Ce n’est pas une façon de parler. Parti de la place Bellecour vers 14h30, un cortège d’une quarantaine de gilets jaunes a défilé ce dimanche, encadré par autant de membres des forces de l’ordre.
L’évènement préparé sur Facebook indiquait 330 participants, ils n’ont finalement été qu’une quarantaine à partir de la place Bellecour cet après-midi. "Pour un dimanche, c’est pas si mal" ironise un manifestant, visiblement amusé par le déploiement important de CRS et de gendarmes. En effet, malgré le petit groupe de manifestants, on comptait de nombreux représentants des forces de l’ordre dispersés sur la Presqu’Île. Vers 14h30, tandis que certains gilets jaunes abandonnent rapidement le point de rendez-vous, déçus par le manque de monde, l’un d’entre eux annonce que la police est tout de même prête à encadrer la manifestation. Le porte-parole improvisé prévient, "ils m’ont prévenu, si ils voient une seule cagoule, ça va chauffer".
"Ils [les policiers] sont toujours nombreux parce qu'ils ne savent pas à quoi s'attendre"
Deux vans de la police à l’avant, trois à l’arrière et plusieurs motards sur les flancs, la petite troupe s’est malgré tout élancée rue de la Charité, déterminée à faire entendre sa voix. Malgré les cris, l’ambiance est calme et le dialogue avec la police permanent. Finalement, l’attroupement fera un rapide tour du sud de la Presqu’Île en passant par la rue Victor Hugo, avant de remonter vers la rue de la République pour être enfin rabattus place Bellecour, le tout sous étroite surveillance. Parmi les manifestants, un couple de cinquantenaires a tenu à marcher avec leur gilet malgré le peu de manifestants. Lui est magasinier, elle tient une boutique, et tous les deux parlent d’une seule voix en montrant l'important dispositif policier "Ils sont toujours nombreux parce qu'ils ne savent pas à quoi s'attendre, ils sont nerveux. Beaucoup de gens comme nous soutiennent le mouvement des gilets jaunes mais ne descendent pas dans la rue. Nous, on a des proches qui ne veulent pas manifester parce qu’ils ont peur d’être blessés par la police" expliquent-ils. Si le couple ne se prononce pas sur l’avenir du mouvement, ils reconnaissent que sa radicalisation est une possibilité de plus en plus probable.