Anas, étudiant de 22 ans en situation précaire, avait tenté de s'immoler le 8 novembre 2019 devant le CROUS du 7e arrondissement de Lyon. Un an plus tard, il revient sur son geste.
Il y a un an jour pour jour, Anas, 22 ans, étudiant à l'Université Lumière Lyon 2 en situation précaire, tentait de s'immoler devant le CROUS de Lyon. Ce dimanche 8 novembre, le jeune homme donne de ses nouvelles.
48 opérations et des brûlures sur les trois-quarts du corps
"Je suis conscient de la gravité de mon acte désespéré, explique-t-il. Je traversais une période difficile sans emploi stable, sans logement étudiant et sans bourse universitaire." L'étudiant venait de se voir refuser la bourse qui lui aurait permis de continuer ses études. Quelques instants avant de s'immoler, il avait publié sur Facebook un message visant particulièrement le CROUS pour dénoncer la précarité de sa situation. Son geste avait donné lieu à un mouvement étudiant d'ampleur sous le slogan "La précarité tue".
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Aujourd'hui, Anas se remet peu à peu physiquement, après 48 opérations, des amputations de doigts et des brûlures au troisième degré sur les trois-quarts du corps : "J'ai encore des plaies ouvertes et entame de nouvelles opérations. Je gagne cependant de jour en jour en autonomie : je parle de nouveau depuis mai, je marche très bien et j'arrive à écrire correctement des textes malgré mes amputations, par exemple." Le jeune homme a repris les cours à l'Université Lumière Lyon 2, en distanciel, et également ses activités syndicales.
Un tiers des étudiants en détresse psychologique pendant le confinement
Un an après sa tentative d'immolation, la précarité étudiante a rarement été aussi forte, accentuée par le contexte de crise sanitaire. D'après les chiffres de l'Observatoire de la vie étudiante, en France, près de la moitié des étudiants travaillent à côté de leurs études. Or, nombre d'entre eux ont perdu leur job pendant le confinement du printemps.
"Je me réveille en constatant que cela aura au moins permis quelques avancées telles que les repas des Restau U à 1€, même s'ils ne s'adressent qu'aux boursiers et boursières, poursuit Anas. Je tiens à dire à toutes les personnes qui me liront de lutter pour leurs droits, car ce n'est pas dans la passivité qu'on arrive à défendre, et encore moins à gagner, de bonnes conditions de vie. Cela est encore plus vrai au temps où les populations les plus précaires sont bouleversées par la maladie du Coronavirus."
L'Observatoire de la vie étudiante s'alarme également de la fragilité psychologique de nombreux étudiants pendant ce premier confinement. D'après une enquête sur leurs conditions de vie pendant la crise sanitaire, la moitié des étudiants interrogés ont déclaré avoir souffert de l'isolement, et un tiers ont présenté les signes d'une détresse psychologique pendant le confinement. 22,8% des étudiants de l'enquête ont dû renoncer à consulter un professionnel de santé pour des raisons financières. Dans le même temps, une proportion équivalente d'étudiants ont consommé de l'alcool au moins une fois par semaine pendant le confinement, 5% quotidiennement.
Une fois de plus on en revient au paramètre "psychologie". Ce domaine non étudié dans toutes les écoles... Que de souffrances inutiles.
D'ailleurs le syndicat qui s'offusque du manque de solidarité du Crous, devrait effectuer son examen de conscience. Il était secretaire fédéral de "solidarité étudiant" .Qu'ont ils fait pour l'aider? C'est sur que c'est plus facile de demander du fric à l'état que de mettre en place une organisation économiquement viable en payant décemment son secretaire fédéral.