Depuis un an, c'est le paradoxe le plus total entre Lyon et Caluire. La passerelle de la Paix est interdite aux cyclistes, mais aussi aux piétons lorsqu'il pleut alors qu'elle a été conçue pour eux. Ce pont modes doux qui a coûté 15 millions d'euros est devenu le symbole d'une rupture de mobilité.
Ce mardi 10 décembre, au matin, les collectifs Rillieux et Caluire à Vélo, ainsi que la Ville à vélo ont "fêté" les un an de ce qui est peut être l'un des plus gros paradoxes en matière de mobilité à Lyon. Depuis décembre 2018, les cyclistes n'ont pas le droit de prendre la passerelle de la Paix. Lorsqu'il pleut, cette interdiction est également valable pour les piétons. Or, cet édifice qui a coûté 15 millions d'euros, inauguré en 2014 pour relier Caluire à Lyon, est prévu uniquement pour... les vélos et piétons.
Les panneaux d'interdiction sont arrivés quatre ans plus tard, à cause d'un revêtement particulièrement glissant, rendant la passerelle incompatible avec les usages en fonction de la météo et de l'humidité. Pourtant, matin et soir, des centaines de cyclistes et piétons bravent l'interdiction pour traverser le Rhône. Ils n'ont pas d'autres choix. Plus haut, le pont Poincaré est connu pour sa dangerosité, plus bas, le pont Winston-Churchill est bien trop loin. La métropole de Lyon avait promis un retour à la normale fin 2019, ce qui n'est pas encore le cas. Mardi matin, des ouvriers s'affairaient encore pour remplacer le revêtement glissant.
La fin de l'interdiction en janvier 2020
Contactée par Lyon Capitale, la métropole de Lyon se veut rassurante : "les interdictions seront levées en janvier 2020, nous refaisons l'ensemble des lattes et de la résine pour avoir un équipement parfait". Le chantier a pris du retard à cause de quelques découvertes réalisées lors des travaux : "En changeant la résine, nous avons découvert des lattes abîmées, des éléments qu'il fallait changer alors que cela n'était pas prévu. Cela a pris plus de temps, mais le pont n'a jamais été fermé".
Malgré le chantier, ce trait d'union qui a permis de faire de belles photos en 2014 lors de son inauguration par l'ancien président de la métropole de Lyon, Gérard Collomb, restera pourtant déconnecté en termes d'usage sur ses extrémités. Côté Cité internationale, le feu piéton / vélo n'a pas été adapté et sa boucle d'une quinzaine de secondes ne permet pas d'évacuer les flux qui arrivent de la passerelle (dont les nombreuses personnes qui se rendent à la Cité internationale pour participer à de salons censés contribuer au rayonnement de Lyon). À Caluire, pour accéder à la structure depuis le nord, il faut emprunter une zone considérée comme l'un des points noirs de la métropole (lire ici).
Certains préfèrent prendre le pont Poincaré où il n'y a aucun aménagement dédié. "Je ne défends pas que les cyclistes, ce pont est aussi à revoir", explique Simon de Rillieux à vélo qui espère voir un jour un aménagement sur cet autre passage, "On voit des bus bondés qui sont coincés dans les bouchons et qui n'ont pas de site propre". "Pas sûr que les automobilistes acceptent les mêmes choses qu'on fait subir aux piétons et cyclistes sur ce secteur", lance un membre de la Ville à Vélo présent mardi matin. Un secteur qui aujourd'hui est endeuillé.
Le pont qui cache la forêt
Mardi 3 décembre, un conducteur de poids-lourd a tué un cycliste à Caluire, au carrefour de la grande rue de Saint-Clair et du pont Poincaré. À cet endroit, aucun aménagement n'est prévu pour les usagers vélo, alors qu'il s'agit d'un point d'accès majeur vers la ville de Lyon. Une enquête a été ouverte.
Mardi 10 décembre, entre 7h30 et 9h, 129 cyclistes sont passés sur cette zone où personne ne laisserait un enfant faire du vélo et qui peut être une barrière pour ceux qui aimeraient se lancer. Si la sortie sud de l'agglomération à la Mulatière reste aujourd'hui problématique, malgré un nouvel aménagement, au nord, la situation semble de plus en plus critique.
Le plus honteux dans ces accidents avec des camions, c'est que souvent c'est lié à "l'angle mort",
or,
il existe des rétroviseurs parfaitement capables de couvrir ces angles morts et ils équipent déjà certains cars (sorte d'antenne d'abeille). Mais pour des raisons de fric, ces rétroviseurs n'équipent pas obligatoirement les camions.
Quand à ce pont... 5 ans pour réparer un problème lié à des incompétents...
Quelle honte ces chantiers lyonnais
Lorsque l'on se déplace à vélo, le principal soucis de l'agglomération Lyonnaise est que les infrastructure ne sont pas pensée pour permettre un trajet. Il n'y a ni continuité des pistes, ni raisonnement global de déplacement.
Un cycliste démarre avec ses petits molets (et pas en laissant tomber son pieds sur la pédale d'accélérateur) il a donc besoin d'un itinéraire continu pour enchainer et moins se fatiguer. Si cette contrainte n'est pas prise en compte, faut pas espérer du report modal.
Nos élus raisonnent en km "d'aménagement cyclable" et ils sont très fort pour peindre des km de bandes cyclables au milieu du trafic pour se gargariser ensuite de faire des efforts pour le vélo, alors qu'ils en font pour permettre aux automobilistes de se garer en double file!