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Lyon : trop minérale ? Ces projets rêvés pour les Terreaux

La place des Terreaux rénovée va être officiellement inaugurée ce vendredi 20 décembre. Sa minéralitée à l’heure de la lutte contre les îlots de chaleur suscite déjà les critiques. En 2015, Lyon Capitale avait laissé rêver les Lyonnais sur ce que pourrait être cette place centrale de Lyon.

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La place des Terreaux est-elle condamnée à rester figée telle que l’ont aménagée Christian Drevet et Daniel Buren il y a plus de vingt ans ? C’est le choix de la facilité, celui d’un Gérard Collomb en panne de finances publiques et surtout d’imagination. À l’usage, les petites fontaines et la minéralité pensées par l’architecte lyonnais et l’artiste parisien ont pourtant montré leurs limites sur une place qui devrait être le cœur battant de la ville. Nous avons donc demandé à une dizaine de personnalités lyonnaises d’imaginer leur place des Terreaux, telle qu’ils aimeraient la voir. Et nous avons sollicité l’illustrateur GregDizer, architecte de formation, pour esquisser toutes ces suggestions. Certaines s’avèrent réalistes, d’autres nettement moins, mais toutes permettent de penser que, oui, une autre place des Terreaux est possible.

Émeline Baume, élue Europe Écologie-Les Verts du 1er arrondissement

“Un îlot de fraîcheur”

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“Il n’y a pas beaucoup place à la créativité, vu les contraintes de ce cher M. Buren. Je ne sais même pas si on peut enlever ce qu’il a fait, vu que c’est une œuvre. Mais, si on pouvait, j’en ferais un îlot de fraîcheur esthétique et convivial. Je me contenterais de mettre des bancs, des arbres, des fleurs et de créer des petits circuits d’eau sur la place, en récupérant les eaux de pluie des immeubles autour, pour amener de la fraîcheur sur la place, arroser les plantes et se tremper les pieds. Ça ne coûterait pas très cher et ça ferait plaisir aux passants, aux touristes. Je viens de lire une étude commandée par la métropole : dans trente ans, on aura le climat d’Alger à Lyon. On sera content d’avoir aménagé les espaces publics avec de vraies végétations. Ça implique de faire sauter le parking en dessous, parce que je ne vois pas comment les arbres pourraient prendre racines sinon.”

Valérie Disdier, directrice de la Maison de l’architecture Rhône-Alpes

“Une pièce urbaine avec plus de portes”

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“La place des Terreaux est une convergence des possibles. Elle est en situation de double convergence entre la colline de la Croix-Rousse et la Presqu’île (N/S) et entre la Saône et le Rhône (E/O), cela devrait être plus visible. C’est une “pièce” urbaine, compte tenu de son échelle, de la hauteur importante des constructions qui la bordent, et in fine ses façades principales sont son sol et son ciel. Elle a un statut unique dans la métropole de Lyon, celui de conjuguer très clairement quatre entités : peuple, commerce, art, puissance publique. Elle est à la fois une traverse et un lieu de rassemblement : le projet devrait s’appuyer sur ses deux entrées et les porter. Pour aller dans ce sens, sa porosité pourrait être accentuée par deux passages supplémentaires, existants mais clos (la galerie des Terreaux et l’hôtel de ville), et par une plus grande visibilité des rues qui l’innervent. En quelque sorte, cette place est le pouls de la ville, d’où s’échappent (heureusement) les humeurs citoyennes. En clair, j’imagine un sol unique en pierre (locale) de façade à façade sans différences de niveau, plus de circulation automobile en dehors des livraisons le matin, un marquage clair des quatre percements de rues, qui deviennent des “portes”, à l’image de celles de la galerie et de l’hôtel de ville qui seraient rouvertes, resituer la fontaine au centre face à l’hôtel de ville, pour ne plus avoir cet effet arrière de délaissé, valoriser l’accès au jardin du musée, qui devient alors le jardin de la place, et enfin éclairer la nuit les limites du sol, les limites bâties et les six portes.”

