Lyon : "Se questionner de manière fructueuse" le temps d'une soirée

Jean-Pierre Cloarec est chercheur à Lyon dans le domaine des technologies de la santé. Egalement maître de conférences à l’Ecole Centrale Lyon, il sera présent pour la 11ème édition de la Nuit européenne des chercheur.e.s ce vendredi 29 septembre au soir, un événement qui lui tient particulièrement à cœur pour créer des liens entre les sciences et la société. Lyon Capitale, partenaire de l’événement, sera aussi de la partie avec un studio TV, afin de permettre de poser en direct vos questions aux chercheurs présents.

Lyon Capitale : Vous serez présent parmi plus de 90 scientifiques lyonnais à la Nuit européenne des chercheur.e.s. Quelle place tient ce type d’événement dans votre travail ?

Jean-Pierre Cloarec : Deux aspects sont importants, celui de témoigner auprès du grand public sur la manière dont les chercheurs travaillent, mais aussi celui d'avoir des retours de la part des gens pour comprendre comment ils vivent les questions sur lesquelles nous travaillons et la manière dont la science et toutes ses implications est perçue au jour le jour. Les participants donnent leur avis sur des sujets très variés et le fait de les voir réagir à notre travail est extrêmement intéressant. Sur des points, nous sommes parfois tellement le "nez dans le guidon" qu'il y a des choses que l'on ne voit plus.

Comment trouvez-vous le thème de cette année, celui des "Idées" ?

Ce thème m'a inspiré immédiatement, parce qu'effectivement les échanges d'idées sont indispensables. C'est un peu comme explorer une jungle et trouver des pyramides Incas perdues quelque part. En général, on a besoin de le faire en groupe. Lyon est une grande ville universitaire, ce qui rend l’événement d'autant plus intéressant. Cela fait quatre ans que je participe à ces nuits des chercheurs et je constate que les plus jeunes sont fascinés, car ils ont encore assez facilement un esprit physicien et explorateur. Pour les jeunes adultes, ce n'est pas si évident. Évidemment, il y a un intérêt pour des élèves ingénieurs pour la science, mais ils n'ont pas forcément une compréhension de ce que c'est que la pratique de la science. La science va quand même bien au-delà des technologies et de leur utilisation. Mais la démarche scientifique peut-être difficile à faire passer car ce n'est pas quelque chose qui est dans les temps courts et qui correspond à nos modes de vie actuels. On ne parle pas simplement des découvertes, mais de la manière de se poser les questions. Pour moi, le plus important avec la science, ce n'est pas de fabriquer des nouveaux bidules, mais de se questionner de manière fructueuse pour que cela change notre regard sur le monde ou notre manière de vivre ensemble.

Quelles sont les travaux sur lesquelles vous travaillez et qu'allez vous expliquer au public ?

Je fabrique des outils pour diagnostiquer des maladies ou des problèmes environnementaux. Ce qu'il y a de passionnant dans mon métier, c'est de travailler au contact, aussi bien de médecins, qui sont en quelque sorte les utilisateurs finaux des dispositifs que l'on développe, mais aussi de technologues. Je suis aussi physico-chimiste des surfaces et ce côté-là est assez exaltant. Ce qui arrive très souvent aux chercheurs, c'est de tomber sur des choses que l'on arrive absolument pas à comprendre. Cela peut prendre des années avant de prendre du recul sur des résultats expérimentaux que l'on a pas pu expliquer. Ce dont je vais parler, c'est comment j'ai été amené à constater quelque chose d'assez mystérieux et comment j'ai pu ensuite résoudre ce problème des années plus tard grâce à des échanges d'idées avec des collègues de spécialités tout a fait différente de la mienne.

Cette nuit peut-elle donner des vocations aux curieux qui souhaitent se lancer dans la recherche scientifique ?

Sans doute, car je pense les gens qui viennent ont déjà un minimum d'attirance pour la science. J'ai souvent vu lors de ces nuits des lycéens et des collégiens qui avaient déjà une forme d'attrait pour le métier de chercheur. Cet événement peut les conforter dans la démarche, mais aussi faire le contraire, je ne sais pas. En général, il me semble que l'ambiance est plutôt bien vécu et que ce sont des moments assez festifs. En ce qui me concerne, l’événement colle bien à l'état d'esprit que l'on peut avoir dans nos propres labos. Les scientifiques ne sont pas tous des gens coincés. Nous avons en général une assez forte capacité à jouer, à découvrir, donc finalement, je pense que ça peut créer des vocations, d'une manière ou d'une autre.

Infos pratiques :
La Nuit Européenne des chercheur.e.s, vendredi 29 septembre de 18 heures à minuit à l'Université de Lyon.
92, rue pasteur – 69007 Lyon. Entrée gratuite et accessible à partir de 7 ans
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