Depuis plusieurs semaines, une agence de la Caisse d’Épargne dans le 8e a fermé ses portes en raison de nombreuses incivilités, sur fond de trafic de stupéfiants.
Une banque fermée pour cause d’incivilités. Depuis la fin de l’année 2022, l’agence locale de la Caisse d’Epargne Rhône Alpes, localisée au croisement du boulevard des États-Unis et la rue Philippe Fabia a été contrainte de baisser le rideau. Une fermeture, à l’heure actuelle, temporaire, mais qui pourrait se transformer sur une fermeture définitive dans les prochains mois.
Un point de deal
L’emplacement de la banque est bien connu du policier municipal Bertrand. Le secrétaire général adjoint du syndicat force ouvrière police municipale et membre de l’unité d’intervention de Lyon est conscient du problème. "Il y a énormément de problèmes de stupéfiants en plus des squats". Il confie qu'un point de deal est présent "au bout de la rue."
"On intervient régulièrement, parfois plusieurs fois par mois. Il est impossible de ne pas nous voir sous 30 jours", expose le policier municipal. Malgré la peur et la crainte d’avoir certaines représailles, de nombreuses plaintes sont tout de même déposées par les riverains. Rares sont les interpellations lorsqu'ils sont appelés, "on déclenche l’unité pour y aller, mais lorsqu’on arrive il n’y a plus rien généralement." Cependant, cela peut arriver que des individus soient appréhendés, "ce sont les petites mains du trafic, mais rien de plus."
Un groupe d’intervention pas assez conséquent
Le groupe d’intervention "essaye de faire de son mieux." Malgré un manque d’effectif trop important déplore Bertrand. "Aujourd’hui on est 38 dans la brigade, mais on veut augmenter le nombre de personnes." Le policier le sait, son métier peut faire peur et est malheureusement dangereux, "dans notre brigade il y a beaucoup de turn-overs, des blessées, notre travail est devenu trop dur."
Le secrétaire adjoint aimerait au moins passer à 60 policiers d’intervention, mais aujourd’hui selon lui ce n’est qu’une douce utopie. "Il y avait des discussions avec la mairie, pour avoir plus d’hommes, mais aujourd’hui cela n’avance pas, au contraire." Avec deux collègues suspendus, la brigade se retrouve à 36 hommes, "les places sont gelées, donc aucune possibilité de recruter." Soucieux du problème, Bertrand est conscient que l'on ne se pousse pas au portique pour entrer dans la police, "notre métier est devenu trop précaire, mais c’est impossible de continuer comme cela."
La mairie reste floue
Les policiers veulent du changement et les habitants du quartier des États-Unis sont fatigués et attendant une amélioration. En février, le service d’accompagnement au logement demandait aux maires de Lyon Gregory Doucet et du 8e, Olivier Berzane d’agir face à la situation. En réponse, la mairie a soutenu qu’elle travaillait sur le sujet pour faire avancer les choses et ramener le calme.