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Lyon : quels impacts ont eu les confinements de 2020 sur la pollution ?

L'année 2020 et ses deux confinements ont permis de réaliser, même si l'on aurait préféré s'en passer, une expérience grandeur nature de baisse de la circulation routière dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Une situation dont les effets n'ont pas été les mêmes selon les types de polluants et lors du premier et du deuxième confinement.

Alors que la métropole va voter ce lundi 15 mars une délibération pour renforcer sa zone à faibles émissions (ZFE), en interdisant notamment les véhicules Crit'Air 5 et non classés pour les particuliers, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes vient de dévoiler son rapport sur les effets des deux confinements de 2020 sur la pollution. L'organisme qui analyse la qualité de l'air dans la région s'est penché sur les deux principaux polluants pour lesquels l'État a été condamné par l'Europe, mais aussi par le Conseil d'État : les oxydes d'azote NOX et les particules fines PM2,5. Au niveau santé, les premiers ont un effet irritant pour les bronches et augmentent la fréquence et la gravité des crises d'asthme. Les seconds, qui pénètrent plus ou moins profondément au sein de l'appareil respiratoire, ont des effets cancérigènes et mutagènes prouvés.

Les NOx en chute libre

Les NOx sont principalement émis par la circulation routière (63% des émissions dans la région). Lors du premier confinement, la baisse de la circulation de l'ordre de 70% a ainsi permis de réduire les niveaux d'oxydes d'azote de moitié par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Cette chute remarquable lors du 1er confinement l'a été beaucoup moins lors du second, note Atmo.

“Lors du deuxième confinement du 29 octobre au 15 décembre 2020, la baisse du trafic est moins marquée (de l’ordre de 25 %) et sur une plus courte durée ce qui n’a pas permis de baisse aussi nette des concentrations en oxydes d’azote. La reprise de l’activité industrielle par rapport au premier confinement, laquelle représente près de 20 % des émissions régionales d’oxydes d’azote, peut également expliquer cette plus faible diminution”, détaille l’observatoir.

Plus globalement, les émissions de NOX ont été plus basses en 2020 qu'en 2019, même hors période de confinement où le trafic est relativement revenu à la normale.

Quelles leçons en tirer ?

Cette expérience grandeur nature de forte réduction de la pollution, via une réduction de la circulation, a conduit Atmo à proposer plusieurs axes d'action pour les collectivités locales afin que cette baisse se pérennise. Tout d'abord en diminuant le trafic routier “en favorisant les modes actifs et les alternatives à l'autosolisme”. Pour rappel, le taux d'occupation des voitures qui entrent dans Lyon et de 1,1. C'est-à-dire que pour dix voitures qui entrent dans Lyon, seulement une est occupée par deux personnes.

Ensuite en renouvelant le parc de véhicules via notamment la création de ZFE et en proposant des primes financières pour l'achat de véhicules neufs moins polluants. Enfin en améliorant la fluidité du trafic en “optimisant la vitesse de circulation, mais aussi en incitant au décalage des horaires dans les écoles, les universités, les entreprises, etc.. Pour répartir le trafic”.

Pas de baisse notable pour les particules fines

D'après le rapport d'Atmo, contrairement aux NOx, les concentrations en PM2,5 ont été plus élevées début 2020 le premier confinement que sur la moyenne des cinq dernières années en raison notamment de l’épisode de pollution en particules issues des sables du Sahara survenu fin mars 2020. Pour autant, l'hiver 2019-2020 a été l'hiver le plus chaud en France depuis le début du XXe siècle (3°C au-dessus de la normale saisonnière) ce qui a conduit les ménages a moins chauffer leurs intérieurs, le chauffage individuel au bois étant responsable de 67% des émissions de particules fines dans la région. Ainsi, les émissions de PM2,5 ont fortement baissées avant le 1er confinement. Hors épisode saharien, les concentrations de particules fines n’ont pas connu de baisse “significative” dans la région l’an passé.

Quelles leçons en tirer ?

Atmo demande ainsi aux collectivités de continuer d'accompagner l'amélioration de la performance thermique des bâtiments, mais aussi a renouveler les appareils de chauffage individuels. La métropole de Lyon propose à titre d'exemple une prime air bois pouvant atteindre les 2000 euros pour les ménages aux revenus modestes. Pour les particuliers et il est recommandé d'améliorer l'isolation du logement, là aussi des aides existent, et de ne pas chauffer à plus de 20°C.

Quelle dynamique pour la pollution dans la région ?

Globalement, la pollution est en baisse continue dans la région Auvergne-Rhône-Alpes depuis plus de 10 ans, et ce, hors effet particulier des confinements. Par rapport à 2007, elle a baissé de 43% pour les NOx et de 65% pour les émissions de particules. Selon Atmo, ce sont “les efforts technologiques entrepris dans le secteur résidentiel (renouvellement progressif des appareils individuels de chauffage au bois), le transport routier (renouvellement du parc automobile, avec la généralisation des filtres à particules à l’ensemble des véhicules neufs à partir de 2011) et l’industrie (amélioration des procédés de dépollution, fermeture de certains sites ou réduction d'activité)”, qui ont permis ces diminutions.

Toutefois, “si la baisse des particules en 2020 a suivi son cours habituel, les concentrations moyennes annuelles des zones urbaines stagnent ces 3 dernières années continuant d’exposer une large population au dépassement des seuils sanitaires pour ce polluant”. 

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