Michel Havard, élu Les Républicains (à l’époque, NdlR) à la ville de Lyon

“Une Fête des lumières permanente”

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“Sans remettre en cause le travail de Buren, je suis pour faire évoluer un peu la place. Il faut déjà remettre en route les soixante-neuf fontaines au sol, avec un jet peu élevé pour éviter les éclaboussures. Cela permettra de faire de la place, très minérale, un îlot de fraîcheur pendant l’été. Deuxièmement, je propose d’ajouter sous les jets d’eau des points lumineux de différentes couleurs. On pourrait imaginer une animation autour de ces lumières au sol, et créer une résonance avec les façades, pour faire une Fête des lumières permanente. On serait dans l’optimisation de “Lyon, ville lumière”. Et cela rendrait à la place des Terreaux une attractivité qu’elle a perdue. Enfin, je suis également favorable à un peu de verdure sur la place. Pas au sol, mais avec des systèmes de bacs, en façade, avec des arbustes qui délimiteraient ainsi l’espace.”

Jean-Philippe Corlin, de D-Facto, l’agence qui a décoré la place des Jacobins pour la Fête des roses

“À l’italienne avec des marchés”

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“Cette place devrait être le cœur touristique de la ville, qui n’existe pas à Lyon. J’imagine une place à l’italienne, les terrasses pourraient avoir beaucoup plus d’emprise sur la place. Avec carrément des marchés, des petits stands qui pourraient se démonter pour les grands événements. Pas pour y mettre un artisanat piège à touristes, mais un vrai marché des arts, en résonance avec la Biennale, les créateurs des Pentes, le musée des Beaux-Arts... Quelque chose de foisonnant, pensé pour les touristes. C’est dommage de la garder vide juste pour fêter les titres de l’OL ou la Fête des lumières. Les fontaines, même coupées, ça t’empêche de marcher. Tu as l’impression d’être hors la loi quand tu la traverses en diagonale. Et le service des brasseries actuelles n’est vraiment pas au niveau de la ville, il faut imaginer quelque chose de plus qualitatif, c’est notre place Saint-Marc.”

Sébastien Bouillet, pâtissier-chocolatier

“Une rambla et des tapas à la lyonnaise”

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“Ce que je verrais bien, c’est une sorte de grand marché semi-couvert qui se découvrirait l’été. Un peu à la façon de la Boqueria, à Barcelone. On pourrait imaginer une grande allée centrale, en version rambla, où les gens déambuleraient autour des comptoirs de producteurs locaux. Les producteurs seraient de chaque côté et les Lyonnais pourraient, comme à la Boqueria, manger sur le pouce ce qu’ils achèteraient. On ferait des tapas à la lyonnaise, avec des petites saucisses, des miniquenelles, de la charcuterie lyonnaise enfinger food.Il y aurait aussi des bars à tapas. C’est dommage d’avoir une aussi grande place où il ne se passe rien. Il y aurait donc régulièrement des animations gastronomiques, autour de la cuisine. Il faut que cette place bouge, grouille, soit plus vivante qu’elle ne l’est aujourd’hui. On peut imaginer des foodtrucks éparpillés ici et là aussi.”

Thierry Raspail, (ancien, NdlR) directeur du musée d’Art contemporain

“Un lac et un musée translucide”

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“Je fais un lac (on circule en canoë), sur lequel s’élève un musée d’art contemporain en partie translucide pour y exposer les collections du Mac, sur lequel se tiennent des appareils optiques et imaginaires pour parler avec le monde entier et l’univers 24h/24. Le bâtiment qui abrite la galerie des Terreaux devient l’embarcadère qui conduit par téléphérique à la Duchère, qui est elle-même transformée en cité des étoiles.”

