Test - Le cinéma Pathé Bellecour fait sa petite révolution. Terminée la projection classique dans une salle, avec Onyx, les films sont diffusés sur un écran LED géant. Que vaut cette technologie ? Verdict où la magie du cinéma en prend un coup.
Révolution au pays des frères Lumière. Depuis le 27 mars, le Pathé Bellecour a supprimé la projection classique dans une salle pour la remplacer par un écran géant LED Samsung. En réalité, "des" écrans, puisque la salle Onyx est composée de plusieurs "cabinets", des dalles LED qui sont déposées côte à côte pour créer une immense image. Grâce à la technologie HDR, Onyx est capable d'assurer des contrastes saisissants, et d'offrir des couleurs "plus vivantes". La luminosité est également plus forte notamment pour compenser la baisse due aux lunettes 3D. Enfin tout ça, c'est la théorie. En pratique, que donne cette technologie ?
Une salle calibrée 3D quand la 3D ne sert à rien
Nous avons décidé d'aller tester la salle Onyx en séance publique. Deux films sont actuellement diffusés dans la salle actuellement, tous les deux en 3D : Captain Marvel et Dumbo. Notre choix va se porter sur le second puisque nous avons déjà vu le premier en salle Dolby (indiscutablement la meilleure salle à Lyon). Première étape : réservation et prix du ticket. Au plein tarif, la séance nous coûte 15,60 euros, soit deux euros au-dessus d'une séance classique à la même heure. Direction la salle numéro 5 et là c'est la première grosse déception : l'écran est petit, 10 mètres sur 5. Pas minuscule, heureusement, mais nous ne sommes pas sur une taille qui peut rivaliser avec les autres grandes salles du cinéma. Pour la comparaison avec l'Imax ou la salle Dolby, ce n'est même pas la peine de la faire.
Côté sièges, aucun effort non plus, ce sont ces bons vieux fauteuils rouges qui assurent une assise pas toujours confortable, surtout pour les longs films. La densité des places est forte, avec l'impression que les spectateurs sont serrés, un détail à garder à l'esprit puisqu'il sera important plus tard. Les bandes-annonces commencent et l'image est indéniablement très lumineuse, très propre, et très numérique avec ce qu'on appellera le paradoxe d'Onyx. En voulant offrir une qualité d'image très naturelle, c'est une impression d'artificialité qui prend le dessus, avec le sentiment de regarder une grosse télévision. Sur les fonds blancs, on peut également distinguer les jonctions entre les écrans qui composent l'image (ce qui ne sera pas le cas durant la diffusion).
Le film commence, en 3D, effectivement la luminosité plus forte permet de compenser la perte due aux lunettes pour un bel effet relief, qui dans Dumbo n'a pas d'intérêt cinématographique. Onyx est clairement fait pour les films 3D, sauf que la technologie est déclinante et qu'aucun long métrage n'a su l'employer correctement depuis trop longtemps (beaucoup ne sont pas filmés en relief, mais convertis en post-production). Côté son, la voie centrale n'est plus derrière l'écran, mais autour, cela se ressent avec une impression d'un rendu moins enveloppant, parfois trop porté sur l'avant. Mais ce n'est pas le plus gros défaut de la technologie.
Le trop est l'ennemi du bien
Le paradoxe d'Onyx se confirme durant la diffusion de Dumbo. L'image est très précise, trop. Les couleurs sont éclatantes et ce qui est censé être plus naturel devient encore une fois terriblement artificiel, numérique. C'est un peu comme ces images de démonstration diffusées sur les télévisions dans les magasins. On est ici pour en mettre plein les yeux, mais au fond, il manque ce supplément d’âme qui fait la différence. Tout l'aspect charnel de la projection a disparu, mais aussi une forme de poésie et de magie face à cette grosse télévision. La "toile", qui n'est pas un écran comme un autre, le devient. Pour les amoureux du 7e art, il y aurait presque une forme de négation du cinéma dans tout ça. La diffusion, se faisant par l'avant, et non plus par l'arrière, a également le défaut d'éclairer davantage la salle durant le film, rappelant la présence des autres spectateurs et rangées devant. L'immersion en prend un coup, le cocon se fait moins fort. Onyx c'est les inconvénients du cinéma : personnes incapables de passer deux heures sans regarder son téléphone, mastications bruyantes, voisins malades qui toussent toutes les cinq minutes... sans les avantages.
On n'est parfois pas trop mal à la maison
En multipliant les technologies, Pathé veut convaincre les spectateurs de venir dans ses salles plutôt que de rester à la maison devant Netflix. À 14,60 euros, Onyx rappelle surtout qu'on est parfois pas trop mal dans son salon face à une grande télévision. Ce n'est plus du cinéma, espérons que ça ne devienne pas la norme. La salle Dolby est toujours ce qui se fait de mieux à Lyon, avec une qualité d'image à tomber, et surtout, encore et toujours ce soupçon de magie qui permet de couper pendant deux heures sans être devant un écran comme les autres.
Conclusion de l'enquête, plus on veut faire plus, moins c'est moins !
Rappelons que ce genre d'écran est tout sauf "en accord avec le respect de l'environnement" vu ce qu'il faut comme énergie et ressources minières pour le fabriquer, et vu qu'il est impossible de le réparer s'il y a un "pok" ou une panne sur l'écran (comme pour les écrans plus petits de ce genre).
ah ben oui, les projecteurs au Xénon (soit 99 pourcent du parc) ne sont pas du tout dangereux et en accord avec le respect de l'environnement...
De quoi parlez-vous ?