Fin 2013, le maire de Lyon, Gérard Collomb, inaugure le tunnel modes doux de la Croix-Rousse. Destiné aux piétons et cyclistes, il est également parfumé par les bus diesel TCL qui circulent à l'intérieur. Chronique d'un paradoxe qui n'a pas évolué en sept ans.
La prochaine campagne des élections municipales et métropolitaines devrait être la course à celui qui lave plus vert que vert, au point que le greenwashing devient parfois un peu trop voyant (lire ici). Certains symboles devraient s'inviter à nouveau dans le débat, à l'image du tunnel de la Croix-Rousse dont les entrées et bouches d'évacuations font partie des zones parmi les plus polluées à Lyon.
Durant les années 2000, Lyon se retrouve dans l'obligation de devoir "créer un dispositif d'évacuation des usagers et d'accès des secours sécurisés" au tunnel de la Croix-Rousse. Il est alors décidé d'en faire également un tube "modes doux" qui pourrait être emprunté par les piétons, cyclistes et bus TCL.
Les travaux débutent ainsi en 2009, pour s'achever en 2013. En juillet de la même année, Lyon Capitale soulève le paradoxe de ce "tube modes doux", soulignant une appellation qui est fausse puisqu'il sera emprunté par des bus diesel (lire ici). Sans employer le terme de "greenwashing", le symbole est pourtant bien là. Cyclistes et piétons vont côtoyer des véhicules thermiques dans le même espace clos.
Du côté de la métropole de Lyon, alors présidée par Gérard Collomb, on confirme la décision tout en expliquant que des bus hybrides ou électriques pourraient arriver. Près de sept ans plus tard, il n'en est rien. Ce sont toujours les bus diesel de la C6 qui passent dans le tube. Les innovations technologiques qui devaient régler le problème se font attendre à Lyon. Au final, il faudra près de dix ans après son ouverture pour que "tube modes doux" ne soient plus une appellation erronée.
Rien avant 2022, voire 2023
Contacté par Lyon Capitale, le Sytral indique que le marché d'acquisition pour des bus électriques, notamment pour la ligne C6 qui passe par le "modes doux", va prochainement être lancé. L'implantation d'infrastructures de type lignes aériennes dans le tube est également à l'étude.
Néanmoins, ces bus plus propres ne seront pas déployés avant fin 2022, voire 2023. Délais des commandes publiques obligent, ce sont donc des modèles thermiques qui continueront de circuler à l'intérieur pendant au moins trois ans. Par ailleurs, à partir de mars, la ligne C6 sera exploitée grâce à des bus articulés diesel.
En attendant l'arrivée de bus électrique, il n'a donc toujours pas été décidé de faire passer les thermiques dans le tunnel principal dans le sens Rhône / Saône (point que nous le soulignions déjà en 2013). Pourtant, les bus empruntent toujours l'infrastructure principale dans le sens Saône / Rhône, "modes doux" étant à sens unique.
Fermer le tunnel principal ou le réserver à certains types de véhicules ?
D'autres solutions existent : réserver de chaque côté une voie du tunnel principal aux bus, covoiturages et taxis et ne laisser passer dans le "modes doux" que les piétons, cyclistes et utilisateurs de trottinettes, voire fermer tout simplement l'accès de Croix-Rousse aux véhicules de particuliers avec une seule personne à l'intérieure.
Cette hypothèse s'invite régulièrement dans les débats, notamment à cause de la présence de l'école Michel Servet à l'une des entrées du tunnel. Les parents d’élèves avaient saisi la justice pour demander l'interdiction de la circulation dans le tunnel durant les pics de pollution (lire ici).
Fin 2012, le tunnel de la Croix-Rousse avait été fermé pendant neuf mois, sans que cela n'ait de conséquences majeures sur la circulation à Lyon. L'apocalypse routière annoncée pendant plusieurs semaines n'est jamais arrivée. Une part du trafic s'était évaporé, avant de revenir lors de l'ouverture.
Bonjour,
C'est quand même plutôt de l'ordre du symbolique qu'un vrai problème de pollution, non ?
Un cycliste qui emprunte le tunnel est statistiquement amené à se faire croiser ou doubler par UN bus C6 pendant sa traversée, un piéton par deux ou trois bus.
