Marie-Pierre Vagnot, ingénieur environnement à Atmo-Auvergne-Rhône-Alpes, explique pour Lyon Capitale l'épisode de pollution qui touche actuellement l'agglomération.
Lyon Capitale : Depuis lundi, la métropole de Lyon est touchée par un épisode de pollution à l'ozone. Pouvez-vous expliquer comment se forme ce polluant ?
Marie-Pierre Vagnot : La première chose qu’il faut savoir sur l'ozone c'est que c'est un composé secondaire qui n’est pas directement émis par une source spécifique. Il se forme dans l'atmosphère en fonction de différents facteurs et notamment la chaleur et des UV. Les éléments précurseurs sont les polluants primaires automobiles, industriels, comme l’oxyde d’azote (NOx) et les composés organiques volatils. C’est donc un polluant exclusivement estival.
Les villes comme Lyon sont-elles plus touchées ?
Dans les centres-villes de grandes agglomérations, la réaction chimique qui forme de l'ozone ne crée pas forcément un équilibre chimique. Dans ce cas la formation d’ozone est directement détruite par les composés qui le forment. Ce phénomène de destruction est moins important sur les villes plus petites, dans les périphéries des grandes villes et en milieu rural. Même s’il y a cette destruction, Lyon est une ville très grande. Il y a beaucoup d'émission donc le polluant s'accumule au fur et à mesure.
Comment la situation va évoluer à Lyon ?
Ça dépend de la météorologie, mais aussi des émissions. Ce que l’on sait c’est que la journée de jeudi devrait être la pire journée de la semaine.
Est-ce que les mesures des restrictions de la circulation sont efficaces sur ce type de polluant ?
Les oxydes d'azote sont très largement émis par le trafic routier. Plus de 80%. Parce que l’ozone est très volatil, les actions mises en places doivent concerner un territoire assez large pour que le niveau de fond de la pollution baisse. Quand on regarde la formation de ce polluant, son niveau est souvent faible le matin, en cours de matinée il commence à monter, puis il y a un pic à midi et dans l'après-midi et enfin ça redescend la nuit. Pour éviter la pointe de midi et de l'après-midi, il faut agir la veille ou le matin parce que ce sont ces pics qui entraînent la pollution du milieu de journée. Il faut aussi rappeler qu’il n’y a rien à voir entre la couche d’ozone et cette pollution. Si ce sont les mêmes molécules, elle ne se trouve pas dans la même zone terrestre et il n'y a pas d'échange entre ces deux zones.
Quels effets a ce type de polluant sur la santé ?
Sur le court terme, l'ozone est surtout un irritant. Il provoque le nez qui coule, des irritations des yeux et de la gorge. Pour les sportifs ça peut être gênant. Pendant les pics de pollution, il est déconseillé de faire des efforts physiques. Plus on ventile dans l'effort, plus on s'intoxique et on s'irrite. Sur long terme il provoque des problèmes cardio-respiratoires comme les autres polluants.