Soixante-douze Lyonnais, médecins, personnels de santé, militants associatifs, et deux élus EELV du 8e arrondissement ont adressé une "lettre ouverte" au maire du 8e arrondissement Christian Coulon et au maire de Lyon Gérard Collomb, que nous publions ci-dessous, pour demander la réouverture des marchés alimentaires de plain air.
“Nous, citoyen.ne.s et habitant.e.s du sud-est de Lyon, nous demandons au Préfet, au Maire de Lyon et au Maire du 8e arrondissement de prendre leurs responsabilités en travaillant à la réouverture des marchés de plein air dès la semaine du 13 avril.
L’alimentation fait partie des besoins primaires, essentiels et fondamentaux de chacune et chacun.
L’alimentation est aussi le premier des médicaments. Une alimentation saine et équilibrée, comme dit l’adage, « éloigne du médecin ». Ces mêmes médecins et personnels soignants bien occupés actuellement face à l’épidémie de COVID-19 et dont il faut saluer courage et dévouement.
Certain.es habitant-es n'ont pas les moyens financiers et logistiques d'acheter des produits alimentaires dans les grandes surfaces. Les marchés leur permettent de s'approvisionner en proximité et au moindre coût. Leur fermeture, dans la situation de crise économique qui se profile et affecte déjà les plus démuni.es, constitue un problème crucial.
La décision du gouvernement de fermer les marchés de plein air considère la possibilité d’y déroger auprès du Préfet, à la demande du Maire. A Lyon, Gérard Collomb, vous refusez obstinément toute dérogation à la fermeture des marchés de plein air. Pourtant, de nombreuses grandes villes comme Rennes, Lille, Clermont-Ferrand, Grenoble ou la Ville voisine Villeurbanne ont mis les moyens humains et logistiques pour réaménager et ainsi rouvrir leurs marchés de proximité.
Lyon n’a pas les moyens ? Pas l’envie ? Les deux ?
En conséquence, les Lyonnaises et les Lyonnais doivent toutes et tous converger dans les mêmes supérettes, supermarchés et hypermarchés de la grande distribution industrielle pour s’approvisionner en produits frais et particulièrement ceux qui sont à la base d’une alimentation saine et équilibrée : fruits et légumes.
Il n’a échappé à personne que malgré toutes les précautions prises par les commerçants, il est fréquent de croiser, de s’arrêter, de stationner dans les rayons alimentaires sans pouvoir appliquer « le mètre barrière » avec les autres client.es. Sans parler de tirer les mêmes portes de frigos dans les rayons ou de poser la main sur le même bord de caisse que les client.es qui nous précédaient.
On le sait : le risque zéro n’existe pas. Aucune sortie hors du domicile n’est sans risque de contamination. C’est d’ailleurs pour cela que nous en profitons pour rappeler et faire nôtre la consigne « Restons chez nous ! ». Mais pas plus un supermarché, dont les rayons sont espacés d’à peine deux mètres, qu’un marché pouvant être réaménagé pour permettre aux distances sanitaires d’être respectées, ne sont sans risque.
Pourtant, c’est sans doute bien sur ces marchés de plein air, souvent hôtes de producteurs locaux et parfois bio, que les risques de contamination peuvent être les plus réduits :
- La réduction des intermédiaires entre producteurs et client.es limite le nombre de personnes exposées tout au long de la chaîne de distribution ;
- La réduction de la circulation automobile permet, dans cette période particulière, un large étalement des espaces de vente et de circulation piétonne.
Un protocole de bonnes pratiques validé par le gouvernement, ignoré par Monsieur le Maire
Depuis le 28 mars dernier, un « protocole de bonnes pratiques » rédigé par la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles et la Fédération Nationale des Marchés de France est mis à la disposition des Préfets et des élu.es municipaux pour mettre en place les conditions de réouvertures des marchés de plein air. Ce protocole, validé par le gouvernement, propose des mesures simples et rapides à mettre en place, pour peu d’un minimum de bonne volonté :
- Sens de circulation pour éviter les croisements ;
- Voies larges ;
- Entrée et sortie uniques ;
- Barrières de sécurité pour gérer les flux de circulation ;
- Nombre maximum de personnes à l’intérieur du « circuit » ;
- Nombre maximum d’étals sur un même marché (une dizaine) ;
- Solutions hydro-alcooliques à l’entrée et à la sortie du marché ;
- Marquage au sol pour matérialiser les distances de sécurité sanitaires ;
- Incitation à prendre des commandes en amont pour les producteurs pour limiter les échanges ;
- Masques fournis aux commerçant.e.s et au personnel encadrant la bonne tenue des opérations.
