Lyon Turin : un projet "cher et inutile" selon les opposants

Plus convaincants que jamais, les opposants au projet de ligne ferroviaire Lyon Turin sont réunis à Lyon depuis vendredi. Ils tiennent un contre sommet franco-italien en présence de la coordination des opposants français et des No-TAV italiens, mouvement historique de la vallée de la Suse. Précisions.

Qui sont les opposants au Lyon Turin ? "Nous sommes des citoyens vigilants et résolus" résume Daniel Ibanez (deuxième en partant de la gauche sur la photo), membre de la coordination anti Lyon-Turin, collectif de milliers de citoyens français vivant le long du tracé entre Lyon St Exupéry (69) à St Jean de Maurienne (73). Du côté italien, les No-Tav, milliers d’opposants historiques de la vallée de la Suse sont représentés à Lyon également ces jours-ci pour protester contre le projet de Ligne Lyon Turin qu’ils jugent "cher et inutile".

Le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin, rappelons-le, vise à construire une ligne de fret et de transport de voyageurs (TGV). Un projet qui nécessiterait de construire plusieurs tunnels sous les alpes et coûterait 26.8 milliards d'euros au bas mot, selon les dernières évaluations (lire ici).

Les gouvernements français et italiens se sont engagés, le 30 janvier, à le réaliser. François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont envoyé plusieurs signaux en ce sens et mercredi dernier, un projet de loi a même été annoncé en conseil des ministres. On s’attend à de nouvelles annonces lundi à Lyon lors du sommet franco italien. (lire ici).

Reporter les camions sur les rails, mais quels camions ?

Problème, selon les opposants, les études réalisées sur le projet sont fallacieuses qui montrent que le trafic de camions va encore augmenter ces prochaines années dans les Alpes. "C'est faux et mensonger" martèle, Daniel Ibanez qui fait la démonstration du contraire du fait de la crise économique, du changement d'économie des nations européennes, et de la mondialisation. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : "En 2004, nous avions 3141 camions au tunnel du Fréjus, aujourd'hui, il y en a 2064. Idem, sous le tunnel du Mont Blanc où leur nombre stagne. En 2004, ils étaient 1661 et 1704 en 2011. Le tonnage de marchandises transportées actuellement est inférieur à celui de 1988" précise l’opposant qui rappelle que les objectifs du Grenelle de l’environnement étaient justement de revenir à des niveaux de trafics de 1990. "Chez nous c’est déjà la cas, alors pourquoi vouloir dépenser 30 milliards d’euros pour un projet inutile. Et ce n’est pas parce que la ligne historique est vétuste qu’elle ne peut pas transporter de marchandises. Les Suisses y arrivent bien eux" précise Noël Communaud, conseiller régional de Savoie.

Autre argument phare des opposants, le transport de marchandises qui circule dans les Alpes concernerait surtout le secteur manufacturé, en perte de vitesse actuellement. Alors que les biens issus du secteur marchand se distribueraient plutôt selon un axe Nord-Sud, arrivant par containers dans les ports et remontant de Marseille en France, de Gênes ou de Naples en Italie, du fait de la mondialisation. " Fiat à Turin a fermé et je n'ai pas l'impression que Arcelor Mittal à Florange s'apprête à produire plus", rappelle vendredi Daniel Ibanez. "Il est temps de mettre fin à ce mensonge selon lequel le trafic de marchandises va encore augmenter dans les Alpes ces prochaines années, selon lui. La production industrielle diminue en Europe et par conséquent nous n'avons pas besoin d'augmenter les tubes".

Par ailleurs, les opposants relèvent que les camions circulent de moins en moins chargés dans les Alpes. Si l’on supprimait les camions voyageant à vide et si l'on relevait le niveau de tonnage moyen, on ferait disparaître selon eux 300 000 camions par an du sillon alpin. Une mesure bien plus économique que le Lyon-Turin.

Pour résumer, les opposants préfèrent que les milliards du Lyon-Turin soient investis dans le trafic fluvial dont une étude a démontré récemment qu’il était bien plus rentable que le rail. Mettre les camions sur les rails, d’accord, mais ils préfèrent que l’on modernise les lignes existantes plutôt que d’en construire une nouvelle pour 26,1 milliards.

Lire aussi : "Dérapage des coûts, baisse du trafic le TGV Lyon-Turin à nouveau menacé"

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