Gilbert Coudène, fondateur de CitéCréation (Murs peints)

“10 000 pas et des tableaux”

“À l’époque, Lyon réussissait toutes ses places – Bourse, Sathonay... Et là, boum, sur la plus importante, ils se sont ratés. C’était l’époque de l’art “contemporien”, avec des rayures, des écarts de matériaux, des fontaines carrées... sur cette place qui est traversante. Donc on a multiplié les difficultés à marcher. Ça bouge, ça s’abîme. On ne peut même pas draguer assis sur les petites colonnes, elles sont trop espacées... Pour Charlie, pour les victoires de l’OL, on va place des Terreaux. Et on se retrouve à 15 000 à buter sur les fontaines, se prendre les pieds dans les petites barrières en Inox... L’esthétique a pris le pas sur l’humain. Il faut redonner à la place ses fonctions premières : traverser, s’asseoir, se rassembler. Le sol, je le ferais plat, dans des tons mastic en rapport avec les façades. Et, dans la diagonale rue d’Algérie/rue Serlin, je ferais10 000 empreintes de pas couleur terre de Sienne. Des pas d’adultes, d’enfants, en chaussures, pieds nus, et par-ci par-là des pas d’oiseaux et même de lions qui traversent. Je verrais bien aussi, pour cacher les voitures, de grands bancs, avec une bonne sono dessous, pour avoir une petite musique de fond en rapport avec l’opéra, qui permettrait de rêver. Et une projection en grand format, sur une façade en face des Beaux-Arts, de tableaux issus de ses collections, comme s’ils s’en échappaient.”

Jean-Michel Quesne, directeur artistique de Skertzò, l’agence qui a animé le tube modes doux du tunnel de la Croix-Rousse

“Un écran numérique géant”

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“Il y a vingt ans, les enfants jouaient avec les jets d’eau des fontaines de Buren. La place des Terreaux doit retrouver son esprit ludique et innovant. Mon idée, c’est de traiter tout le sol de la place pour en faire un espace en mouvement, interactif et lumineux.
Le sol est recouvert d’un immense écran de pixels, incrustés directement dans les dalles, on imagine alors que le public joue avec la lumière. Chacun y dessine des traces, y laisse des empreintes, comme sur le sable. Un gigantesque light painting au sol. Le passant laisse derrière lui des chemins lumineux. On dessine avec un doigt des graphs virtuels qui peuvent rester trente secondes. On crée des anamorphoses géantes, sans arrêt renouvelées, l’illusion d’un jardin, des perspectives imaginaires, une fresque géante en mouvement, le reflet de la ville inversé... Des tracés lumineux rythment l’espace ou délimitent des zones d’activité éphémères. La place se métamorphose au rythme des saisons et de l’activité de la ville.La place s’inscrit dans l’esprit smartcity du futur. Lyon est à la pointe des villes numériques.”

Frank Delafon, président de l’association de commerçants Tendance Presqu’île

“Une grande forêt tropicale”

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“Un projet à la fois fou et sympa, ce serait une grande forêt tropicale. En d’autres mots, la nature en ville. C’est l’orientation de la place des Terreaux qui m’a fait penser à cela. Elle est plein sud, donc baignée de soleil et très chaude. Je rajouterais l’humidité via la fontaine Bartholdi, qui ferait office de brumisateur géant, et les soixante-neuf fontaines au sol. On aurait une forêt luxuriante avec des arbres de plus de vingt mètres de hauteur. Il y aurait des oiseaux partout, comme des perroquets de toutes les couleurs, des cacatoès, des colibris et des calaos. La circulation piétonnière sur cette forêt tropicale des Terreaux serait pensée comme un labyrinthe avec des bancs pour s’asseoir.”

Greg Dizer (Grégory Demange), illustrateur

“Une nouvelle galerie en sous-sol”

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“La place des Terreaux ne serait plus l’endroit où les gens courent le
110 mètres haies pour attraper le bus rue d’Algérie ou à Hôtel-de-Ville/Louis-Pradel ! Elle serait l’élégante “station Terreaux”, la place où l’on flâne, où l’on aime s’asseoir. Les lignes de bus (C13, C14, C18, C3) sont désormais dissimulées au niveau -1, au-dessus d’une nouvelle ligne de métro (E) qui serait au -2 et du parking encore en dessous. La galerie en sous-sol, nouvelle extension du musée des Beaux-Arts, présenterait des expositions temporaires. Le nouveau métro ferait de cette station Terreaux le nouveau poumon par lequel on aime à “sortir de terre” à Lyon.”

Article extrait du Lyon Capitale N°746.

Lyon : à peine terminée, la place des Terreaux déjà dépassée ?

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