Ces conditions d’ouverture sont simples à mettre en place et largement à la portée de la troisième ville de France !
Dans le huitième arrondissement, ce sont les marchés de Monplaisir, Mermoz, Belleville et Général André qui pourraient rouvrir à minima un jour par semaine pour permettre aux habitant.e.s de se ravitailler en produits frais, de qualité et surtout issus de producteurs locaux. Local et circuit court, voici sans doute le critère principal pour définir quels commerçants favoriser pour cette réouverture.
Et c’est ici le deuxième argument majeur en faveur de la réouverture des marchés. La Métropole de Lyon est alimentée par un grand nombre de productrices et producteurs, souvent en agriculture bio ou raisonnée, pour qui les marchés de plein air sont la principale source d’écoulement de leurs stocks et donc de revenus. Celles et ceux qui font l’économie agricole locale sont en danger !
Mais la solidarité s’organise. Partout sur les réseaux sociaux et par courriels, des initiatives citoyennes émergent pour aider les producteurs locaux à écouler leurs fruits, leurs légumes, leurs fromages, leur lait, leur viande. Même sur le sujet des « drives piétons », la Ville de Lyon arrive après la bataille avec une plateforme inopérante quand des distributions de paniers s’organisent déjà en livraison à domicile, dans des cours d’immeubles ou chez des commerçants « non-essentiels » conciliants. Malheureusement, ces distributions “hors-cadre” n’adoptent pas toujours les règles de sécurité sanitaire en vigueur et peuvent mettre en danger producteurs et consommateurs.
La prohibition n’a jamais été une mesure durable. Tant que des marchés réaménagés dans le respect du protocole de bonnes pratiques validé par le gouvernement ne seront pas réouverts avec l’appui logistique et humain des élu.e.s et des services municipaux, des réseaux de citoyen.ne.s de bonne volonté continueront à s’organiser de façon informelle, en faisant pour le mieux, mais jamais sans risque. Au contraire, ces mêmes personnes seraient sans doute tout à fait disponibles et motivé.e.s à l’idée de contribuer bénévolement à la bonne tenue des marchés de plein air pour faire respecter les consignes de sécurité sanitaire.
Finalement, nous demandons aux élu.es en responsabilité à la Ville de Lyon, et à vous Monsieur Gérard Collomb en premier lieu, de faire honneur à l’intérim de quelques mois que cette crise provoque en prenant vos responsabilités sur ce besoin fondamental qu’est l’accès à une offre alimentaire saine et locale : réouvrez les petits marchés de plein air pour les producteurs locaux.”
Les signataires :
Philippe Guelpa-Bonaro (consultant en innovation sociale et économique, habitant du 8ème, quartier Monplaisir),
Pascale Bonniel Chalier (conseil en ingénierie culturelle, élue EELV à la mairie du 8ème, habitante du quartier Transvaal),
Rozenn Béguin (cadre de santé, habitante dans le 8ème arrondissement),
Vincent Mabillot (client fidèle des marchés du 8ème, habitant du 8ème, quartier Monplaisir),
Clémentine Mossé (présidente d'association, habitante du 3ème, quartier Dauphiné / Sans Souci)
Eugénie Taillardat (médecin, habitant du 8ème, quartier Transvaal),
Emilie Orfeuvre (médecin, habitante de Bron église),
Pascal Herbin (ostéopathe, habitant du 8ème, quartier Monplaisir),
Pascale Haspel (infirmière, habitante du 8ème, quartier Monplaisir),
Anne Petiot (médecin, habitante du 3ème),
Véronique Lierre-Pommier (médecin, habitante du 8ème, quartier Varichon / Etats-Unis),
Célia Fournet (masseuse kinésithérapeute, habitante du 8ème, quartier Monplaisir)
Lucile Mayeux (ingénieure agro-alimentaire, habitante du 8ème, quartier Transvaal),
Julie Gueyraud (assistante commerciale, habitante du 8ème, quartier Transvaal),
Audrey de Melo (communicante engagée, habitante du 8ème, quartier Monplaisir),
Béatrice Plisson (jeune retraitée, membre active de la MJC Monplaisir, habitante du 7ème),
Azidi Sebti (conducteur de tramway, habitant du 8ème, quartier Monplaisir),
