Une centaine de manifestants occupait l’esplanade François Mitterrand, dans le 2e arrondissement de Lyon, ce vendredi midi, pour protester contre l’inauguration de l’Issep, l'école ouverte par Marion Maréchal Le Pen. Un rassemblement initié par le collectif "Fermons le Pavillon noir" et visant la "convergence des luttes sociales et antifascistes".
La distance géographique entre l’hôtel de la Région et l’Issep, situé au 56, rue Denuzière, serait aussi faible que la distance politique séparant Laurent Wauquiez de Marion Maréchal Le Pen, pour les militants antifascistes. Des manifestants dont la majorité appelle à conserver le patronyme complet de l'ex-députée du Vaucluse, qui a récemment renoncé au nom Le Pen. "Je préfère garder le nom de Marion Maréchal-Le Pen parce que ce changement de nom est juste une stratégie de communication", explique Alexis, étudiant à Sciences Po Lyon.
C'est le collectif "Fermons le Pavillon noir" qui est à l’initiative de ce rassemblement, décidé en début de semaine. Selon Julien, un des représentants du rassemblement, 30 organisations, associations et partis sont présents. Parmi eux on trouve le mouvement IEP de Lyon en lutte, le comité Génération.s du 5e et 9e arrondissements, le Comité antifasciste SP Lyon, La Jeune garde Lyon, les syndicats CGT, Solidaires Etudiant-e-s Lyon, le Parti communiste, la France insoumise, l’association Agir pour l’égalité, le Planning familial ou encore Atttac.
Le rassemblement, plutôt faible à 12h30, se remplit peu à peu et contient environ une centaine de personnes pour occuper l’esplanade François Mitterrand pendant plus d’une heure. Pour l’association Agir pour l’égalité, "Lyon ne doit pas devenir un fief de l’extrême-droite, cette école donne du crédit à ces groupuscules qui sont en train de s’implanter dans Lyon, d’autant plus que le rapprochement de Wauquiez avec l’extrême-droite est flagrante".
"Une école de science politique identitaire"
Julien souligne l'importance d'informer les habitants du la Confluence. Il fait le parallèle avec la stratégie d'implantation dans le Vieux-Lyon des Identitaires avec leur local La Traboule et du Gud, devenu Bastion social avec le Pavillon noir. "Les Identitaires, le Gud et le Bastion Social constituent un vivier d’extrême-droite depuis 10 ans, poursuit-il. L’Issep c’est l’équivalent du local Génération identitaire qui a voulu se proclamer "MJC identitaire" avec La Traboule. Là c’est une école privée de science politique identitaire. Nous avons l’espoir que les diplômes de cette école ne seront jamais reconnus par l’Etat". Pendant que trois policiers, chargés de surveiller le rassemblement de loin, quittent l’esplanade, Eric, un militant trentenaire, conclut : "Lyon va devenir la capitale des fachos".
A travers les propos des militants de différentes organisations, on obtient le même message que celui d’Olivier Borel, porte-parole de l’association Lesbian and Gay Pride : revendiquer "qu’on ne veut pas que Lyon soit un laboratoire d’extrême-droite, on n’a pas besoin d’une école de cadres militants d’extrême-droite". Malgré l’ambiance sereine de ce rassemblement, l’indignation est de mise, comme Agnès, infirmière retraitée syndicaliste de la CGT : "Cette école c’est la présence des idées du FN au grand jour, c’est une école pour être raciste, antidémocrate et antirépublicain. Se taire c’est être complices, nous avons beaucoup d’identitaires à Lyon. Aujourd’hui, la droite est décomplexée".
Deux étudiantes tiennent une banderole au slogan vindicatif : "Pas d’Issep pour les SS". Elles s'inquiètent des intimidations des groupes d’extrême-droite et de la "perméabilité des idées d’extrême-droite avec le gouvernement, notamment avec Collomb qui demande plus de contrôle". Même son de cloche chez Pascal Lebrun, syndicaliste CGT et candidat France insoumise aux dernières législatives. "Le système Macron-Collomb laisse implanter la tolérance de la droite identitaire, cela va marquer le visage de Lyon alors qu’aucune réaction de la classe politique lyonnaise n’a été entendue, notamment du maire de Lyon et du président de la Métropole", prévient-il. En conseil municipal, Georges Képénékian s'était inquiété de "cette gangrène qui s'installe à bas bruit à Lyon". Mais il visait les groupuscules du Vieux-Lyon plus que l'Issep.