A pied ou en vélo, on subit autant et même davantage la pollution sur la plupart des rues, avenues et places "à l'air libre" qu'on est amené à emprunter à côté de dizaines et centaines de véhicules essence et diesel : Pensez vous respirer du bon air en marchant sur un trottoir de la rue de Bourgogne ou place Valmy, par exemple ?
Ça n'empêche pas que oui, il faut mettre la ligne C6 en trolleybus le plus vite possible.
Bonne année à tous
Est-ce que c'est "symbolique" ?
Votre argumentaire se défend.
Mais je crois que vous oubliez que les rues que vous citez, ne sont pas "enfermée" dans des tubes. Les gaz d'échappement des bus polluants, vont mettre du temps avant de "sortir", ce qui donne plus de chance de les "respirer".
Non ?
Ensuite, la question est surtout dans le mensonge du politicien qui annonce dans toutes la communication de l'époque, que les bus circulants dans ce tunnel seront "propres". Quand les politiciens au pouvoir mentent, c'est la démocratie qui meurt.
En fait, non, ce n'est pas vraiment du symbolique dans la mesure où il existe un effet "tunnel" qui fait que les polluants dans cet espace fermé ne sont pas dégradés par les UV et qu'on y atteint des concentrations extraordinaires (d'où le pic de pollution permanent à côté de l'école servet). Par ailleurs, sans même parler d'un remplacement des bus, il est tout simplement hallucinant que ceux ci circulent dans le mode doux avec les piétons, les touristes et les vélos plutôt que de se voir attribuer une voie dédiée dans le tube "mode dur".
Les U.V. dégradent les polluants pour les rendre inoffensifs ?
@eenaud pierre, excusez moi, mais la "concentration exceptionnelle de polluants , qui génèrent le pic de pollution permanent à côté de l'école servet", elle est surtout le fait des presque 50 000 véhicules qui passent chaque jour dans le tunnel mode durs.
Dans celui des cyclistes et piétons passent environ 100 bus (qui au retour sont côté "dur").
C'est malheureux à dire, mais 100 aller-retours effectués en trolleybus (au lieu de bus diesel) ne changeront pas grand chose pour l'école Michel Servet et les autres riverains des sorties du tunnel, si aucune disposition n'est prise concernant les autres véhicules à moteur.
Dans le tunnel modes doux même, il y a quelques extracteurs d'air sale, qui contribuent un peu (j'ose espérer) à limiter la quantité de polluants émise par les bus qui ira dans les poumons des piétons et cyclistes.
J'adore les donneurs de leçons ; faites ce que je dis, pas ce que je fais ! Le parc des bus TCL n'est-il pas suffisant pour prioriser les bus GNV sur cet itinéraire empruntant le tube "doux" ? Je suis pas ailleurs curieux de savoir ou s'est évaporé la circulation lors de la fermeture du tunnel, ne s'est-elle pas tout simplement détournée ? Les assistants à la conduite avec mise à jour du trafic en temps réel orientent facilement les automobilistes par les itinéraires optimums ... Les grandes agglomérations réduisent les nombres de voies, les communes voisines voient le trafic augmenter, curieux non ? Vivement des transports en commun réguliers et faciles à utiliser, style RER pour que les salariés qui habitent autour de Lyon puissent être plus "écolos" !
Lors des neuf mois de fermeture, seule la moitié du trafic, soit 22 000 véhicules, s’est reportée sur un autre trajet.
Nous étions dans l’ère « avant Waze », effectivement.
Les 22000 autres se sont arrêtés de vivre ? la bonne blague 🙂 ils sont passés un peu plus loin, là ou il est arrangeant de ne pas les compter 🙁
Limas 69 / faites ce que je dis ! vu ton pseudo tu roules essence, diesel, électrique ?
Eh non, ce phénomène est contre-intuitif, mais l'évaporation du trafic porte bien son nom et est observée dans toutes les villes du monde depuis des décennies lors de grands travaux. Paradoxe de Braess et autres illustrent ce qui relève en mathématiques du domaine de la théorie des jeux, tout ceci étant in fine une somme de décisions individuelles. Quand on amène quelques contraintes, les trajets courts faits en bagnole "juste parce que c'est possible" diminuent fortement. C'est l'enjeu de la réduction de la place d'un mode de transport déjà minoritaire et qui doit continuer afin de laisser la place aux autres.
Les bus gaz sont moins polluants et moins bruyants. CQFD