Pour tenter de mettre en lumière le mouvement social des sapeurs-pompiers du SDMIS de Lyon, Lionel, officier et pompier depuis plus de 30 ans, entame sa deuxième semaine de grève de la faim.
C’est une action "mûrement réfléchie" que cet officier, pompier depuis plus de 30 ans, a entrepris le 18 novembre dernier pour attirer l'attention médiatique sur son combat et celui de ses collègues. En plein conflit social avec l'État, la Métropole de Lyon et le Département du Rhône pour obtenir des effectifs supplémentaires et des revalorisations, Lionel a pris son dernier repas le dimanche 17 novembre sur le campement installé devant l'Hôtel de la Métropole. Il entame ainsi sa deuxième semaine de grève de la faim pour tenter de "mettre un coup d'accélérateur en plus des actions déjà entreprises par l'intersyndicale" indique-t-il.
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"Je me sens un peu moins péchu que d'habitude"
La cinquantaine, Lionel a déjà perdu environ six kilos et est en arrêt de travail. "Je me sens un peu moins péchu que d'habitude", reconnaît ce pompier expérimenté qui garde malgré tout le sourire. "Je fais attention à moi. Quand je parle comme ça en continu, ça me demande un effort. Quand je suis assis et que je me lève, la tension met un léger temps à se réguler avec une sensation de vertige", précise Lionel.
Chaque matin, il envoie une photo de la balance et de sa glycémie à ses collègues proches et à deux médecins qui le suivent et le soutiennent dans son action. Mais s'ils n'ont pas pu passer à côté de l'information, largement relayée dans les médias, les élus divers et la direction du SDMIS n'ont pour l'heure pas pris de nouvelle de l'officier. "Je prends les choses comme elles viennent. Quand je reçois du soutien, ça me fait plaisir, si les gens ne m'appellent pas, ce n'est pas grave", lâche-t-il.
Un délai d'intervention moyen en augmentation de 2,45 minutes
Si Lionel a décidé de se lancer dans cette action qui peut mettre en péril sa santé, c'est qu'il estime n'avoir pour l'heure pas été entendu. "J'ai pris ma décision quand la présidente du SDMIS est venue nous parler lundi 18 novembre. Son discours ne nous a pas satisfait puisqu'elle ne parlait que du Beauvau de la sécurité civile qui devrait aboutir d'ici à la fin du premier semestre 2025. Nous, notre première échéance, c'est le budget 2025, là dans les prochains jours", tance-t-il.
"Ce combat touche tous les grades. Il a commencé avec l'ICL (prime logement dont la suppression a lancé le mouvement, Ndlr) mais le combat est bien plus large que ça. Il touche principalement le recrutement, la reconnaissance du métier et de notre action au quotidien", complète Rémy Chabbouh. Alors qu'il était considéré comme l'un des meilleurs de France, le SDMIS de Lyon a vu ses délais d'intervention s'allonger de 2,45 minutes depuis 2020. "Sur une intervention pour un arrêt cardiaque, c'est 25 % de chance de survie en moins", précise Lionel. Une telle hausse est inédite dans l'histoire du SDIS selon les syndicats.
Si, selon les chiffres de l'Insee, la population du Rhône augmente de 20 000 habitants par an, les effectifs eux, n'augmentent pas. "En 2010, on était à 1 160 pompiers, aujourd'hui on est 1 070", déplorent Rémy et Lionel. Les syndicats rencontreront mardi le nouveau préfet délégué à la sécurité, Antoine Guérin, puis seront reçus par les financeurs (Métropole à 80 % et Département à 20 %) mercredi. "On espère des annonces, sinon il y aura des actions lors de la Fête des Lumières", prévient Rémy Chabbouh.
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