Patrick Odiard (enseignant, élu EELV du 8ème, habitant du quartier Monplaisir),
Christine Liponne (citoyenne, habitante du 8ème, quartier Monplaisir),
Brigitte Maître (administratrice de la MJC Monplaisir, habitante du 8ème, quartier Monplaisir),
Jean-Luc Girault (directeur d’école, habitant du 8ème, quartier Transvaal),
Victoire Goust (consultante éco-innovation et résilience, habitante du 3ème),
Christophe Lesueur (architecte, habitant du 8ème, quartier Transvaal),
Odile Charton (habitante du 8ème, quartier Monplaisir Lumière),
Loïc Bidault (associatif étudiant, habitant du 8ème, quartier Grand Trou),
Estelle Robert (consultante RH, habitante du 8ème, quartier Grand Trou),
Michael Barbe (demandeur d'emploi, habitant du 8ème, quartier Grand Trou),
Jean-Jacques Ritz (retraité, habitant en presqu'île),
Marien Lebreton (habitant du 8ème, quartier du Bachut),
Fabienne Tanon (retraitée, impliquée dans EELV, habitante du 8ème, quartier Mermoz),
Aurélie Maras (ingénieure, habitante du 8ème, quartier Jet d'Eau),
Chrystel Bertrand (habitante du 8ème, quartier Grand trou),
Clémence Vedel (habitante du 8ème, quartier Monplaisir),
Pierre Wolff (sociologue, conseil en médiation sociale, habitant du 7ème),
Geneviève Brichet (coordinatrice Rhône du Mouvement Utopia, habitante du 6ème),
Hubert Bécart (technicien voirie mobilité, habitant du 8ème, quartier Grand Trou),
Barthélémy Roger (ingénieur, habitant du 6ème),
Jacques Bonniel (retraité, ex vice-président de l'Université Lyon 2, habitant du 8ème, quartier Transvaal),
Frédérique Barral (informaticienne, habitante du 8ème, quartier Monplaisir),
Mélanie Adam (habitante du 2ème),
Pol Grasland-Mongrain (chercheur en physique, habitant du 7ème, quartier Gerland),
Andréa Maillotte (accompagnement en création d'entreprise ESS, habitante du 7ème, quartier Saxe/Guillotière),
Amandine Laboulay (webdesigner, impliquée dans le Zéro Déchet, habitante du 8ème),
Macha Legrand (chargée de marketing, habitante du 8ème, quartier Grand Trou),
Cédric Descroix (éducteur, habitant du 8ème),
Amélie Fayard (assistante dans le secteur privé, habitante de Bron),
Agnès Karinthi-Doyon (ingénieure en prévention des risques professionnels, cliente du marché Gabillot, habitante du 3ème, quartier Villette),
Emmeline Bastide (citoyenne et habitante du 3ème, quartier Dauphiné),
Adèle Badruna (habitante du 9ème, quartier Valmy),
Hervé Le Restif (retraité, habitant du 7ème, quartier St Louis),
Nadège Parant (habitante du 8ème),
Marie Alcover (cuisinière, habitante du 9ème, quartier Vaise),
Nathalie Dehan (cliente assidue des marchés du 8ème, habitante de Vénissieux)
Fanny Del (chargée d'insertion professionnelle, habitante du 8ème)
Louise Bonniel Chalier (chargée de mission logement social, habitante du 8ème)
Samuel Depraz (enseignant-chercheur en université, habitant du 7ème),
- Bec (psychologue du travail, habitante du 7ème, quartier St Louis),
Guillaume Noailly (citoyen, habitant du 8ème, quartier Grand Trou),
Gaëlle Brousset (infographiste, habitante du 8ème, quartier Petite Guille),
Axel Derouet (ingénieur, habitant du 2ème),
Marc Soubitez (retraité de la métallurgie, habitant de Vénissieux),
Arlene Botokro (en recherche d'emploi, habitante du 8ème),
Amandine Lantelme (consultante marketing, habitante du 8ème, quartier Bachut),
Clément Gangneux (habitant du 8ème, quartier Monplaisir),
Nicolas Markovic (ingénieur informatique, habitant du 8ème, quartier des Etats-Unis),
Marine Galisson (habitante du 8ème),
Pierre Galisson (habitant du 8ème),
Frédérique Desgeorge (sophrologue, habitante du 5ème, quartier Point du jour),
Elisa Gros (guide-conférencière, habitante du 8ème, quartier Bachut),
Thomas Megret (responsable de réalisation, habitante du 8ème, quartier Grand Trou),
Grégory Pierrart (ingénieur consultant, habitant du 8ème, quartier Bachut),
Marie-Marthe Darmet (bénévole chez Les Petits Frères des Pauvres, association du 8ème, habitante du 8ème entre Bachut et Etats-Unis)