Le géant français des produits pharmaceutiques, installé à Lyon, a annoncé arrêter le développement de son vaccin à ARN messager contre le Covid-19. Sanofi va se concentrer sur son autre vaccin contre le virus.
Rapidement distancé dans la course mondiale au développement d’un vaccin contre le Covid-19, le géant français des produits pharmaceutiques, installé à Lyon, travaillait depuis plusieurs mois sur deux vaccins contre le virus. L’un d’eux, développé grâce à la technique de l’ARN messager, déjà utilisée par ses concurrents BioNTech, associé à Pfizer, et Moderna, vient d’être abandonné par le laboratoire français.
Malgré des résultats intermédiaires positifs pour la phase 1-2 de l'essai de son vaccin à ARN messager, Sanofi juge que celui-ci arriverait trop tard sur le marché, alors que 12 milliards de doses de vaccins anti-Covid auront été produites au total d'ici la fin de l’année. Par conséquent, Sanofi ne développera pas de phase 3 pour ce vaccin, car "il n'y a pas de besoin de santé publique d'avoir un autre vaccin à ARN messager", poursuit-il.
Sanofi se concentre sur son autre vaccin contre le Covid-19
Sanofi, qui travaillait depuis mars 2020 avec l’américain Translate Bio pour développer ce vaccin, va désormais se concentrer sur son deuxième vaccin, fondé sur une protéine recombinante et développé avec le Britannique GSK. Le géant des produits pharmaceutiques espère d’ailleurs pouvoir le commercialiser d’ici la fin de l’année, alors que les résultats de la phase 3 sont attendus dans les prochains mois.
Toutefois, cet abandon de l’ARN messager pour développer un vaccin contre le Covid-19 ne marque pas la fin du travail de Sanofi sur cette méthode. Au contraire, l’entreprise a décidé d’accélérer ses recherches sur cette molécule, dont les promesses dépassent de loin la protection contre le Covid-19 et qui pourrait être utilisée pour répondre à une immense gamme de maladies, qui vont du sida à plusieurs types de cancer. L’Allemand BioNTech a ainsi annoncé travailler à un vaccin contre la malaria.
Le rachat au mois d’août du spécialiste américain de l’ARN messager Translate Bio, pour 2,7 milliards d’euros, s’inscrit dans cette volonté de ne pas rater le tournant médical promis par cette molécule. "Notre objectif est de libérer le potentiel de l’ARN messager dans d’autres domaines stratégiques, comme l’immunologie, l’oncologie et les maladies rares, en plus des vaccins", déclarait ainsi dans un communiqué Paul Hudson, directeur général de Sanofi, début août.
Un centre de recherche sur l’ARN à Marcy-l’Étoile
Le groupe a déjà lancé de premiers essais pour un vaccin monovalent, avec une seule souche de virus, contre la grippe saisonnière. Il a indiqué mardi vouloir lancer l'an prochain des essais cliniques contre la grippe, cette fois-ci avec un vaccin quadrivalent. La région lyonnaise pourrait d’ailleurs accueillir, dans les prochaines années, certains travaux du groupe sur l’ARN messager. En effet, il y a quelques mois Sanofi a décidé d’installer une partie de son centre de recherche spécialisé sur l’ARN à Marcy-l’Étoile.
Pour mémoire, à l’inverse d’un vaccin classique, qui utilise une version affaiblie ou neutralisée d'un virus, la technologie de l'ARN messager introduit directement dans les cellules du corps une séquence de génome pour qu'elles génèrent les anticorps destinés à reconnaître le virus et l'éliminer.
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