Déplacements Citoyens vient d'adresser plusieurs conseils en matière de mobilité aux grands élus de la métropole de Lyon et futurs candidats pour 2020. Alors qu'elle s'oppose à la réalisation de l'autoroute urbaine de l'Anneau des sciences, l'association demande "une politique ambition de développement des transports en commun urbains et périurbains".
En matière d'expertise sur les mobilités, l'association Déplacements Citoyens livre régulièrement des synthèses riches en détails et informations. Elle vient d'adresser plusieurs propositions aux grands élus de la métropole de Lyon et du Sytral, alors que l'année 2020 sera marquée par les élections municipales et métropolitaines. Libre à eux de suivre ou non, mais le dossier adressé est dense et riche en arguments.
"Consolider qualitativement et quantitativement les transports en commun urbain"
Déplacements Citoyens plaide pour le développement des lignes de métro et tramways avec un renfort "significatifs des lignes, A, B et D", ainsi que des tramways T1, T2, T3 et T4 (politique actuellement lancée par le Sytral dans son plan métro et tramway). L’association préconise l'automatisation de la ligne B (qui sera effective en 2020), mais aussi celle de la A (rien de prévu avant 2030 pour l'instant).
À l'image de ce que vient d'impulser le Sytral, Déplacements Citoyens soutient le "remplacement progressif des bus thermiques par des bus électriques sur la plus grande partie des lignes du réseau TCL".
La mise en service des lignes de trolleybus C3 en site propre est saluée, mais l'association va plus loin en conseillant une augmentation des fréquences de passage en heure de pointe "toutes les 4 minutes au lieu de toutes les 5 minutes par exemple, et augmentation de longueur des trolleybus (24 mètres au lieu de 18 mètres aujourd'hui".
Métro E, prolongement T6, tram T3 jusqu'à Pont-de-Chéruy...
En matière de grand projet, Déplacements Citoyens se déclare favorable à une ligne de métro E sans conducteur qui irait de gare d'Alaï jusqu'à la Part-Dieu Villette, via Le Point du Jour et Bellecour. Depuis la concertation publique, l'association a toujours défendu cette hypothèse. Le Sytral a suivi le consensus en commandant des études sur la question (lire ici).
Elle plaide également pour un prolongement de la ligne de tram T6 jusqu'au campus de La Doua en 2024 "ce qui suppose de trancher rapidement entre un tracé par l'avenue Henri Barbusse, un autre légèrement décentré par les rues Paul Verlaine et Jean Bourgey et un tracé directissime plus à l'est (sur l'axe de la rue Antonin Perrin et de la rue des Bienvenus)". La première partie de cette ligne de Tramway entre les Hôpitaux Est et Debourg sera inaugurée en novembre.
Il est également conseillé d'étudier un prolongement du tram T3 de Meyzieu ZI jusqu'à Pont-de-Chéruy avec un tram toutes les 5 minutes au départ de la Part-Dieu (dont un tram sur quatre qui irait jusqu'à Pont-de-Chéruy, soit toutes les 20 minutes).
Alors que la question du tramway jusqu'à Vaulx-en-Velin est régulièrement soulevée, l'association demande la mise en étude de nouvelles lignes fortes qui desserviraient la ville depuis Villeurbanne et Bron. Tram ou bus à haut niveau de service ? Les deux hypothèses sont suggérées.
Enfin, Déplacements Citoyens s'opposent une nouvelle fois à la gratuité du réseau TCL : "Oui au maintien de la participation des usagers à leurs financements, et à la politique tarifaire employée par le Sytral avec des tarifs réduits ou très réduits pour certaines catégories d'usagers". Mais la collectivité doit aussi abonder davantage : "Oui au réajustement significatif de la participation la Métropole au financement du Sytral, participation fortement amputée à partir de 2014)".
"Ne pas en rester sur de belles formules sur les RER à la lyonnaise"
Tandis que plusieurs candidats en 2020 brandissent la promesse d'un RER à la lyonnaise, l'association est directe : "Ne pas en rester à de belles formules sur des "RER à la lyonnaise", sur les "trains du quotidien", sur la "sauvegarde des petites lignes. Apporter en revanche des renforcements au cas par cas sur chacune des lignes à destination de La Part Dieu, de Perrache et Saint-Paul, sans omettre d'optimiser l'utilisation des gares de Vaise, Jean Macé, Oullins, Vénissieux qui sont également en correspondance avec le réseau de transports en commun urbain".
Elle donne également plusieurs pistes de travail : "améliorer la liaison Mâcon-Valence, tant pour les services express que pour les services omnibus entre Villefranche et Vienne (via la rive droite de la Saône, les gares de Vaise, Perrache et Jean Macé et la rive gauche du Rhône)".
Un "non" au TOP alias l'Anneau des sciences
Défendu par Gérard Collomb, le projet de l'Anneau des sciences fait régulièrement polémique. Cette autoroute urbaine censée boucler le périphérique de Lyon n'est pas au goût de Déplacements Citoyens qui demande l'abandon du TOP (tronçon ouest du périphérique, autre nom de l'Anneau, moins "glamour") : "Ce serait à la fois un gouffre financier, une véritable invitation faite à nos concitoyens d'utiliser davantage leurs voitures et un non-sens au niveau environnemental, climatique et énergétique".
Malgré la présence d'un péage (lire ici), l'association estime que cette infrastructure va être financée presque en totalité par les contribuables locaux : "Comment expliquer que des élus de la Métropole semblent en être encore partisans ?, s'interroge-t-elle, Illusion sur l'intérêt d'y faire circuler des lignes de transports en commun ? Craintes excessives sur la réduction de la capacité de circulation de l'axe A6/A7 requalifié en boulevard urbain alors que la vitesse qui y sera autorisée (70 km/h) et sa dimension (deux fois deux voies) seront unifiées avec celles du tunnel routier de Fourvière ? Sentiment de périphérique inachevé ? Culture immodérée de la voiture ?"
Enfin, pour faire diminuer le nombre de voitures, Déplacements Citoyens demandent des initiatives pour favoriser le covoiturage, "des formes innovantes de transport à la demande", et une promotion des modes doux actifs". Désormais libres aux élus et candidats de suivre ces propositions, qui rendues publiques pourront être également portées par les citoyens.