Comment les premières espèces dont les membres étaient munies de doigts se sont-elles réparties sur la planète ? Une question à laquelle plusieurs chercheurs lyonnais ont apporté un élément de réponse par l'analyse d'échantillons de fossiles vieux de plusieurs millions d'années.
C'est un événement majeur de l'Histoire de la vie. Il y a plus de 360 millions d'années, les tétrapodes sortaient des eaux pour conquérir les terres. Si actuellement cette super-classe d'animaux vertébrés regroupe les amphibiens, les reptiles, les oiseaux et les mammifères, les premiers tétrapodes vivaient avant tout dans un environnement exclusivement aquatique. Mais jusqu'ici, les paléontologues considéraient qu'à "l'âge des poissons", le Dévonien, ces derniers vivaient en eau douce. Une hypothèse qui permettait difficilement d'expliquer comment les tétrapodes ont pu se répartir assez rapidement partout sur la planète s'ils ne pouvaient pas traverser les océans. Publiés dans la revue Nature, les travaux d'une équipe de recherche internationale, dont plusieurs chercheurs lyonnais de l'Université Claude Bernard Lyon 1, du CNRS et de l'ENS Lyon, remettent en question le milieu de vie de ces tétrapodes.
Entre deux eaux
Avec l'Académie chinoise des sciences, les chercheurs français ont développé un nouveau "traceur géochimique des milieux de vie" pour l'appliquer à des fossiles de premiers tétrapodes provenant de Chine et du Groenland. Après de nombreuses analyses, ils ont découvert que les premiers tétrapodes vivaient dans des environnements aquatiques où les eaux marines se mélangeaient aux eaux douces, comme dans les deltas ou les estuaires. Ils découvrent ainsi que les premiers tétrapodes étaient capables de tolérer une grande gamme de salinités, à l'image des anguilles ou des saumons aujourd'hui. Une propriété qui "leur a peut-être permis d'envahir les environnements terrestres avec une grande efficacité à partir des voies fluviales, leur donnant ainsi accès au cœur des continents". Parmi l'équipe de chercheurs lyonnais qui ont pris part à cette recherche se trouve Jean Goedert, l'un des participants à la finale locale de l'édition 2017 du concours "Ma thèse en 180 secondes" organisé par l'Université de Lyon (voir ci-dessous).