirs.
Tentative de casse sur une banque d'investissement
Après avoir tenté de briser la vitrine, cette dernière ne cède pas. Des gendarmes seront par la suite postés devant la banque. En dehors de ces incidents et de plusieurs ballons de football tirés sur les forces de l'ordre, l'ambiance reste plutôt festive, notamment parce que des membres de la CGT reprennent la tête du cortège et dispersent les esprits plus virulents. "On a fait un service d'ordre oui, comme d'habitude" lâche l'un d'entre eux. "C'est organisé, nous avons toujours plusieurs personnes qui s'occupent de calmer un peu les ardeurs de la jeunesse" explique-t-il.
Du côté des forces de l'ordre, la manifestation s'est "plutôt bien passée". Interrogé sur la forte mobilisation des effectifs de police depuis l'instauration de l'Etat d'urgence et le début de l'Euro 2016 en France, un responsable de la police lyonnais confie : "c'est sur, ce n'est pas facile, mais on serre les dents et on va tenir jusqu'à la fin de l'Euro." Sur la place du maréchal Lyautey, des gendarmes sont au pas de course pour sécuriser les quatre coins de la place. Pendant ce temps, une poignée de manifestants se jette dans la fontaine monumentale pour se rafraîchir. Construite en 1865, cette fontaine avait été élevée sur une commande des habitants pour remercier Napoléon III d'avoir fait disparaître le péage sur les ponts du Rhône. En ce 23 juin 2016, un jeune homme y accroche le drapeau communiste. Un peu plus tard, les angelots de la fontaine verront le bas de leur visage masqué par des foulards noirs.